Ovni(s), pièce originale d’Ivan Viripaev, mise en scène et jeu d’Alexandre Castellon, Sophie Catani…..
Ovni(s), pièce originale d’Ivan Viripaev, traduction de Tanias Moguileskaia et Gilles Morel, scénario poétique de Jérôme Game, musique de Chloé Thévenin, mise en scène et jeu d’Alexandre Castellon, Sophie Catani, Gérgoire Monsaigeon, Antoine Oppenheim, Michel Pas
Cela commence- très mal!- par la lecture d’une lettre de l’auteur et cinéaste russe où il dit n’avoir pu trouver un producteur pour un scénario de films. On a tout e suite l’impression qu’on va nous proposer un produite de recyclage! Vous avez dit maladroit? Pour cette pièce constituée de témoignages de gens trouvés par Internet qui, dans le monde, racontent quelle a été leur relation et les circonstances de leur rencontre avec des extra-terrestres…
“Lorsque ce collectif a découvert cette pièce, dit la note d’intention, le désir d’associer Jérôme Game au projet s’est très vite imposé ( sic) afin de lui demander d’imaginer ce scenario et d’inventer ainsi un fil rouge narratif qui relierait ces monologues en les racontant comme un film. (…) C’est un scénario d’un genre nouveau que Jérôme Game a inventé, où il devient en quelque sorte le chef opérateur poétique de ces différents monologues”.
D’où un “cinéma mental où rien n’est montré, un cinéma purement théâtral car uniquement raconté, transformant la scène en plateau de tournage et en studio de montage virtuels.” ( sic)
Sur le plateau nu, des chaises, quelque tables de mixage, de très nombreux micros et réflecteurs comme dans un studio. Et on comprend très vite que l’on ne va pas échapper à une succession de monologues. “Travailler autour de la thématique des extras terrestres au théâtre permet d’interroger notre rapport à l’invisible, à l’occulte et au sacré aujourd’hui”?
Quelle prétention! Tous aux abris! Va donc suivre une heure et demi durant, un écoulement de textes d’une rare indigence. Et essayer de nous faire croire que “le dispositif, la musique et les récits permettent au spectateur une vraie liberté d’interprétation” relève au mieux, de la naïveté la plus absolue, et au pire, de l’escroquerie artistique. On vous laissera choisir. Bien entendu, au bout d’une dizaine de minutes, un ennui profond s’abat sur la salle.
On avait déjà eu un avant-goût de la production de Sophie Cattani et Antoine Oppenheim il y a deux ans avec Sophie et Antoine font leur cinéma. Qui ne nous avait pas vraiment convaincu (voir Le Théâtre du blog) mais ce brouet prétentieux et sans intérêt sur les plan textuel et visuel dépasse l’entendement. Et on ne voit même pas ce qui pourrait en être sauvé.
Le public semblait anesthésié, surtout dans cette salle Benoît XII, mal climatisée et à trois heures de l’après-midi… Et cette espèce d’ersatz de théâtre, a été fraîchement- excusez le jeu de mots- accueilli par le public, ici, en général plutôt indulgent. Reste à savoir comment cet ovni à tous les sens du terme, a pu arriver jusqu’au festival d’Avignon, ce qui lui donne une bien mauvaise image de marque.
Olivier Py ferait bien de veiller davantage à la qualité de sa programmation. Et on se dit aussi que la DRAC et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne sont vraiment pas exigeantes, quand elles donnent des subventions à ce genre de projet qu’il suffisait de lire pour voir qu’il ne pourrait pas tenir la route une seconde. Heureusement, Ovni(s) n’aura été joué que cinq jours en Avignon, et le sera peu en France…
Philippe du Vignal
Théâtre Benoît XII, rue des Teinturiers, Avignon.
Théâtre Ouvert, Paris du 21 septembre au 13 octobre.
Théâtre d’Arles le 29 mars.