Festival les Boréales à Caen: Wild Minds, Les Rêveurs compulsifs de Marcus Lindeen


Festival les Boréales à Caen:

Wilds Minds Les Rêveurs compulsifs, texte et mise en scène de Marcus Lindeen, musique et conception sonore d’Hans Appelqvist, traduction de Marianne Ségol-Samoy

WildMinds1L’auteur-metteur en scène de théâtre suédois qui est aussi réalisateur de films reconnu, a été invité pour la seconde fois aux Boréales avec cette même pièce. Il a interviewé des gens qui se reconnaissent eux-même comme des rêveurs compulsifs.Ils se créent des univers de fiction totalement imaginaires mais élaborés avec une grande précision où ils sombrent car incompatibles avec la vie réelle qu’ils sont bien obligés d’affronter au quotidien. Ils doivent alors demander une aide psychologique pour pouvoir se sortir de cette obsession.

Le public est installé en rond. Pas de gradins mais une cinquantaine de chaises. Aucun décor, juste un abat-jour en fer émaillé avec une grosse ampoule éclairant le centre d’un tapis de danse noir. On assiste ici à une session de thérapie de groupe, et cinq rêveurs compulsifs, assis parmi les spectateurs vont suivre, grâce à une oreillette, les propos recueillis par Marcus Lindeen. Et ils vont essayer de les reproduire et de les jouer le plus fidèlement possible, ce qui n’a rien d’évident. D’autant plus qu’ils ne bougent pas de leur siège

Les acteurs amateurs dits, selon le programme: « performeurs »: Barbara French, Anne-Sophie Ingouf, Claude Thomas, Hida Sahebi, El Hadji Abdou Aziz Diaw, malgré la difficulté de ce jeu de rôles, interprètent leurs personnages avec humilité et précision, mais le jeu comme la diction de certains d’entre eux reste parfois approximative. Cette expérience théâtrale ne manque pas d’intérêt mais on navigue ici entre la performance et le théâtre participatif, et faute sans doute d’une direction et d’une dramaturgie plus solides, l’osmose ne se se fait pas vraiment entre intervenants et public, et on a du mal à se plonger dans les mondes imaginaires de ces malades. Bref, ces trente-cinq minutes sont peu convaincantes…

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 24 novembre, au Centre Chorégraphique National de Caen.


Archive pour novembre, 2018

Sombre Rivière, texte et mise en scène de Lazare

 

©Jean-Louis Fernandez

©Jean-Louis Fernandez

Sombre Rivière, texte et mise en scène de Lazare

« J’ai une tendance/ trop délirante ? Peut-être ?: Entends-tu la mer derrière moi ?:Peut-être ?/ Je vis ma vie comme un spectre./C’est pour ça que je délire, j’ai envie qu’elle soit réelle ma vie »,  dit l’acteur qui joue Lazare. Dans ce long poème dramatique, entrecoupé de vidéos,  sketches,  et chansons, l’auteur met en scène son « je », accompagné d’un chœur de comédiens-danseurs mais aussi musiciens. Soit un flot de paroles soutenues par des parties chantées et dansées.

 Dans ce spectacle créé  en 2017,  Lazare entend faire la clarté en lui, après les attentats survenus à Paris deux ans plus tôt . «De par mon histoire, tout me renvoie au fait que je suis des deux côtés de la séparation, explique-t-il. (…) Tiraillé entre deux mondes (…)Le  «je» que j’emploie est un personnage. (…) Celui d’un auteur, enfant de l’immigration et pétri de désirs et de paradoxes … » Ici, la mort rôde et les dix artistes  -chœur des trépassés et/ou chœur des vivants- essayeront,  en quelque cent-vingt minutes  de la conjurer, la repousser,  et de  transformer ce Styx amer en joyeux carnaval. La mise en scène est, comme l’écriture, débridée. Lazare ose tout, avec plus ou moins de bonheur et de bon goût. Il y a entre autres des sketches-clins d’œil à l’actualité. Lazare (Julien Villa) devient triple (rejoint par Mourad Musset et Olivier Leite) ou  dialogue avec d’autres personnages de ses pièces, dont le fameux Libellule, figure centrale de sa trilogie, interprétée par Mourad Musset.  La vidéo prend souvent le relais des actions scéniques filmées en direct, mais montre aussi Lazare en personne avec sa mère, son chien, un cheval… Difficile de nous y retrouver dans ce kaléidoscope permanent.

La vitalité de la compagnie Vita Nova fondée par l’auteur-metteur en scène en 2006, reste le gros atout de ce spectacle vibrionnant. Julie Hega et Ludmilla Dabo chantent avec talent, et leurs voix donnent vie aux fragments de poèmes de Lazare. Le violoncelle de Veronika Soboljevski et la batterie de Louis Jeffroy contribuent à des arrangements musicaux haut de gamme. Les parties dansées témoignent d’un grand professionnalisme et l’on finit par s’attacher à ces artistes polyvalents, tous excellents comédiens. Malheureusement, cela ne suffit pas à sauver un spectacle qui sombre dans une kermesse où se noient, malgré sa poésie et sa générosité.  les propos incisifs de l’auteur : « Le théâtre, dit-il, est un espace de combat poétique.»  Il veut faire spectacle des questions brûlantes de notre société malade car il y a urgence, mais une dramaturgie rigoureuse n’aurait pas nui au propos…

 Mireille Davidovici

Théâtre du Rond-Point, 1 avenue Franklin D. Roosevelt, Paris VIIIème, jusqu’au  30 décembre.

L’Atelier des Lumières: Gustav Klimt

 

L’Atelier des Lumières: Gustav Klimt

culturespaces_hundertwasser_final_version_web_sans_barres_noiresQuand on pénètre dans cette ancienne fonderie à Paris, on est aussitôt baigné dans la lumière qui recouvre ses moindres recoins et on sent affleurer à chaque pas, la mémoire du lieu qui amplifie l’émotion. Il s’agit en effet d’une véritable mutation qui a lieu sous nos yeux, transformant constamment l’espace grâce à un enchaînement d’images animées.

Fidèles au lieu d’origine, les concepteurs en ont gardé la dimension populaire et mémoriale, ce  qui permet une appréhension directe et sans prérequis théoriques: ici, l’art est une plongée dans la beauté, et un songe éveillé, dans un patrimoine architectural unique.  Une marée de visiteurs, de tout âge, parcourt les lieux : on mesure  le succès de cette opération qui marquera durablement le paysage parisien, en devenant un lieu culturel incontournable !   

Cette ancienne fonderie de fer installée dans une halle de 2. 000 m2, en a gardé la structure métallique, la corpulente cheminée centrale, la mezzanine, la tour de séchage, et un réservoir d’eau. La fonderie du Chemin-Vert, créée en 1835 par les frères Plichon, a fermé ses portes en 1933 et  devint ensuite un lieu de vente de machines-outils durant soixante-cinq ans. En 2000, ses portes se ferment à nouveau.  Treize ans plus tard, Bruno Monnier, président de Culturespaces, découvre  cet espace et  veut créer à Paris un centre d’art numérique. La propriétaire du lieu, la famille Martin, , séduite par ce projet, accepte de lui louer la grande halle et ses annexes. Et le 13 avril  dernier, après d’importants travaux, l’Atelier des Lumières ouvre ses portes.

Il propose des expositions immersives monumentales. Avec cent-quarante vidéoprojecteurs laser Barco et une sonorisation spatialisée: cinquante enceintes à directivité contrôlée Nexo. Un équipement  multimédias qui épouse 3.300 m2 de surfaces, du sol au plafond, avec des murs s’élevant jusqu’à dix mètres et qui nous fait vivre une expérience immersive totale avec plus de 3.000 images mises en mouvement, selon le procédé AMIEX. «Le rôle d’un centre d’art, pour Bruno Monnier, est de décloisonner et le numérique doit donc prendre sa place dans les expositions du XXI ème siècle. Mis au service de la création, il devient un formidable vecteur de diffusion, capable de créer des passerelles entre les époques, faire vibrer les pratiques artistiques entre elles, amplifier les émotions, et toucher le plus grand nombre. »

 En 2012, Culturespaces met au point le procédé AMIEX (Art & Music Immersive Experience) et lance sa première exposition immersive : Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence (voir Le Théâtre du Blog réalisée par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi. Conçues sur-mesure pour épouser totalement l’espace où elles s’intègrent, ces expositions  sont fondées sur la projection d’œuvres sur d’immenses surfaces en très haute résolution grâce à un équipement numérique hors-normes. Dès que retentit la première note de musique, la technologie s’efface au profit de l’émotion esthétique, suivant un scénario tout en poésie. Immergé dans l’image et la musique, le visiteur est emporté dans une aventure sensorielle.

«Tous les contenus de la réalisation doivent être orchestrés dans une composition rigoureuse et fluide, dit Gianfranco Iannuzzi, directeur artistique et coréalisateur. Le défi: s’adapter aux structures et aux proportions exceptionnelles du lieu pour en faire une des plus grandes installations multimédias au monde : murs panoramiques de quatre-vingts mètres de long sur dix de hauteur, surfaces de projection cylindriques… Nous avons dû élaborer tous les  visuels pour qu’ils épousent parfaitement l’espace de cette ancienne fonderie. C’est du sur-mesure ! »

 L’Atelier des Lumières accueille les visiteurs dans  une halle de 1500 m2 et  dans le Studio, un espace consacré à la création contemporaine de 160 m2. Les programmes : long et court, réalisés par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto, Massimiliano Siccardi et Ginevra Napoleon, tournent en boucle.  Programme long :  Gustav Klimt en six séquences : La Vienne néoclassique / Klimt et la Sécession viennoise / Klimt et l’or / Klimt et la nature / Egon Schiele / Klimt et les femmes.  pour le centenaire de la disparition de ce grand artiste, ses œuvres s’animent en musique sur les murs. En traversant un siècle de peinture viennoise, on propose ici un regard original sur le peintre et ses successeurs (dont Egon Schiele, cet excellent dessinateur), à travers la mise en scène de portraits, paysages, nus, couleurs et dorures qui ont révolutionné la peinture viennoise dès la fin du XIXe ème siècle. Avec la collaboration musicale de Luca Longobardi. Pour rythmer la mise en mouvement les séquences d’images, et amplifier l’expérience émotionnelle : des musiques de Richard Wagner, Johann Strauss, Ludwig van Beethoven, Frédéric Chopin, Gustav Mahler, Philip Glass…

 Programme court: Hundertwasser, sur les pas de la Sécession viennoise, avec également la collaboration musicale de Luca Longobardi. Une invitation à découvrir l’œuvre de cet artiste  (1928-2000) qui incarne un renouveau, et marquée par la révolution instituée par Gustav Klimt. «Nous souhaitons, dit Gianfranco Iannuzzi, directeur artistique et coréalisateur, que le visiteur conserve sa liberté de perception et d’interprétation dans un espace où ses mouvements intègrent l’exposition. S’immerger dans une œuvre tridimensionnelle permet d’amplifier l’émotion,  et invite à avoir une attitude plus participative. »

7_002 Et on peut voir aussi une création contemporaine, POETIC_AI par le collectif turc OUCHHH, studio de création numérique basé à Istanbul, Los-Angeles et Londres. Soit un voyage onirique qui fait appel à l’intelligence artificielle mais aussi une réflexion autour de la peinture. Et grâce à des images numériques à haute résolution, on explore des contrées inédites en isolant, grossissant et transformant des éléments, formes, couleurs et détails qui jaillissent telles des apparitions. Cette «loupe grossissante» éclaire l’œuvre d’un nouveau regard. Pour la première fois, le spectateur fait corps avec les œuvres d’art: peut-être atteint du syndrome de Stendhal, un trouble psychosomatique décrit par le célèbre écrivain, très ému devant les toiles des grands  maîtres à Florence. Un état magistralement porté à l’écran par Dario Argento qui anticipait déjà en 1996, cette plongée immersive dans des tableaux.

 Avec ces images, on fait vite le parallèle avec les tours de magie : effets, apparitions, disparitions, mais aussi, transformations, changements d’échelle et de couleur. Toute la matière, en constant changement, est engendrée ici par le fondu enchainé. Est aussi convoquée  toute la pensée chamanique qui va de pair avec cette magie. Dans une sorte de rituel remontant aux sources des croyances, par le biais d’une savante alchimie picturale et sonore.

Sébastien Bazou

Jusqu’au 6 janvier,  L’Atelier des Lumières, 38 rue Saint-Maur, Paris XIème.

La Réunification des deux Corées de Joël Pommerat, mise en scène de Jacques Vincey (en anglais, surtitré en français)

©Christophe Reynaud-Delage

©Christophe Reynaud-Delage

La Réunification des deux Corées de Joël Pommerat, traduction en anglais de Marc Goldberg, mise en scène de Jacques Vincey (en anglais, surtitré en français)

L’amour, c’est comme «deux moitiés qui se retrouveraient» comme si les deux Corée se réunifiaient, dit un homme à sa femme. Mais L’Amour ne suffit pas, titre l’une des vingt séquences de cette ronde des sentiments. Le premier tableau s’intitule Divorce, et le dernier renvoie à la solitude du sexe tarifé… Jacques Vincey s’est emparé avec bonheur du texte de Joël Pommerat et il lui donne de nouvelles couleurs avec des acteurs de Singapour: «Mon déplacement dans une autre réalité géographique, linguistique et culturelle (…) m’a incité à repartir de la trace du texte sur le papier.»  Il a pu ainsi se détacher  du spectacle mis en scène par l’auteur et qui, depuis 2013, est toujours en tournée en France et à l’étranger. Jacques Vincey avoue qu’il n’aurait pas envisagé ce projet, sans l’invitation d’Ong Keng Sen, directeur artistique de Theater Works.

Dans cette translation, il touche à l’essence de La Réunification des deux Corées : sa mise en scène minimaliste et le jeu délicat des neufs comédiens singapouriens mettent en valeur les mécanismes implacables de cette comédie grinçante sur la fragilité des liens affectifs. Une immense estrade sera le théâtre de courtes scènes d’amour et/ou de désamour, enchaînées à un rythme soutenu, annoncées par un gong étouffé. Un musicien (Alexandre Meyer) les accompagne, discret, niché en surplomb, dans  un échafaudage tendu de tissu qui forme une boîte noire sur le plateau.

La bande-son, signée comme la musique : Bany Haika, est tout aussi subtile. Assis derrière ce ring sans cordes, dans la pénombre, se tiennent les acteurs, prêts à bondir sur scène après avoir  prestement enfilé les costumes élégants pendus sur des portants. En attendant, chœur silencieux, ils observent leurs camarades à l’œuvre sous les éclairages de Marie-Christine Soma.  Ils seront, tour à tour, amants, mari et femme, fiancés, prostituée et son client : tous les cas de figures sont envisagés, de l’adultère au coup de foudre, en passant par le divorce et la querelle familiale… Mais ici, rien de psychologique dans l’interprétation: le texte laconique ne s’y prête guère et les situations basculent rapidement, les relations s’enveniment au fil de dialogues interprétés sans état d’âme. L’humour est au rendez-vous de ce défilé de  cinquante-deux personnages, dans des combinatoires variées : solos, duos, trios, quatuors.
Le metteur en scène ne se prive pas de quelques clins d’œil, comme cet orage qui assombrit l’amitié entre deux hommes, où cette jolie (et unique) vidéo, tournée à Singapour : un manège où des hommes flottent dans des voitures électriques comme sur des bouées, sous le regard de femmes esseulées dans les couloirs vides d’un centre commercial… Une respiration poétique, avant la dernière séquence, Valeur, où une prostituée marchande ses services avec un passant…

 Découvrir ou revoir cette pièce dans une autre langue avec ces comédiens venus d’ailleurs, c’est deux heures de plaisir assurées. Le spectacle s’est joué à Tours, Bobigny mais on espère que vous pourrez le voir en tournée.

 Mireille Davidovici

Le spectacle a été joué jusqu’au 24 novembre à la MC 93 de Bobigny (Seine-Saint-Denis). T. : 01 41 60 72 72.

La Locandiera, de Carlo Goldoni, mise en scène d’Alain Françon

La Locandiera, de Carlo Goldoni, mise en scène d’Alain Françon

 

© Christophe Raynaud de Lage / Hans Lucas

© Christophe Raynaud de Lage / Hans Lucas

Qu’a–t-elle de si fascinant, cette Mirandolina, patronne d’une pension de famille, ou “hôtel garni“ assez huppé ? Belle, bien sûr, au service de messieurs les clients, mais dans les limites de son propre intérêt. Active, indépendante : un rêve pour ses vieux pensionnaires qui ne songeraient pas une seconde à se mésallier, mais se voient bien, l’un en chevalier servant à l’antique, l’autre, en généreux donateur-investisseur ? pour une conquête à afficher.

Avisée, elle se joue de l’un et de l’autre, ne refuse jamais un cadeau -par politesse, dit-elle- sans solliciter ni  rien donner en échange, sauf la qualité du service. Une femme moderne, en somme, très professionnelle. D’où son irritation quand un nouveau client se plaint de la  propreté du linge. Piquée au vif, Mirandolina va attaquer le chevalier de Ripafratta sur son point faible : une misogynie proclamée.  Délicate et attentive comme on l’est dans son métier,  la jeune femme affirme pourtant une sincérité brutale, et souffle le chaud et le froid. Elle fera craquer la cuirasse du chevalier et le rendra amoureux fou en vingt-quatre heures. Au point d’être obligée de se cacher pour mettre une porte entre elle, et ses désirs brûlants. Belle occasion pour ses vieux soupirants de tenter de la «protéger». Conséquence logique : elle épousera son serviteur-adjoint, que son père lui avait destiné. Une femme a besoin d’un homme qui la défende et qui l’aide dans son entreprise. Destin réaliste d’une femme réellement moderne.

Dans le joli décor italianisant de Jacques Gabel, le rideau s’ouvre sur les vieux prétendants, à table mais dos à dos : normal, ils ne peuvent pas se voir, jusqu’au moment où il doivent se liguer contre le nouveau venu qui semble marcher sur leurs brisées. Hervé Pierre arrondit sa silhouette pour être le Comte d’Albafiorita, un nouveau riche aux mains ouvertes (et gentiment baladeuses), Michel Vuillermoz est un marquis de Forlipopoli impécunieux à la triste figure, et Stéphane Varuppenne fait bomber le torse à son chevalier de Rippafratta mais l’humiliation et la douleur d’être amoureux le feront plier et hurler. Laurent Stocker, fiancé en réserve, intériorise la jalousie et l’impatience de Fabrizio : le promis aura sa Mirandolina …  mais elle restera sa patronne. Aucun homme n’échappe à son charme, comme le serviteur du chevalier (Noam Morgensztern) atteint lui aussi, et sa classe sociale ne lui interdit pas de postuler, ou du moins de proclamer son amour. Deux comédiennes grimées en grandes dames, masquées à l’ancienne (Coraly Zahonero et Clotilde de Bayser) consolent joyeusement le Comte et mettent à l’épreuve le marquis.

Et Mirandolina, au centre de la comédie ? Florence Viala est impeccable. On ne demande pas à la patronne d’un hôtel garni d’être une star, encore une fois. Belle, mais d’une beauté “normale », elle a la vivacité propre au personnage mais avec ce qu’il faut  de retenue dans ses émotions. On pourrait en dire autant de cette mise en scène : impeccable. Décor efficace et riche de sens où on lit clairement l’histoire sociale que raconte Carlo Goldoni, dans la langue que lui a donnée Myriam Tanant. Le spectacle est dédié à cette grande traductrice qui nous a quittés cette année. Elle a rendu à Goldoni son poids de réalisme, sans perdre le piquant de la comédie.

D’où vient alors ce léger sentiment d’insatisfaction, et parfois d’ennui ? A l’occasion, on rit franchement à cette Locandiera d’une réelle élégance et on admire le travail bien fait d’Alain Françon sur cette pièce qui parle du travail bien fait. Carlo Goldoni a jeté le masque et a tourné le projecteur sur «les vrais gens», dont les femmes, et ici, elles se font une place active dans la société. Quitte à rire ensuite des autres : aristocrates dépassés, comédiennes d’un autre temps, prétentieuses et prétentieux. Il reste dans ses comédies, françaises ou  italiennes, un peu de sa querelle avec Carlo Gozzi, des traces de commedia dell’arte, ici chez le comte et le marquis : bref, un matériau beaucoup plus hétéroclite que cette représentation lissée, parfaite et offrant même une aspérité, mais en creux ; le jeu très intériorisé de Laurent Stoker qui vient nous chercher… En deux mots: une belle soirée, un peu sage : on voudrait que ce soit un compliment. On admire, on rit même, mais avec un certain détachement.

Christine Friedel

Comédie-Française, salle Richelieu, Place Colette, Paris 1er, en alternance jusqu’au 10 février. T. : 01 44 58 15 15.

 

Kevin, portrait d’un apprenti converti d’Amine Adjina mise en scène de Jean-Pierre Baro

Kevin, portrait d’un apprenti converti d’Amine Adjina, mise en scène de Jean-Pierre Baro

 

 © Extime Compagnie

© Extime Compagnie

Le théâtre aborde aujourd’hui une question brûlante: la radicalisation de certains jeunes: Ahmed Madani avec Comment j’ai rencontré Dieu sur Facebook, Julie Bérès avec Désobéir (voir Le Théâtre du Blog),  Christophe Moyer dans  Ne vois-tu rien venir, etc. Comment sur plateau rendre compte de ces parcours brisés et d’un abîme de malentendus?  Cette pièce essaye d’y répondre.

Le jeune Kevin, fils d’une catholique non pratiquante et d’un musulman désabusé, passe ses journées devant B F M TV, pour être au courant du monde mais sans jamais quitter l’appartement familial. Après le départ de sa mère, Kevin se  tourne vers la religion musulmane. Il a perdu tous ses repères, ses résultats scolaires chutent, il n’a presque pas d’amis… Et la cellule familiale sombre, à l’image de son père qui s’éloigne de lui et qui reste passif. Faute de perspectives d’avenir, Kevin, comme beaucoup d’adolescents, se réfugie dans un monde virtuel et s’endoctrine, insidieusement. Ce «gentil garçon» comme le qualifie son père, «tchatte » avec une jeune fille et envisage  de se marier  avec elle… sans jamais l’avoir rencontrée. Leurs relations vont se gâter, quand Kevin cherche à savoir à quoi ressemble cette fiancée qui apparaît toujours voilée sur l’écran de son ordinateur. Un soir, une créature fait irruption dans sa chambre pour l’enjoindre de faire le jihad : Robin des Bois, héros d’enfance de Kevin réincarné sous les traits du Prophète. Guidé par cette vision mystique, Kevin décide alors de partir.

L’écriture d’Amine Adjina reste légère et parfois drôle. L’auteur-metteur en scène et comédien, issu de l’École régionale des acteurs de Cannes, retrace l’itinéraire d’un jeune garçon ordinaire qu’il dépeint avec tact, humour et tendresse.  On s’étonne de la  légèreté avec laquelle l’auteur traite un thème aussi grave mais il cherche avant tout à toucher un public d’adolescents et adopte une langue émaillée de mots arabes comme  haram, starfoulah, bismillah …Et ce Kevin pourrait être un de ce ces jeunes assis parmi nous. La scénographie, un échafaudage en tubes de fer comporte plusieurs espaces, délimités par des éclairages. Avec une musique, très présente mais souvent trop forte, Amine Adjina et Jean-Pierre Baro veulent d’abord capter les spectateurs.

Il ne faut pas s’attendre ici à des réponses, quant à la vie de ces quelque sept cents jeunes partis pour la Syrie. Son auteur ne porte aucun jugement, ne propose aucune solution miraculeuse mais brosse le portrait d’un jeune homme, incarné avec force par Mohamed Bouadla. Bravo pour l’intelligence et la finesse de l’écriture, et la qualité de la mise en scène. Et le spectacle ouvre aux jeunes spectateurs la possibilité d’un débat paisible. C’est déjà bien…

Julien Barsan

Spectacle vu le 22 novembre, à la Scène Nationale de l’Essonne-Agora Desnos à Evry (Essonne) le 22 novembre.

Le 5 février, Kingersheim, Festival Momix,  (Haut-Rhin).
Le 12 mars, Cournon d’Auvergne (Puy-de Dôme) ; le 14 mars, Issoire (Puy-de-Dôme).
Et du  24  au 26 avril, Théâtre National de Bretagne, Rennes (Ile-et-Vilaine).

 

 

Adieu Jean-Loup Rivière

Adieu Jean-Loup Rivière

crédit Impressions nouvelles

crédit Impressions nouvelles

L’écrivain, enseignant et théoricien avait soixante-dix ans et est mort d’un cancer, il y a quelques jours. Déjà très jeune et passionné par les pratiques théâtrales, cet ancien élève de Roland Barthes, avait monté, entre autres, Bérénice, William S, d’après Shakespeare, au Département Théâtre de l’Université de Caen que dirigeait alors Robert Abirached. Il sera ensuite rédacteur en chef de soixante-dix à soixante seize, d’une bonne revue de théâtre, L’Autre Scène, puis en 1991, des Cahiers de la Comédie-Française, un théâtre où il avait été secrétaire général. Jean-Loup Rivière  collabora aussi à l’atelier de création radiophonique de France-Culture. 

Passionné d’enseignement et de transmission, il fut maître de conférences associé à l’Institut d’études théâtrales de la Sorbonne nouvelle-Paris III en 1995, et enseigna aussi  au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique et à l’Ecole normale supérieure de Lyon. Il travailla longtemps avec le metteur en scène Jacques Lassalle sur Dom Juan et d’autres pièces classiques. Avec lui, Jean-Loup Rivière publia chez P.O.L, Conversations sur Dom Juan et est l’auteur de nombreux articles et publications sur le théâtre et l’art de l’acteur. Avec lui, disparaît un homme très ouvert, excellent connaisseur du théâtre français mais aussi européen qui  s’intéressa beaucoup aux mises en scène de Jerzy Grotowski et qui traduisit aussi L’Etau, et Je rêve (mais peut-être pas) de Luigi Pirandello.

Philippe du Vignal

Un hommage lui sera rendu le lundi 3 décembre à 13h 30, sous la Coupole du cimetière du Père Lachaise, Paris XIème.

 

No Border, de Nadège Prugnard, mise en scène de Guy Alloucherie

© Antoine Repessé

© Antoine Repessé

No Border, de Nadège Prugnard, mise en scène de Guy Alloucherie

En fond de scène, un écran dilue des encres noires sur une mer grise et mouvante vidéo de Jérémie Bernaer. On dirait les étangs du Nord, en hiver. On dirait des pleurs de charbon. Cela se passe à Culture Commune, sur l’ancien carreau de mine de Loos-en-Gohelle (Nord). Une véritable performance de Nadège Prugnard, autrice-actrice à la voix et à l’énergie de rockeuse.  Dès que Guy Alloucherie lui en a parlé, elle est partie, des mois, en résidence à Calais. Drôle de résidence où aucun migrant ne réside, si fluctuante, si précaire, si vaillante.

Elle a arpenté la lande, les pieds dans la boue de la “jungle“ pourrie, incendiée, passée au bulldozer et au canon anti-émeute. Pourtant, il y eut là une ville, avec son école, ses commerçants, sa mosquée et son théâtre, en palettes récupérées, en tôle et en bâches de plastique. Une Z.A.D. (zone à défendre) extraordinaire qu’on venait voir de loin, une utopie assez grande pour faire peur au Pouvoir et à l’Ordre. Inondée, gazée, rasée : Nadège Prugnard l’a arpentée dans tous les sens, a rencontré ses habitants, ses héros, et leurs ennemis, puis en a rapporté ce poème torrentiel qu’elle donne elle-même sur scène. En une seule respiration, il charrie tout ce que cette “jungle“ porte d’espoirs, violences, rixes, fleurs et pleurs écrabouillés mais aussi de sourires, trafics et de tout ce qu’on trouvera dans ce bidonville sans cesse reconstitué. Des noms, des lieux lointains, des guerres que les migrants ont fuies, des séparations, des noms encore : « Je suis Chanaz je suis arrivé il y a un mois je viens d’Ethiopie merci pour la rose ! Je suis Zahra je viens du Darfour est-ce qu’elle se mange la fleur ? Je suis Nazari je viens de Téhéran j’ai mis un an et un mois pour arriver the beauty is dead la beauté est morte ils ferment la réalité où aller ? Salut je m’appelle Thierry je suis bénévole et là-bas c’est un camion anti-émeute l’engin coûte un million d’Euros de quoi nourrir 300.000 réfugiés », des chiffres, donc.

Quelquefois, on se dit : trop exagéré, trop sentimental, de mauvais goût, et puis nous sommes emportés par l’héroïsme et la vitalité que les réfugiés ont communiquées à cette autrice-actrice : ce n’est jamais trop, et la belle âme, dont on se méfie tant, on l’aime, flamme dans ce chaos de toutes les couleurs, y compris les plus sales. Ce n’est plus le moment de faire dans le détail : on prend tout, avec l’émotion forte du vrai et de notre impuissance.

Guy Alloucherie  et la chorégraphe Pascaline Verrier l’ont  environnée, avec tendresse, de danseurs et circassiens, d’un joueur de percussions corporelles (Mourad Bouhlali), d’un musicien (Forbon N’Zakimuena) qui la soutiennent, fraternellement. On aime beaucoup le duo acrobatique en douceur entre la petite brune Blanca Franco et le grand blond Sébastien Davis Vangelder : que ne peut-on faire, quand on se donne la main !

Il faut souligner la concentration et la qualité d’écoute du public, surtout des collégiens et lycéens d’Hénin-Beaumont. Après les représentations à Culture Commune, Nadège Prugnard ne prendra pas le temps de souffler: elle s’est déjà engagée avec Koffi Kwahulé, Carole Thibaut, Valérie Schwarcz et le musicien Camille Rocailleux dans une création commune, Les Bouillonnantes, un récital rock poétique. À ne pas manquer non plus.

Christine Friedel

Le 24 janvier, Agora-Desnos, Scène Nationale de l’Essonne à Evry (Essonne).
Le 12 février CIRCA, Pôle national du cirque à Auch (Gers). Le 14 février, Agora, Centre culturel Boulazac-Aquitaine (Gironde). Le 27 février, Le Vivat, Scène conventionnée d’Armentières (Nord).
Les 12 et 13 mars, Le Bateau-Feu, Scène Nationale de Dunkerque (Nord).
Les 22 et 23 mai, Comédie de Clermont-Ferrand, Scène Nationale (Puy-de-Dôme))

Les Bouillonnantes, création du 4 au 7 décembre, Théâtre des Îlets, Centre Dramatique National de Montluçon (Allier).

 

 

Abeilles de Gilles Granouillet, mise en scène de Magali Léris


Abeilles de Gilles Granouillet, mise en scène de Magali Léris

© Xavier Cantat

© Xavier Cantat

Cela se passe au bord de la mer, près d’une falaise où un père immigré partage avec  son jeune fils un sandwich qu’il a apporté. Il lui raconte que jeune, il allait voler le miel des abeilles dans les ruches de cette falaise pour le vendre et ainsi pouvoir mieux nourrir sa famille. Prétexte pour Gilles Granouillet, à parler aussi  de la famille, du fossé entre les grands-parents et leurs petits-enfants, de la place de chacun dans cette tribu instable, des engins dits de communication qu’emploient maintenant tous les ados installés devant leur écran dans leur chambre. Mais leurs jeunes parents depuis la cuisine, leur envoient aussi un texto pour dire qu’il est l’heure de dîner…

 La fille, une ado de quinze ans, de cet émigré que l’on sent usé et assez amer, attend son frère qui a promise de lui offrir le portable dont elle rêve. Le père n’est absolument pas d’accord avec ce cadeau très cher et qu’il ne peut lui offrir. Furieux, il en arrivera à le piétiner.  Mais ce frère ne vient pas et semble avoir disparu…

Une scénographie minimale avec la falaise suggérée par de grands morceaux de tapis usés et l’appartement avec juste une table de cuisine, quatre chaises en stratifié et quelques assiettes. “ Dans Abeilles, je pense tout le temps, dit Magali Léris, au déséquilibre. Au déséquilibre intime, quand nos certitudes vacillent, quand on bascule, qu’on trébuche à cause d’un événement personnel qui bouleverse le cours de notre vie et qui déclenche en nous une remise en question profonde.”

Dialogues incisifs, personnages très crédibles, qu’il soient adultes ou pas encore. Avec une direction exemplaire d’acteurs  que l’on connaît depuis longtemps : Nanou Garcia (la mère), Didier Petitjean  (le père) tout à fait exceptionnels, et Carole Maurice ( la fille), et Paul-Frédéric Manolis, (le fils). Il y a quelques moments plus faibles dans cet échange entre les quatre personnages, mais comment ne pas être sensible à ce parler vrai, à cette percée quasi-ethnologique dans un monde rural, étranger à nombre de gens, en particulier à Macron qui fait la leçon à ces pauvres, voire très pauvres qui consacrent souvent le quart de leurs revenus à l’essence indispensable pour aller bosser au SMIC,  ou à peine. Une bonne pièce qui mériterait un plus large public…

Philippe du Vignal

Théâtre de Belleville,  94 rue du Faubourg du temple, Paris XI ème, jusqu’au 27 novembre. T. : 01 43 73 08 88.

Scène Watteau, Nogent-sur-Marne, (Val-de-Marne), le 29 novembre.
Théâtre de la Norville (Essonne), le 7 décembre.
Théâtre de Chevilly-Larue, le 10 mai. Théâtre de l’Atrium, Fort-de-France (Martinique), les 14 et 15 mai.

L’Arche, mise en scène de Suzanne Legrand, Victor Lockwood et Olivier Denizet

L’Arche, texte d’Olivier Denizet et Suzanne Legrand, musique d’Arthur Gueyffier et Suzanne Legrand, mise en scène de Suzanne Legrand, Victor Lockwood et Olivier Denizet

 C’est une “comédie musicale déjantée” (sic). Cela se passe, si on a bien compris, pendant les pluies torrentielles dues au réchauffement climatique. Sur une scène vue des coulisses, avec éléments de décor entassés en vrac à cour, porte de secours au milieu du plateau  et synthé, à jardin.  Il y a là (caricaturaux mais drôles), Arnaud, un jeune metteur en scène sans le sou, un producteur de spectacles douteux qui veut relancer la carrière de Léa Crystal, une ancienne petite star pas très douée mais qui est sa copine… 
Le jeune metteur en scène veut monter une comédie musicale des années 70 L’Arche de Noé.  Avec de jeunes acteurs-chanteurs recrutés vite fait, à qui bien entendu, on fait comprendre que les répétitions ne seront pas payées et que cela tiendra du miracle s’ils  reçoivent un cachet pour  de possibles représentations à venir. « À travers cette expérience humaine unique qu’est la création d’un spectacle et ce microcosme qu’est une troupe de théâtre, chacun va peu à peu comprendre les causes sociologiques et profondément humaines de la catastrophe naturelle qui est en train d’engloutir leur monde.”   On veut bien mais comment faire passer cela sur un plateau de théâtre…

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L’ensemble est très correctement dirigé, et ces jeunes acteurs, tous crédibles qui chantent et dansent bien (solide chorégraphie de Judith Chancel) ont une juste maîtrise du plateau. Et ils arrivent à jouer et à chanter faux, quand c’est nécessaire, ce qui est toujours casse-gueule… Chapeau! Mais quant à “l’humour loufoque et toujours sur le fil, au bord du pathétique et qui fait la force de la pièce”… il faudra repasser! Il est toujours imprudent de se jeter des fleurs dans une note d’intention assez prétentieuse, car le dit « humour » est rarement au rendez-vous, même si on sourit parfois.  Et on se demande bien pourquoi les metteurs en scène imposent par moments aux acteurs, un jeu et des courses dans la salle! Cela, une fois de plus, semble être l’image- plus qu’usée- de marque du Théâtre 13/Jardin.

Théâtre dans le théâtre, répétitions sur un plateau comme dans la vraie vie : on a déjà beaucoup donné, et c’est le fond de commerce depuis longtemps exploité de nombreuses comédies musicales américaines. L’ensemble se laisse regarder mais n’a rien de très passionnant et une légère brume d’ennui flotte dans la salle. Le public, pas très jeune et vraiment pas difficile, applaudit souvent à cette mise en abyme du théâtre. Le texte a sans doute été trop vite et mal écrit, et au lieu de s’en tenir à un livret de comédie musicale, les auteurs accumulent banalités et lieux communs sur le thème du dérèglement climatique: « Notre planète, disent les auteurs, peut paraître forte mais elle est aussi terriblement fragile.” Tous aux abris…

Par ailleurs, on signale à madame la directrice du Théâtre 13 que le dossier de presse est imprimé au recto seulement, soit une perte de six pages blanches qui ne serviront à rien. Quand on veut parler dérèglement climatique, mieux vaut balayer devant sa porte, non?  Reste une jeune équipe sympathique et méritante qu’on aimerait revoir dans une bonne comédie… Il suffit de chercher un peu (long mais gratuit à la B.N.F ! ) et de traverser la rue de Richelieu si on est de l’autre côté, comme dit un Président des riches. Et là, c’est vrai.

 Philippe du Vignal

 Théâtre 13/Jardin, 103 A, boulevard Auguste Blanqui, Paris XIII ème, jusqu’au 16 décembre.

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