La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams, mise en scène de Charlotte Rondelez

La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams, mise en scène de Charlotte Rondelez

 Sans doute, une des œuvres les plus connues du célèbre dramaturge américain (1911-1983). Un succès, suivi trois ans plus tard par Un Tramway nommé Désir et en 1955, par La Chatte sur un toit brûlant. Et l’une des meilleures pièces du théâtre américain! Comme ses autres comédies, elle fit l’objet d’une adaptation au cinéma: en 1950 par Irving Rapper avec Kirk Douglas et a souvent été mise en scène en France, notamment par Jacques Nichet en 2009, puis par Daniel Jeanneteau il y a deux ans (voir Le Théâtre du Blog).

 Tennessee Williams met en scène à trente-quatre ans, sa mère et sa sœur  dans cette œuvre en partie autobiographique et devenue  culte depuis sa création. Cela se passe vers 1930 il y a donc presque un siècle!  dans un petit appartement pauvre à  Saint-Louis où Amanda Winkfield, autrefois, séduisait les garçons. Maintenant  abandonnée par son mari, nostalgique de sa jeunesse, elle tente de survivre, comme elle peut: c’est dire mal, avec son fils, Tom, poète et employé dans une usine de chaussures qui gagne la vie de la famille et Laura (Ophélia Kolb), sa fille, psychologiquement assez fragile et qui a une collection de petits animaux en verre.

© Bruno Clément

© Bruno Clément


Arrive dans le paysage celui va tout détraquer: le beau Jim, un jeune collègue de Tom, que la mère a invité à dîner avec un projet bien précis : caser sa fille. Bingo ! Laura tombe vite amoureuse de Jim qui avait compris ce qu’on attendait de lui… Attiré par cette belle jeune fille, il ne peut s’empêcher de l’embrasser mais va vite avouer que, fiancé, il va bientôt se marier. Fin du beau rêve pour la pauvre Laura et sa mère….

Reste à savoir comment monter cette pièce souvent bavarde quand elle est mal montée. Daniel Jeanneteau redoutant le piège du pittoresque, l’avait située dans un décor non figuratif, ce qui était le type même de la fausse bonne idée.
Charlotte Rondelez, elle, a juste demandé à Jean-Michel Adam un décor mi-réaliste, mi-symbolique: une table et quelques chaises sur la petite scène du Théâtre de Poche, et un miroir et une fenêtre en perspective (on se demande bien pourquoi !). Mais on voit à peine la collection de petits animaux de verre, pourtant au centre des  préoccupations de Laura et qui donne son titre à la pièce! Il y a aussi la photo encadrée du père absent  qui s’anime par moments (un gadget inutile !)

Côté mise en scène, les choses vont trop lentement, comme si Charlotte Rondelez avait voulu recréer un climat familial façon Tchekhov mais cela ne fonctionne pas. La faute aussi à une distribution très inégale et à une direction d’acteurs aux abonnés absents… Cristina Réali joue les mères abusives, en en faisant des tonnes comme au boulevard, ce qui est un contre-sens et devient vite insupportable. Heureusement, il y a Ophélia Kolb très impressionnante de discrétion et d’efficacité et qui a une magnifique présence. Charles Templon et Félix Beaupérin  (Jim) sont justes et précis.  Mais le compte n’y est pas et une douce somnolence s’empare du public. On peut aller voir le jeu d’Ophélia Kolb, mais sinon… on oubliera vite cette mise en scène trop approximative. Pourtant la célèbre pièce, plus de soixante-dix ans après sa création, a encore des choses à nous dire sur la pauvreté, le mal-être, la solitude et l’exclusion sociale…

Philippe du Vignal

Théâtre de Poche, 75 boulevard du Montparnasse, Paris (VI ème). T. : 01 45 44 50 21.

 

 

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