Un Rapport sur la Banalité de l’amour de Mario Diament, traduction et mise en scène d’André Nerman
Festival d’Avignon:
Un Rapport sur la Banalité de l’amour de Mario Diament, traduction et mise en scène d’André Nerman
En 1925, donc il y a presque un siècle, on assiste à la première rencontre entre Hannah Arendt, une jeune étudiante juive de dix-huit ans, et Martin Heidegger, son professeur à l’Université de Fribourg. Très vite séduite: «Ma dissertation, lui dit-elle, je l’ai écrite pour vous », . « Tout cela, lui répond le philosophe de trente quatre ans, m’encourage à être votre mentor. » Et elle deviendra vite son amante..
Mais Hannah Arendt est effrayée par la montée du nazisme et leur relation devient plus difficile: elle veut aller faire sa thèse avec Karl Jaspers. Martin Heidegger lui, est marié et soutient, tout en s’en défendant, le parti nazi qui, dès 1930, remportera 14 % des votes. Et il croit y voir un renouveau pour l’Allemagne ! Et trois ans plus tard, le philosophe, devenu recteur de l’Université, adhèrera au parti et licenciera sans état d’âme les professeurs juifs.
«Nous avons essayé de nous fondre dans l’océan qui nous a toujours rejetés ! Je ne me suis jamais sentie chez moi en Allemagne, dit Hannah, je vais quitter Günter mon mari!». Martin Heidegger est désespéré : « Tout le monde est convaincu que j’ai été nazi ! » mais il s’en défend. Malgré tout ce qui les sépare, Hannah ne pourra jamais se défaire de cet amour.
Remarquablement interprété par Emmanuelle Vion et André Nerman, ce spectacle créé il y a cinq ans au Théâtre de la Huchette à Paris et qui retrace, en quelques rencontres de 1925 à 1950, l’histoire de ces deux philosophes, est tout à fait passionnant.
Edith Rappoport
Théâtre de la Luna, 1 rue Séverine, Avignon, à 18 h 50. T. : 04 90 86 96 28.