Aglaé, texte et mise en scène de Jean-Michel Rabeux, d’après les mots d’Aglaé
Aglaé, texte et mise en scène de Jean-Michel Rabeux, d’après les mots d’Aglaé
Elle enlève ses lunettes, circule parmi les spectateurs : «J’ai trop de personnalité, et en plus, je suis emmerdante, si j’avais pas mon fils, je serais complètement heureuse. Mon fils c’est ma plaie, c’est pour ça que j’ai lu des livres, après, j’en ai soupé ! (…) Une pute, c’est pas une salope, y-a pas de honte, j’aime le client. Un jour, un client sort un martinet, il me demande de le fouetter avec ! Cela m’est arrivé à moi aussi …J’aimais ça, les spécialités et la rue, j’aimais aussi. Il est gendarme mon fils ! Un prince arabe, je l’appelais Loukoum, lui, je l’ai aimé. Tout prince qu’il était, y tremblait ! Trop de fric, c’est de la merde, ça les rend fous. Cela me plait de plaire encore à mon âge… »
La lumière baisse. « J’ai pris huit ans, la prison c’est nul ! (…) Un jour mon mari m’a dit : ça fait quinze ans qu’on s’aime pas ! Ils ont tous les droits, les flics. (….) Mes petits-enfants : « Qu’est-ce qu’elle fait Mémé? Mémé, elle suce des bites! » (…) T’es rien qu’un bout de bidoche quand tu poses, ça devrait être remboursé par la Sécurité Sociale pour les pauvres.(…) Mon fils devenu policier, il est chauve maintenant, mon fils, mon fils, mon fils ! »
La lumière baisse puis s’éteint. Un triomphe d’applaudissements salue cette extraordinaire performance, à la fois joyeuse et désespérée, d’une grande actrice, complice de toujours de Jean-Michel Rabeux, qui a aussi travaillé avec Claude Régy, Bruno Bayen, Jacques Lassalle, Philippe Adrien…
Edith Rappoport
Théâtre du Rond-Point, 1 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris VIII ème, jusqu’au 30 décembre. T. : 01 44 95 88 00.