Γουρούνι στο σακί (Chat en poche) de Georges Feydeau, mise en scène d’Ersi Vassilikioti et Nikos Gkessoulis
Γουρούνι στο σακί (Chat en poche) de Georges Feydeau, mise en scène d’Ersi Vassilikioti et Nikos Gkessoulis
Georges Feydeau a su redonner à la comédie, une « vis comica » qu’elle avait perdue. Grâce à la qualité d’une intrigue construite avec un luxe de préparation, et à un réseau arachnéen d’effets et causes où les personnages vont se faire piéger. Un malentendu ou un quiproquo initial suffit à provoquer rebondissements en cascade, péripéties et situations cocasses. Et brusquement, dans ce microcosme bourgeois, tout obéit à la folle logique d’un fatum implacable.
A un rythme accéléré (un souci permanent de l’écrivain), les personnages passent sans cesse de la crainte, au soulagement, et vice-versa: saisis de fébrilité, ils vivent dans une urgence qui leur interdit, comme au spectateur, toute réflexion. Dans Chat en poche (1888), Pacarel, un riche industriel du sucre, veut monter un opéra composé par sa fille d’après le Faust de Gounod! Il veut faire venir un célèbre ténor de l’Opéra de Bordeaux. Arrive alors un jeune Bordelais mais… c’est le fils de son ami Dufausset qui vient à Paris faire ses études de droit. Pacarel, qui le prend pour le ténor, lui fait signer un contrat. Et on lui organise un accueil triomphal, digne du grand ténor qu’il est censé être. Logé, choyé et prié d’exercer ses talents vocaux, ce Dufausset et ses hôtes ne se doutent de la méprise avant la fin du dernier acte.
Le futur étudiant en droit prend les Pacarel pour de charmants originaux qui ont la manie de vouloir lui faire interpréter des opéras. Et, au malentendu initial, s’en ajoutera un second : une femme courtisée est prise pour une autre et les fils s’emmêlent… Gaffes et quiproquos s’enchaînent. Il faudra trois actes délirants pour que chacun retrouve la raison, trois actes d’émotion et de rires partagés. Ersi Vassilikioti a su trouver des équivalences comiques avec succès et il nous offre une traduction claire qui renforce l’élément farcesque…
Le décor d’Anthi Sofokleous est une machine glaciale: à la fois table, balance ou espace d’espionnage. Ersi Vassilikioti et Nikos Gkessoulis ouvrent le texte à une pluralité de lectures et se concentrent sur le langage et la sonorité du texte. Avec un jeu entièrement au service de la lisibilité de l’action, Vassilis Vlachos (Pacarel) et Katia Sperelaki (Marthe, son épouse) jouent avec passion. Comme Melissa Stoili (Amandine), Nikos Doupis (Landernau), Konstantinos Spyropoulos (Dufausset), Natassa Papadaki (Julie), Sakis Sioutis (Lanoix de Vaux) et Vassilis Koussounelos (Tiburce). Bref, une bonne distribution au service d’une mise en scène rigoureuse de cette pièce comique. Plus d’un siècle après sa création, elle fonctionne encore remarquablement…
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Alexandria, 14 rue Spartis, Place Amérikis, Athènes, T. : 0030 86 73 655.