Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, traduction en grec et mise en scène de Thomas Mosshopoulos
Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, traduction en grec et mise en scène de Thomas Mosshopoulos
Dans ce roman dystopique, publié en 1953, Ray Bradbury (1920-2012), célèbre écrivain américain, montre une vision pessimiste d’un futur souvent totalitaire. Il en proposa lui-même en 1979, une version théâtrale. «Avant tout, je n’écris pas de science-fiction. J’ai écrit seulement un livre de science-fiction et Fahrenheit 451 est fondé sur la réalité. La science-fiction est une description de la réalité. Le fantastique est une description de l’irréel. »
Ici, le rôle des pompiers a bien changé: ils ne sont désormais plus chargés d’éteindre les incendies, mais plutôt de les allumer. Ainsi, ils doivent détruire par le feu tous les livres existants. Le titre fait référence à la température en degrés Fahrenheit à laquelle le papier s’enflamme soit environ 232,8 °C. Les pompiers ont aussi pour mission de traquer les résistants qui cachent des ouvrages chez eux. Mais l’un d’eux, Guy Montag, va se sentir attiré par la lecture et prêt à entreprendre une mission dangereuse qui changera radicalement sa vie. Ray Bradbury critique la restriction de la liberté de la pensée, la censure, et les stratégies de manipulation des régimes dictatoriaux.
Thomas Mosshopoulos crée un spectacle imposant sur un plateau plein de fumées, et soutenu par des projections vidéo. Il nous montre la vie au futur telle que l’imagine Ray Bradbury dont les personnages agissent comme des automates, manquent de spiritualité et dont les relations professionnelles sont cruelles. Les livres s’enflamment virtuellement et l’espionnage électronique trace un espace étouffant. Evangélia Therianou a conçu un décor métonymique de cet univers où l’homme est une machine, incapable de réfléchir, mais docile et apte à consommer. Les costumes de Claire Bracewell sont ceux, professionnels, des personnages et la musique de Kornilios Selampsis comme les éclairages de Sophia Alexiadou renforcent la terreur et l’angoisse des situations.
Alexandros Logothétis incarne Montag en signifiant bien son évolution puis son revirement. Anna Masha exprime avec intensité le cynisme de Beatty, une carriériste d’une inébranlable volonté. Evdokia Roumelioti soutient avec justesse le personnage de Mildred. Kitty Paitazoglou joue à la fois Clarisse et Hélène. Haris Tsitsakis incarne Faber en soulignant la résistance qui la caractérise. Xénia Kalogéropoulou joue Madame Hadson avec passion et fureur pour renforcer le sacrifice, la constance et hélas, l’autodestruction qui caractérisent cette héroïne. Le duo Manos Galanis (Black) et Thanos Lekkas (Holden) critique les médias et leur influence sur la conscience des masses.
Un spectacle d’une grande qualité qui stigmatise sans didactisme les dangers qui menacent le monde à venir où les citoyens privés d’esprit critique sont incités à consommer toujours davantage…
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Porta, 59 avenue Mesogeion, Athènes. T. : 0030 210 77 11 333