Le dernier jour du jeûne , premier volet d’un diptyque de Simon Abkarian
Le dernier jour du jeûne, premier volet d’un diptyque, texte et mise en scène de Simon Abkarian
C’est une évocation de la tradition en pays musulman où les femmes qui n’égaleront jamais les hommes, n’ont pas leur langue dans leur poche! Sur une musique orientale, dans une cuisine, Sandra, une philologue, invoque le ciel : « Il fait jour, debout les morts ! » La mère de famille entre en tenue légère pour faire le ménage, sa sœur arrive; elles minaudent et se révoltent. Les hommes veulent savoir qui va sauver le monde. Les femmes fument: «Pénurie de la pensée engendre la peur du ventre vide ! »
On déploie le décor de la maison pour faire apparaître la ville. Une fille invoque le ciel pour trouver l’âme sœur, des femmes s’étreignent. Le fils raconte un rêve en chevauchant un cheval à tête de chien. Cinq femmes s’affrontent : «La main du temps t’a piqué la pomme et toi, tu rêves de la croquer.. »
Le père arrive et sa fille se blottit contre lui. Un jeune moustachu drague une fille, ils s’embrassent et s’enfuient. Dans sa boucherie, un veuf, le gros Minas, vitupère : « Penses à te taire avant de parler ».
La mère polémique avec son futur gendre. Le boucher, que son fils a quitté, s’envoie deux apéritifs : « Peuple rassasié, jamais ne se soulève ! (…) Manger sans boire, c’est se battre sans condition ! » La tante aux cheveux blancs méprise le mariage, l’une des sœurs est amoureuse de l’étranger, mais les rencontres de fiançailles sont aigres-douces. L’étranger cueille des pommes, suivi par son amoureuse qui la prend dans ses bras : « Quand tu me dis: j’ai envie de toi, si je meurs, je partirai tranquille ! »
Le père prend sa fille dans ses bras, il croit que c’est sa défunte épouse et la viole. Toute l’assemblée porte un toast, c’est la rupture du jeûne ! Les changements de décors – dus à Noëlle Ginefri-Corbel- rapides et spectaculaires sont réalisés par les acteurs, et cet étrange spectacle fascine le public qui salue d’applaudissements nourris Simon Abkarian, Ariane Ascaride, David Ayala, Assad Bouab Aris, Pauline Caupenne, Delia Espinat-Dief, Marie Fabre, Océane Mokas, Chloé Réjon, Catherine Schaub-Abkarian , Igor Skreblin…
Edith Rappoport
Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, jusqu’au 14 octobre. Intégrale des deux volets, les samedi à 16 h et dimanche à 13 h. T. : 01 43 74 24 08