Kevin, portrait d’un apprenti converti d’Amine Adjina mise en scène de Jean-Pierre Baro

Kevin, portrait d’un apprenti converti d’Amine Adjina, mise en scène de Jean-Pierre Baro

 

 © Extime Compagnie

© Extime Compagnie

Le théâtre aborde aujourd’hui une question brûlante: la radicalisation de certains jeunes: Ahmed Madani avec Comment j’ai rencontré Dieu sur Facebook, Julie Bérès avec Désobéir (voir Le Théâtre du Blog),  Christophe Moyer dans  Ne vois-tu rien venir, etc. Comment sur plateau rendre compte de ces parcours brisés et d’un abîme de malentendus?  Cette pièce essaye d’y répondre.

Le jeune Kevin, fils d’une catholique non pratiquante et d’un musulman désabusé, passe ses journées devant B F M TV, pour être au courant du monde mais sans jamais quitter l’appartement familial. Après le départ de sa mère, Kevin se  tourne vers la religion musulmane. Il a perdu tous ses repères, ses résultats scolaires chutent, il n’a presque pas d’amis… Et la cellule familiale sombre, à l’image de son père qui s’éloigne de lui et qui reste passif. Faute de perspectives d’avenir, Kevin, comme beaucoup d’adolescents, se réfugie dans un monde virtuel et s’endoctrine, insidieusement. Ce «gentil garçon» comme le qualifie son père, «tchatte » avec une jeune fille et envisage  de se marier  avec elle… sans jamais l’avoir rencontrée. Leurs relations vont se gâter, quand Kevin cherche à savoir à quoi ressemble cette fiancée qui apparaît toujours voilée sur l’écran de son ordinateur. Un soir, une créature fait irruption dans sa chambre pour l’enjoindre de faire le jihad : Robin des Bois, héros d’enfance de Kevin réincarné sous les traits du Prophète. Guidé par cette vision mystique, Kevin décide alors de partir.

L’écriture d’Amine Adjina reste légère et parfois drôle. L’auteur-metteur en scène et comédien, issu de l’École régionale des acteurs de Cannes, retrace l’itinéraire d’un jeune garçon ordinaire qu’il dépeint avec tact, humour et tendresse.  On s’étonne de la  légèreté avec laquelle l’auteur traite un thème aussi grave mais il cherche avant tout à toucher un public d’adolescents et adopte une langue émaillée de mots arabes comme  haram, starfoulah, bismillah …Et ce Kevin pourrait être un de ce ces jeunes assis parmi nous. La scénographie, un échafaudage en tubes de fer comporte plusieurs espaces, délimités par des éclairages. Avec une musique, très présente mais souvent trop forte, Amine Adjina et Jean-Pierre Baro veulent d’abord capter les spectateurs.

Il ne faut pas s’attendre ici à des réponses, quant à la vie de ces quelque sept cents jeunes partis pour la Syrie. Son auteur ne porte aucun jugement, ne propose aucune solution miraculeuse mais brosse le portrait d’un jeune homme, incarné avec force par Mohamed Bouadla. Bravo pour l’intelligence et la finesse de l’écriture, et la qualité de la mise en scène. Et le spectacle ouvre aux jeunes spectateurs la possibilité d’un débat paisible. C’est déjà bien…

Julien Barsan

Spectacle vu le 22 novembre, à la Scène Nationale de l’Essonne-Agora Desnos à Evry (Essonne) le 22 novembre.

Le 5 février, Kingersheim, Festival Momix,  (Haut-Rhin).
Le 12 mars, Cournon d’Auvergne (Puy-de Dôme) ; le 14 mars, Issoire (Puy-de-Dôme).
Et du  24  au 26 avril, Théâtre National de Bretagne, Rennes (Ile-et-Vilaine).

 

 

 

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