Le Corps en obstacle, texte et mise scène de Gaétan Pau

 

Le Corps en obstacle, texte et mise scène de Gaétan Pau

9FA8BC74-82E7-46D4-9CF1-F36B8BC74410Cédric, qui a créé cette entreprise de sécurité il y a vingt ans, voit que les candidatures ne correspondent pas à son idéal et sont des plus fantaisistes: des retraités, une femme de soixante-cinq ans: « Si on embauche, on embauche quelqu’un qui sait ». Mais sa boîte est vraiment en difficulté et il prend alors une décision insolite: il embauche des sans-papiers. « Vous qui avez connu le danger, venez gérer le nôtre ! ».

« J’ai voulu écrire au présent, avec légèreté, humour, tout en interrogeant nos impasses, dit l’auteur. Le monde de la sécurité privée m’a semblé judicieux car il donnait la possibilité de traiter des thèmes comme le besoin de liberté, de sécurité, d’espoir malgré la nostalgie, mais aussi besoin d’ouverture vers le monde malgré la tentation de repli, la confrontation des générations, des origines, des idéologies, nos contradictions… »

On s’entraîne à la boxe, quelqu’un entre et ne parvient pas à interrompre le combat. « Il semble que rien ne soit moins sécurisé qu’une boîte de sécurité». Un candidat se fait embaucher sans justificatifs : « L’horreur m’a appris l’oubli de tous mes proches, ma mère m’a appris à m’arracher, il y a une relation entre la sécurité privée et l’imagination. Pourquoi Alep n’a pas su résister ? »

Un spectacle énigmatique, révélateur des travers de notre société bien interprété par Sumaya Al-Attia, Stéphane Brel, Greg Germain, Nicolas Mouen et David Seigneur.

Edith Rappoport

 Chapelle du Verbe incarné jusqu’au 26 juillet, à 17 h 55, 21 rue des Lices, Avignon T.: 04 90 14 07 49.


Archive pour 11 juillet, 2018

Une Histoire irlandaise (An Irish Story), texte de Kelly Rivière

 

Une Histoire irlandaise (An Irish Story), texte de Kelly Rivière

1-An-Irish-Story L’Irlande, un pays pauvre où il n’y avait pas de travail donc avec une forte émigration, depuis la famine de 1845 jusqu’à encore il y a un demi-siècle.Vers les Etats-Unis, l’Australie, et l’Angleterre où ces catholiques étaient très mal vus dans un pays protestant et où ils avaient le plus grand mal à s’intégrer, vite repérés à cause de leur accent, même s’ils parlaient la même langue.

Et bien entendu, ils avaient aussi le plus grand mal à se faire embaucher. Kelly Rivière, franco-irlandaise,  part dans ce monologue, juste avec quelques accessoires à la recherche de l’histoire de son grand-père Peter 0’ Farrel. Mais raconte aussi les marches  pacifiques en 1984, la répression violente et systématique organisée par Margaret Tatcher…Kelly a seize ans et séduit déjà les garçons avec les vies inventées de ce grand-père, mythique gardien de phare dont personne n’a retrouvé la trace. Se cache-t-il, est-il encore vivant ou disparu à jamais? Sa mère n’est pas très bavarde à ce sujet, et Kelly fait donc appel à un détective privé… qui ne lui cache pas la grande difficulté et le coût de l’opération! Elle parviendra quand même à retrouver sa très vieille grand-mère à Londres…

Seule en scène, elle incarne successivement tous les personnages de cette saga familiale, ses parents venus vivre à Lyon, ses amants, des policiers anglais, le détective privé, ses grandes-tantes. Sur ce petit plateau où en fond de scène, on peut voir suspendues de grandes photos de son Irlande, mais aussi de sa famille, la jeune actrice  sympathique, est tout à fait brillante, joue et chante bien, et danse encore mieux.

Oui, mais voilà, mieux vaut parler un peu anglais, ou du moins le comprendre. Et de ce côté-là, nous ne sommes pas très doués  et comme Kelly Rivière parle assez vite en Français comme en anglais, des pans entiers de la langue de Shakespeare nous ont échappé. Il parait que ce n’est pas grave, et que l’on n’en a pas besoin pour apprécier le spectacle. On veut bien… mais il est toujours très frustrant d’entendre une salle rire quand on ne peut pas le faire, parce que désolé, on n’est pas de la même paroisse linguistique. Nous avons demandé à notre amie Edith Rappoport, elle, parfaitement bilingue, de vous en dire un peu plus.  Donc à suivre.

 Philippe du Vignal

Arthéphile, rue du Bourg-Neuf, Avignon, jusqu’au 27 juillet.

Théâtre de la Tête noire, Saran ( Loiret) le 20 septembre.
Maison des sciences de l’homme, Paris, le 11 octobre.
Théâtre municipal Berthelot, Montreuil ( Seine-Saint-Denis)


Kreatur, pièce chorégraphique de Sasha Waltz

©Christophe Raynaud de Lage / Hans Lucas

©Christophe Raynaud de Lage / Hans Lucas

 

Kreatur, pièce chorégraphique de Sasha Waltz

 

Dans la peau du spectateur-type du festival, nous nous sommes précipités et entassés dans des navettes pour l’Opéra-Confluence. En des temps plus favorables, nous aurions pris le train, puisqu’il est en face de la gare TGV, et nous aurions moins souffert de la station debout et de la chaleur. Peut-être, ne serions-nous pas non plus arrivés trois quarts d’heures avant le spectacle. Il y avait dans un hall, un seul banc pour vingt places et cent neuf cent spectateurs potentiels! Car, malgré le couperet «c‘est complet», il restait encore des places, ce qui a permis à certains d’accéder à de lointains rangs: O et suivants (mais au même prix!). Voilà,  le coup de mauvaise humeur quant à l’organisation!

 Kreatur nous arrache à toutes ces misérables contingences, avec un retour à la danse pure, la plus physique et la plus abstraite à la fois, sans fil narratif et fortement ancrée dans ce monde. Dès la première image, avec l’apparition de formes blanches fantomatiques, jusqu’aux combats et défaites finales, la chorégraphe explore les contraintes imposées par l’espace, par les autres personnages et les costumes, sur les corps. À l’ouverture, les danseuses s’extraient de chrysalides légères –et si c’était cela, cette contrainte, le voile de la mariée ?-  y reviennent, et s’en dégagent…

Peu à peu, les mouvements se transforment : les corps se tassent en haut d’un escalier qui ne mène nulle part, se reflètent dans des miroirs transparents, se heurtent, se fondent, tentent tous les accouplements possibles et forment des hordes animales. Dans le mouvement perpétuel d’un monde de surveillance, et sans repos, l’énergie s’affaisse et renaît, il y un petit temps de trêve au milieu du combat…

Pas de décor, peu d’accessoires,  mais un escalier qui jouera aussi le rôle de la destinée humaine, le danseur montant, quand il croit descendre, et réciproquement : magie toute simple du jeu de groupe. De très beaux costumes d’Iris von Herpe, précis, parfois discrets jusqu’à la presque nudité, évoquent parfois un monde futuriste aux couleurs d’insectes métallisés, mais laissant toujours la peau libre de capter la lumière.

Sasha Waltz s’appuie sur une troupe de danseurs exceptionnels. Peu importe les âges ou les différences physiques, au contraire : chacun avec sa personnalité forte, tout en se fondant parfaitement dans le groupe. Tous virtuoses, ils apparaissent, disparaissent, reviennent et reforment un mouvement collectif qui ne s’arrête jamais, explorant chaque proposition jusqu’au bout, mais non jusqu’à l’épuisement, du moins visible.  Jamais, ils ne donnent leur fatigue en spectacle, assez forts, on l’a dit, pour renaître de leurs propres ressources.

Elle s’appuie aussi sur le travail plastique d’Urs Schönebaum, dont les lumières sculptent l’espace et les corps, et sur un travail ultra-précis de recherche et de diffusion des sons (Soundwalk Collective) qui créent la proximité ou l’éloignement, l’intimité avec ce que nous voyons sur la scène. Enregistrés en partie dans des usines désaffectées, ils ont gardé quelque chose de leur histoire, comme la danse résonne des contraintes spatiales expérimentées dans une ancienne prison de la STASI, la redoutable police est-allemande.
Kreatur, c’est toute la danse, et dans le monde réel.

 Christine Friedel

Festival d’Avignon, Opéra-Confluence, à 18h, jusqu’au 14 juillet. (Réservation de la navette avec le billet d’entrée).

 

Pur Présent, texte et mise en scène d’Olivier Py

 Pur Présent, texte et mise en scène d’Olivier Py, d’après une idée de Pierre-André Weitz

 

©Christophe Raynaud de Lage

©Christophe Raynaud de Lage

Depuis dix ans, les tragédies d’Eschyle montées par Olivier Py, metteur en scène de théâtre et d’opéra,  directeur du Festival d’Avignon, prennent vie selon une scénographie économique et un rapport de proximité aux spectateurs. Ici, Eschyle, avec Les Suppliantes , éclaire la situation des femmes et des migrants, et avec Les Sept contre Thèbes, le rapport entre la guerre et les médias et enfin avec Les Perses, le devoir de mémoire.

 L’esthétique de Pur Présent avec trois pièces, La Prison, L’Argent, Le Masque, procède de l’expérience pratique des tragédies d’Eschyle données dans un théâtre, collège, lycée, prison…  mais aussi des ateliers menés par le dramaturge  au Centre pénitentiaire d’Avignon-Le Pontet. Trois acteurs pour neuf personnages dans La Prison, L’Argent, Le Masque. Avec chacun, leur trio, que l’acteur soit personnage ou chœur. Le dépouillement -fond et forme- est ici de bon aloi, puisque le spectacle se donne dans un nouveau lieu avignonnais La Scierie, dans un esprit de partage.

 Un esprit tonique de théâtre de tréteaux, avec saltimbanques et joutes verbales à vue. Sur un ring, en rapport tri-frontal avec le public, se tiennent les personnages  principaux. Mais aussi dans les couloirs attenant aux quatre côtés, où  le personnage du chœur chemine, commentant l’action… Humour,  réflexions personnelles et questionnements métaphysiques : les argumentations se succèdent, et sont ici patiemment pesés le pour et le contre des enjeux. Et le chœur n’hésite pas à se hisser sur le ring pour rejoindre tel solo ou duo.

 Avec verve et dynamique corporelle, Dali Benssalah joue le chœur ou le compagnon de prison du « roi » dans La prison ; celui du secrétaire du directeur dans L’argent et du salarié rebelle dans Le Masque. Nazim Boudjenah, de la Comédie-Française, incarne avec morgue, plaisir et cynisme, le rôle du chef, du maître, du patron, du truand à la Jean Genet. Il conserve la dimension de figure paternelle dans L’Argent, où il joue un responsable des finances pris à partie par son propre fils qui  veut l’éliminer sans l’oser vraiment.

 Joseph Fourez incarne d’abord l’aumônier de prison, un fils de bourgeois, dans la première pièce, l’autre fils du directeur de banque dans la seconde, et enfin le provocateur et partenaire de joutes verbales du Révolutionnaire dans la troisième. De quoi est-il question? De l’amertume et du délitement d’une société en faillite: consommation à volonté pour certains et injustice grandissante pour tous les autres qui n’ont pas accès aux jouissances proposées et inventées sournoisement. Mais sont aussi évoqués les rapports de pouvoir et domination  des hommes et leurs egos mais aussi l’amour… toujours.

 Pourquoi tant d’ habitants des « quartiers » dans les prisons surpeuplées  ? L’aumônier en recherche d’âme, se sent abandonné devant l’horreur économique et sociale. Moqué et ridiculisé par le roi des prisonniers.Les acteurs s’invectivent et se provoquent physiquement : qui, le chat et qui, la souris. Après la prose poétique énoncée, liée à un beau mysticisme – l’abîme et les étoiles, la vérité et la beauté, tendance Victor Hugo et Jean Genet, viennent les coups corporels. Les armes présentes ne visent pas l’ennemi comme ce père avide de gains, et ciblé par le fils impuissant qui voudrait le mettre à mal mais elles se retournent contre leur détenteur.

 Les masques, des cagoules masculines qui pourraient être des voiles féminins, révèlent aux passants comme aux collègues, ceux qu’on ne voit pas. Inégalités, injustices, enrichissements de certains et appauvrissement des autres: comment les êtres sauvegardent-ils leur dignité en ignorant leurs responsabilités ? Où sont alors l’éthique et les valeurs humanistes existentielles… qui vont alors à vau-l’eau.

Olivier Py, à la fois par son écriture, sa mise en scène et sa  direction d’acteurs, convainc d’autant plus qu’il se penche avec tact sur les relations humaines malmenées. Ses acteurs réactifs, tendus et à l’écoute, partagent l’espace avec le public .Et au piano, Guilhem Fabre, attentif au temps scénique, joue Liszt, Ravel, Prokofiev, Rachmaninov, Ligeti, Schumann, Beethoven…

Véronique Hotte

 La  Scierie, Avignon, jusqu’au 22 juillet.  

 

J’appelle mes frères, de Jonas Hassen Khemiri, mise en scène de Noémie Rosenblatt

©Simon Gosselin

©Simon Gosselin

 

J’appelle mes frères, de Jonas Hassen Khemiri, traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy, mise en scène de Noémie Rosenblatt

 

« J’appelle mes frères et je dis : il vient de se passer un truc complètement fou. Vous avez entendu ? Un homme. Une voiture. Deux explosions. En plein centre. J’appelle mes frères et je dis : Non personne n’a été arrêté. Personne n’est suspecté. Pas encore. » Contraire à toutes les règles de commencer une critique par l’accroche du spectacle. Mais, comme c’est la meilleure formulation pour en donner une idée, on la garde…

Jonas Hassen Khémiri, d’abord romancier (Un Oeil rouge, Montecore), est passé à la scène avec Invasion !, un immense succès en Suède, et créé en France en 2008 par Michel Didym (voir Le Théâtre du Blog). La question ? Toujours la même : qui suis-je, avec mes cheveux noirs dans ce pays de blonds, quel est mon pays, et ma nationalité ? La question de l’identité, rebattue, vidée de son sens et bourrée d’idéologies suspecte, prend ici une autre réalité, brute, au carrefour du théâtre de l’intime, et du politique.

 Amor, étudiant suédois “issu de l’immigration“, habite une ville traumatisée par un attentat (qui n’a fait aucune victime, apparemment). Et, au fur et à mesure de ses déambulations, il se sent suivi, harcelé, soupçonné par la police. Les jeux même avec celle qu’il aime et qui ne lui rend pas la pareille, quoi qu’il en pense, tournent à la persécution. Ses devoirs envers ses «frères», de sang ou non, l’accablent de culpabilité : acheter une mèche de perceuse devient un calvaire, comme reconnaître que le «frère» vendeur n’a rien à faire de cette parenté. Amor vit une journée de cauchemar, se sent coupable de tout, et pourquoi pas de l’attentat, jusqu’à ce que…

 La mise en scène sert avec une grande précision, l’humour et la radicalité de la pièce. Autour de Slimane Yesfah (Amor), Priscilla Bescond, Kenza Lagnaoui et Maxime Le Gall (artiste associé lui aussi à la Comédie de Béthune), et un chœur de onze amateurs. Le travail avec eux, commencé à Béthune, se renouvelle dans chaque ville de représentation. Et il est essentiel au spectacle, ces amateurs  représentent, ensemble et individualisés, cette ville fantasmée, effrayante, qui hante Amor. Noémie Rosenblatt a travaillé précisément sur l’électricité qui passe entre les corps, sur la perception d’un espace qui peut être neutre ou très hostile. Et, si mon prochain passe trop près de moi, il n’est plus un prochain, mais devient une dangereuse force d’intrusion…

 Un auteur fort, une pièce où nous affrontons nos angoisses, celles des banlieues intégrées qui vivent avec, au moins une double identité. Ici, la direction d’acteurs est serrée et généreuse, et la scénographie à la fois minimale et riche (Angéline Croissant). Que demande le peuple ? Noémie Rosenblatt, après le Conservatoire national, s’est formée à la mise en scène comme assistante d’Eric Lacascade, et de Cécile Backès, et s’est associée avec trois autres jeunes compagnies dans une société de production, Le Bureau des filles : partager l’administration et la diffusion des spectacles permet de mieux les travailler. Simple bon sens artisanal, essentiel en ce temps où il faut réinventer les conditions de la création artistique. On dit bravo à ces jeunes femmes, pieds sur terre et imaginatives, et on se dit qu’on reverra vite Noémie Rosenblatt qui a déjà convaincu pas mal d’institutions. En attendant, allez à la Manufacture.

 Christine Friedel

 La Manufacture, 2 rue des Ecoles, Avignon (mais à la Patinoire ATTENTION: navette une demi heure avant 15h55, jusqu’au 26 juillet. T. : 04 90 85 12 71.

Le Théâtre de J.H. Khemiri est publié aux éditions Théâtrales.

Ovni(s), pièce originale d’Ivan Viripaev, mise en scène et jeu d’Alexandre Castellon, Sophie Catani…..

Ovni(s), pièce originale d’Ivan Viripaev, traduction de Tanias Moguileskaia et Gilles Morel, scénario poétique de Jérôme Game, musique de Chloé Thévenin, mise en scène et jeu d’Alexandre Castellon, Sophie Catani, Gérgoire Monsaigeon, Antoine Oppenheim, Michel Pas

 

©CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE/HANS LUCAS

©CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE/HANS LUCAS

Cela commence- très mal!- par la lecture d’une lettre de l’auteur et cinéaste russe où  il dit n’avoir pu trouver un producteur pour un scénario de films. On a tout e suite l’impression qu’on va nous proposer un produite de recyclage! Vous avez dit maladroit? Pour cette pièce constituée de témoignages de gens trouvés par Internet qui, dans le monde, racontent quelle a été leur relation et les circonstances de leur rencontre avec des extra-terrestres…

“Lorsque ce collectif a découvert cette pièce, dit la note d’intention, le désir d’associer Jérôme Game au projet s’est très vite imposé ( sic) afin de lui demander d’imaginer ce scenario et d’inventer ainsi un fil rouge narratif qui relierait ces monologues en les racontant comme un film. (…) C’est un scénario d’un genre nouveau que Jérôme Game a inventé, où il devient en quelque sorte le chef opérateur poétique de ces différents monologues”.
D’où un “cinéma mental où rien n’est montré, un cinéma purement théâtral car uniquement raconté, transformant la scène en plateau de tournage et en studio de montage virtuels.” ( sic)
Sur le plateau nu, des chaises, quelque tables de mixage, de très nombreux micros et réflecteurs comme dans un studio. Et on comprend très vite que l’on ne va pas échapper à une succession de monologues. “Travailler autour de la thématique des extras terrestres au théâtre permet d’interroger notre rapport à l’invisible, à l’occulte et au sacré aujourd’hui”?

Quelle prétention! Tous aux abris! Va donc suivre une heure et demi durant, un écoulement de textes d’une rare indigence. Et essayer de nous faire croire que “le dispositif, la musique et les récits permettent au spectateur une vraie liberté d’interprétation” relève au mieux, de la naïveté la plus absolue, et au pire, de l’escroquerie artistique. On vous laissera choisir. Bien entendu, au bout d’une dizaine de minutes, un ennui profond s’abat sur la salle.

On avait déjà eu un avant-goût de la production de Sophie Cattani et Antoine Oppenheim il y a deux ans avec Sophie et Antoine font leur cinéma. Qui ne nous avait pas vraiment convaincu  (voir Le Théâtre du blog) mais ce brouet prétentieux et sans intérêt sur les plan textuel et visuel dépasse l’entendement. Et on ne voit même pas ce qui pourrait en être sauvé.

Le public semblait anesthésié, surtout dans cette salle Benoît XII, mal climatisée et  à trois heures de l’après-midi… Et cette espèce d’ersatz de théâtre, a  été fraîchement- excusez le jeu de mots- accueilli par le public, ici, en général plutôt indulgent. Reste à savoir comment cet ovni à tous les sens du terme, a pu arriver jusqu’au festival d’Avignon, ce qui lui donne une bien mauvaise image de marque.

Olivier Py ferait bien de veiller davantage à la qualité de sa programmation. Et on se dit aussi que la DRAC et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne sont vraiment pas exigeantes, quand elles donnent des subventions à ce genre de projet qu’il suffisait de lire pour voir qu’il ne pourrait  pas tenir  la route une seconde. Heureusement, Ovni(s) n’aura été joué que cinq jours en Avignon, et le sera peu en France…

Philippe du Vignal

Théâtre Benoît XII, rue des Teinturiers, Avignon.
Théâtre Ouvert, Paris du 21 septembre au 13 octobre.
Théâtre d’Arles le 29 mars.

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