Je demande la route, texte et mise en scène de Roukiata Ouedraogo et Stéphane Eliard

Photo Fabienne Rappeneau

Photo Fabienne Rappeneau

 

Festival d’Avignon:

Je demande la route, texte et mise en scène de Roukiata Ouedraogo
 
L’humoriste bien connue des auditeurs de France-Inter se produit ici dans un nouveau lieu du off, Le Théâtre du Train Bleu, et non dans une des salles qui accueillent habituellement les humoristes «vus à la télé». Ce spectacle retrace avec une certaine auto-dérision, le parcours qui l’a menée d’une école de Ouagadougou, aux scènes des théâtres parisiens, en passant par un salon de coiffure à Château-Rouge où elle travaillait, et le cours Florent à Paris où elle s’initie au théâtre. Roukiata Ouedraogo raconte en détail les différences entre les cultures française et burkinabé. Par exemple, un enseignement avec des classes peuvent compter plus d’une centaine d’élèves, alors que les professeurs français se plaignent d’effectifs de trente élèves! Et quand sa mère lui demande ce qu’elle a fait pendant une journée d’école, elle réponde simplement : l’appel !

On suit son arrivée chez nous et la découverte de ses voisins. L’adaptation à la culture française se fait parfois dans la douleur: elle vexe ainsi une dame en l’appelant «la vieille», une expression courante et presque respectueuse au Burkina. Les dialogues dans un salon d’esthétique à Château-Rouge à Paris où elle travaille, sont très drôles. Avec émotion, elle explique le titre du spectacle : en Afrique, « demander la route » signifie prendre congé d’une personne. On doit le formuler trois fois; car si votre interlocuteur répond favorablement tout de suite, cela  veut dire qu’il souhaite se séparer de vous, et c’est impoli. On assiste aux conversations téléphoniques empreintes de beaucoup de tendresse avec le pays. Avant de finir de parler avec sa mère, chacun prend le téléphone et lui demande de lui rapporter qui, un sac Gucci, qui, un pantalon Prada …

Elle fait le choix de quitter son emploi au salon de coiffure,  pour entrer au Cours Florent; après quelques embûches,  elle voit une carrière de comédienne s’ouvrir à elle, avec le succès que l’on sait.
Roukiata Ouedraogo  possède une présence solaire, et a un sourire qui capte le public. Son spectacle utilise les codes du solo, et dotée d’un micro-casque, elle arpente le plateau nu de cour à jardin, sous des lumières parfois un peu brutales.
Ceux qui aiment ce style de spectacle comique passeront un excellent moment. Ceux qui y cherchent autre chose, pourront être une peu déçus par son aspect anecdotique: les différences culturelles y sont en effet abordées en surface, et surtout pour faire rire. Mais dans ce cas, malgré le grand talent de Roukiata Ouedraogo, mieux vaut sans doute aller voir sur ce même thème, Stand Up-rester debout et parler, au 11 Gilgamesh Belleville, à Avignon…
 
Julien Barsan
 
Théâtre du Train Bleu, 40 rue Paul Saïn, Avignon, jusqu’au 29 juillet à 13 h 30.  T. : 04 90 82 39 06.
Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris, à partir du 27 septembre. T. : 01 45 44 57 34.

 

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