Veillée de l’Humanité : anniversaire des soixante-dix ans de la signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Veillée de l’Humanité: anniversaire des soixante-dix ans de la signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

525C47D9-617A-41B8-BEE8-5C385FAF57F2Le 10 décembre 1948, au Palais de Chaillot, quarante-huit pays adoptaient cette Déclaration. Le Théâtre National de la Danse à Chaillot a fêté cet anniversaire en compagnie de deux cents artistes, une veillée ponctuée de moments intenses. A une époque où les bases de la société se trouvent fragilisés, en France et dans le monde, certains articles de cette Déclaration sont bafoués, comme l’ont souligné les invités qui sont intervenus.

Nous nous souviendrons longtemps des phrases-choc de Wajdi Mouawad,  racontant sa souffrance d’enfant, sa famille humiliée, les Droits de l’Homme piétinés au Liban, son pays d’origine. Jusqu’à se provoquer volontairement  sur scène un vomissement après avoir ingurgité des hamburgers en grande quantité, tandis qu’une voix off distillait de belles paroles hypocrites des dirigeants politiques du monde entier.

Dans le même esprit, Angelin Preljocaj a présenté un duo où l’un des danseurs bloque les mouvements de l’autre, en emprisonnant ses membres avec un ruban adhésif. Le danseur Dominique Mercy nous a offert un solo plein de liberté, extrait d’une pièce de Pina Bausch. Caroline Marcadé et José Montalvo ont chorégraphié plusieurs groupes de danseurs.  Et Carolyn Carlson a mis en scène deux interprètes africains en totale fusion physique. Lia Rodrigues et sa compagnie clament leur fureur de vivre dans un pays, le Brésil plongé dans le chaos. Marcia Barcellos convoque un danseur rwandais, pour dénoncer les souffrances des migrants.

D’autres chorégraphes leur ont succédé, tous impliqués dans cette démarche, comme les comédiens dont Eric Ruf, administrateur de la Comédie-Française- qui ont dit des textes d’Oleg Sentov, Léonora Miano, ou Vladimir Maïakovski, en hommage à Kirill Serebrennikov, artiste toujours assigné à résidence en Russie.

Ouvertes par un film où Isabelle Adjani énumère avec douceur les articles de cette Déclaration universelle des Droits de l’Homme, ces trois heures de partage se sont terminées par une performance de Phia Ménard : ceinte de barbelés, elle tient à bout de doigt notre terre, un ballon gonflé qu’elle libère vers une destination incertaine.

«Cette manifestation, nous la ferons sans fard, sans démonstration, simplement, c’est- à-dire sans décor, sans costume, sans lumière, avec la lumière d’une veillée. » (…) «Tout va se rencontrer, s’unir dans ce moment unique, cet état de veille que nous vivons ensemble ce 10 décembre» annonçait en préambule Anne-Laure Liégeois, coordinatrice de cette belle soirée. Une vraie réussite.

Jean Couturier

Le 10 décembre,  au Théâtre national de la danse de Chaillot 1 place du Trocadéro, Paris, XVI ème.

Cette célébration a été transmise  en direct sur Arte, et est visible en rediffusion.          


Archive pour 12 décembre, 2018

Antisocial, direction du projet de Luminiţa Bîrsan, mise en scène Bogdan Georgescu

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Focus Roumanie au Théâtre de la Ville :

Antisocial, direction du projet: Luminiţa Bîrsan, mise en scène de Bogdan Georgescu

Au départ, une véritable affaire qui a été relayée et commentée par la presse locale : des lycéens roumains avaient créé un groupe secret sur Facebook, où ils ridiculisaient leurs professeurs. Grâce à un faux profil, l’un d’eux, avait réussi à s’introduire dans le groupe… Sous la pression populaire, aucun élève ne sera puni, et l’affaire sera oubliée. Le spectacle a été créé deux mois seulement après les faits au Théâtre national Radu Stanca de Sibiu et dans des lycées où il a été joué par des acteurs encore étudiants.

Bogdan Georgescu, metteur en scène et dramaturge de trente-quatre ans, veut traiter ici de la liberté d’expression et parler de «la place de l’intime dans l’espace public, la corruption et la dégradation du système éducatif en Roumanie. » Question récurrente : Facebook et morale publique sont-ils compatibles? Sur le plateau dans une demi-obscurité, Cristina Blaga, Paul Bondane, Anton Balint, Călin Mihail Roajdă, Alexandra Șerban, Cristi Timbuș et Gabriela Pîrliţeanu, quatre jeunes et trois jeunes comédie(n)nes, en complet ou tailleur bleu foncé, assis sur des fauteuils de bureau à roulettes autour d’une table à tréteaux rouge vif. Juste éclairés par la lumière de leur téléphone portable qu’ils consultent très concentrés, dans un silence total pendant plusieurs minutes.

Et on va entendre successivement élèves, enseignants, parents qui veulent savoir qui a dénoncé l’existence de ce groupe qui devait rester secret, et comment il faut réagir pour débloquer une situation inextricable où chacun se méfie de l’autre. Complicités et relations amicales de longue date vont voler en éclat avec des échanges souvent des plus virulents  et même de phrases pleins de haine, voire carrément injurieuses, et on en arrivera même à l’affrontement physique entre deux copains! Chacun dévoile un peu de sa personnalité, au  cours d’une sorte de dialogue qui n’en est pas vraiment. Tout à fait impressionnant !

C’est une composante à visée politique du théâtre roumain contemporain : faire du théâtre à partir de faits et situations de la vie ordinaire. « L’Art Actif, dit Bogdan Georgescu,  est de transformer la vie de tous les jours en une œuvre d’art collective. L’idée ; c’est de mettre en lumière des réalités qui, en général, sont ignorées, minimisées ou marginalisées pour créer une prise de conscience et construire une communauté autour du projet. » Ce théâtre que l’on pourrait donc qualifier de communautaire est fondé en grande partie sur la qualité du jeu, ici très rigoureux et absolument exemplaire, et même si le spectacle est court : une heure, on s’attache vite à ces interprètes qui ont pourtant chacun peu de texte.  Ils resteront tous sur le plateau, mais chacun, toujours assis, changera de place en faisant rouler sa chaise pour jouer la scène suivante. Et, à la fin, ils reviendront à la disposition initiale.

Mais on ne vous dévoilera pas le dénouement de ce court mais remarquable spectacle. Un peu gâché par un sur-titrage mal fait, trop rapide et donc fatigant qui oblige le spectateur à courir après le texte. Malgré cette réserve, allez voir cette création, même si elle ne se joue encore que deux jours, (il reste peut-être quelques places).  Elle apporte une bouffée d’air frais salutaire dans le paysage souvent morose du théâtre automnal parisien… Et cela fait un bien fou.

Philippe du Vignal

Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris XVIII ème, jusqu’au 13 décembre. T. : 01 48 87 54 42.

 

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