Les Plateaux sauvages
Les Plateaux sauvages
Après La Scala, le public parisien a la chance de compter un théâtre rénové de plus : Les Plateaux sauvages, remplacent le Vingtième théâtre. De préfiguration (voir Le Théâtre du blog) en inauguration, cet établissement de la Ville de Paris, situé au cœur de Ménilmontant, réouvre ses portes.
Laëtitia Guédon nous fait l’honneur de cet espace entièrement transformé regroupant l’ex-Vingtième Théâtre (animé jusqu’en 2016 par le regretté Pascal Martinet) et le Centre culturel des Amandiers. Pour servir la cohérence de son projet, la jeune femme, nommée depuis deux ans à la tête de ce complexe culturel, revient à l’architecture d’origine conçue par Jean Dumont qui, autour d’un patio central, en contrebas de la rue des Plâtrières, s’enroule, d’étage en étage, ouvrant sur des halls, salles et terrasses. La réunification des deux entités, après de longs travaux menés avec la Ville de Paris, rend lisible l’objectif ambitieux des Plateaux sauvages : « Etablir une porosité entre l’art et les pratiques amateurs dans une logique de partage sur le territoire ».
Un parcours fléché avec une signalétique claire nous emmène, depuis le hall d’accueil, qui inclut les bureaux des permanents (une dizaine) et le foyer des artistes, vers les studios de répétition, les espaces pour les répétitions et les ateliers de pratiques amateurs, le bar, la bibliothèque, la petite et la grande salles de théâtre.
De cet outil de trois mille ms 2, Laetita Guédon entend faire une «fabrique artistique» à partager entre professionnels et amateurs. Pour pallier les carences éprouvées par les compagnies accueillies pour moitié « très émergentes », et pour moitié, « très confirmées et solides », en amont de la diffusion, elle propose des résidences de cinq jours à un an, allant parfois jusqu’à la création. Chaque création se double ici, pour les équipes, d’un projet de transmission. A construire sur mesure avec l’une des quelque quarante structures partenaires du théâtre (du foyer de jeunes travailleurs, collèges…, aux associations de d’artistes ou de streetart)
Pour ce lieu ouvert sur l’extérieur grâce à des baies vitrées et des puits de lumière, décoré simplement mais avec goût, sa directrice envisage d’autres innovations : un potager partagé sur la petite terrasse, des murs dévolus aux grapheurs sur la grande où nous accueille aujourd’hui l’artiste murale franco-bengalie Sifart, avec ses calligraphies colorées et épurées. Une paysagiste se penche actuellement sur la végétalisation des parties extérieures…
Côté accueil: « une tarification sociale » en fonction du quotient familial pour les ateliers, et une « tarification responsable » pour la billetterie : entre cinq et trente euros, au choix, et un « billet suspendu » de cinq euros, avancé par un spectateur pour un autre qui ne pourrait payer sa place… Pour les compagnies, un stock de costumes à partager, ou encore l’accompagnement des artistes pour le parcours du combattant qu’est la constitution d’un dossier…
Ce vaste programme est mené avec entrain par Laëtitia Guédon. Formée au Studio- Théâtre d’Asnières, puis au Conservatoire National. Elle s’est intéressée très tôt à la mise en scène en assistant Antoine Bourseiller, et a fait ses premières armes au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, puis comme associée à la Comédie de Caen. La programmation du « Festival au féminin » à la Goutte d’or lui donne le goût du partage et de l’organisation d’événements. Elle se présente alors à l’appel à projet lancé par la Ville de Paris pour la reprise du lieu. Cette année, elle n’envisage pas de création avec sa compagnie, dont le financement est dissocié de celui des Plateaux sauvages . Mais juste une reprise de SAMO (A Tribute to Basquiat ) de Koffi Kwahulé (voir le Le Théâtre du blog), au Théâtre de la Tempête, en janvier. L’année prochaine, elle abordera la question des femmes et du pouvoir à travers la figure mythique de Penthésilée, une commande d’écriture passée à Clément Bondu.
La metteuse en scène préfère les textes d’auteur(e)s aux écritures de plateau et donne une place centrale à la bibliothèque du théâtre ; elle accueillera aussi tous les ans un(e) écrivain(e) en résidence. La Maison Antoine Vitez, association de traducteurs de théâtre, qui a installé ses bureaux aux Plateaux sauvages, y donnera des lectures.
La programmation s’ouvre sur Max Gericke ou Du pareil au même de Manfred Karge, mis en scène d’Olivier Balazuc, avec Lou Wenzel. En marge de ce spectacle, Lou Wenzel propose un atelier de création sur le thème du voyage, avec la Maison des pratiques artistiques amateurs Saint-Blaise voisine. Inscription gratuite pour les habitants du XX ème arrondissement.
Un lieu convivial à découvrir et des ateliers à suivre, en toute curiosité.
Mireille Davidovici
Les Plateaux sauvages 5 rue des Plâtrières Paris XXe T. : 01 40 31 26 35
Max Gericke ou Du pareil au même, du 17 au 28 septembre.
M. P.A. A. Saint-Blaise T. : 01 46 34 94 90.