L’Envol des cigognes, texte et mis en scène de Simon Abkarian
L’Envol des cigognes, troisième partie du diptyque, texte et mise en scène de Simon Abkarian
« Ariane Mnouchkine nous accueille, dit Simon Abkarian, non pas parce que certains d’entre nous étions membres de sa troupe, mais parce qu’elle sait qu’il y a là, dans notre travail, quelque chose qui ressemblerait à une promesse tenue. Quelque chose qui pourrait s’apparenter à un théâtre citoyen, à un théâtre d’art. Tout comme elle, notre compagnie croit en la force de la beauté. Quand je dis nous, c’est d’une troupe que je parle. Nous sommes vingt-six… Des hommes et femmes, toutes générations et corps de métier confondues, qui croyons en la force artistique de ce projet. La ville s’installe et se transforme. Les décors des maisons et magasins sont installés par les acteurs : « J’ai un message de ta femme Théo » dit Olga qui a fermé les yeux. Un vieille désarme un jeune qui l’agresse : «Tu paieras demain, je t’agresse aujourd’hui parce que demain, je serai morte, ou toi, tu seras mort !» Nouritsa la mère s’avance : »Y-a des gens qui meurent toutes les secondes… ». Un homme en recrute un autre, menacé, il se laisse faire. Un fils revient voir sa mère avec une fille : «J’ai tué mon frère ! (…) Jour après jour, massacre après massacre, il faut s’adapter ! (…) Je tire pour prévenir les hommes de la mort, le rossignol est mort dans sa cage, mon capitaine, le ciel réclame un sacrifice (…) Nous devons briser le siège ou nous laisser mourir (…) Zina, je vais partir, je dois me soucier du plus grand nombre. » On voit une étreinte entre une fille et un soldat: «Nous ne sommes pas faits pour la guerre ni toi, ni moi… ».
Un texte joué à vive allure où l’on voit s’agiter une mystérieuse mariée et où les femmes ont un rôle important, surtout Nouritsa, une mère impérieuse. Avec en filigrane, l’extermination des Arméniens au début du XXème siècle et les guerres actuelles qui chassent tant des gens essayant d’échapper à la mort dans leur pays… Un spectacle bien interprété et émouvant, à ne pas manquer.
Edith Rappoport