Les Terrains vagues, d’après Raiponce des frères Grimm, texte et mise en scène de Pauline Haudepin

Les Terrains vagues, d’après Raiponce des frères Grimm, texte et mise en scène de Pauline Haudepin

©Jean-Louis Fernandez

©Jean-Louis Fernandez

Un conte populaire pour enfants, empreint de mélancolie et où le bonheur n’arrive jamais pour bien longtemps, comme dans Raiponce. Pauline Haudepin est issue du groupe 43 de l’Ecole du Théâtre National de Strasbourg, comme ses comédiens, scénographes, costumiers et régisseurs. Ici, l’espace scénique est parcellaire : tour, laboratoire, décharge, à l’image d’un texte fragmentaire et elliptique et de personnages refermés sur eux-mêmes. L’imaginaire des Terrains vagues répond à une vision de l’homme déchu, seul et en errance. Consolé par des hallucinogènes lui donnant accès à un bonheur illusoire.

Dans ce lieu dévasté: détritus, pierres de construction en vrac : la ville idéale est loin. La princesse (Marianne Deshayes), poupée fébrile et gesticulante en courte robe blanche, vit dans une tour de contes de fées, une geôle aménagée par un personnage travesti en sorcière jalouse où il la retient prisonnière. Puis l’intrigue explose en fragments, et  grâce à un retour en arrière de treize ans, on voit la mère enceinte (Dea Liane), échanger son nouveau-né contre les stupéfiants qu’elle réclame. Le vendeur est un homme-femme (Paul Gaillard), sûr de lui et qui, entre violence et douceur, nourrit la jeune fille et se révèle aussi fabricant de produits illicites, installé dans une zone attenante. Avec ce dealer (Genséric Coléno-Demeulenaere), travaille un incendiaire qui a enflammé la ville et qui œuvre à la reconstruire… C’est l’amant imaginaire avec lequel la prisonnière ne cesse de parler et de vivre. La rencontre physique aura lieu à la fin mais un nouveau malheur rattrape les jeunes gens qui s’en sortiront… relativement.

Les acteurs jouent entre ombre tamisée et lumière, entre nuit et jour artificiel, du côté des négoces interdits et fabrications fallacieuses. Une société actuelle où percent à n’en plus finir les inégalités, entre la réussite des uns et la misère oppressante des autres évoqués, à travers les figures de l’innocence, de la connaissance du monde et de la rédemption. Le sentiment d’exister trouve souvent sa place entre rêve et réalité, épreuves vécues et fiction. Le narrateur (Jean-François Pauvros), commente en voix off diffusée dans le noir, les pensées et sentiments d’un philosophe humaniste. Dans des monologues ou dialogues à la prose poétique comme celle des personnages, il règle son compte à une société cynique, tout en préservant  la part de rêve que chacun a en soi…

Véronique Hotte

Théâtre de la Cité Internationale, 17 boulevard Jourdan, Paris XIV ème, jusqu’au 11 décembre. T. : 01 43 13 50 60.

 

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