The Idiot conception et chorégraphie Saburo Teshigawara.
Japonismes Festival d’automne
The Idiot, conception et chorégraphie de Saburo Teshigawara.
Ce chorégraphe dont nous avions apprécié le travail sur plusieurs grandes scènes parisiennes (voir Le Théâtre du blog) découvre la nouvelle salle Firmin Gémier, bien adaptée à ce duo intimiste d’une heure, inspiré de L’Idiot de Fiodor Dostoïevski. «Je savais, dit-il, qu’il était impossible de créer une chorégraphie tirée d’un tel roman. » Pourtant, il réussit, en dansant avec sa muse, Rihoko Sato, à rendre remarquablement lisibles la solitude du personnage et ses fractures intérieures…
Saburo Teshigawara, ici danseur et chorégraphe, a aussi conçu le collage musical, les costumes, les lumières. Il fait bouger nos repères habituels, en mettant tous ces éléments en mouvement pour produire un concentré d’émotion vraie.
Les musiques de Serguei Prokofiev, Piotr Tchaïkovski, etc., se chevauchent et reviennent en boucle comme pour une valse éternelle, et les lumières changeantes soulignent une danse en constante mobilité. Rihoko Sako, en robe longue ou en costume de tulle, semble voler, gracieuse et fluide. Saburo Teshigawara hume les effluves parfumées de cette dame en noir qui tournoie autour de lui : il la cherche, la perd et la retrouve. Quand il reste seul dans la pénombre, traversé de convulsions incontrôlables, sa douleur, communicative, nous émeut profondément. Fragiles et solitaires, les danseurs, transformés parfois en pantins désarticulés, nous impressionnent par l’humanité qu’ils donnent à leurs personnages.
Nous retiendrons surtout de cette belle performance les gestes d’amour : des mains qui se frôlent, une tête qui se penche, une hanche qu’un bras accompagne tendrement… Une soirée exceptionnelle conclue par des saluts d’une extrême délicatesse, avec une danse généreuse, toute de désespoir et de passion. A recommander aux amoureux du spectacle…
Jean Couturier
Théâtre National de la Danse de Chaillot, 1 place du Trocadéro, Paris XVI ème jusqu’au 5 octobre.