Bosch Dreams mise en scène de Samuel Tétreault, mise en images d’Ange Potier
Bosch Dreams mise en scène de Samuel Tétreault, mise en images d’Ange Potier
A l’heure où l’on met en scène les grands peintres de l’Histoire, comme à la Carrière des Lumières aux Baux-de-Provence (voir Le Théâtre du Blog), des circassiens osent ici faire une incursion surprenante dans l’œuvre de Jérôme Bosch (1450-1516). La compagnie québécoise les 7 Doigts, qui joue depuis 2002 et avec succès dans le monde entier, célèbre, à la demande de la fondation Hieronymus 500, le cinq centième anniversaire de la mort du peintre avec une remarquable création alliant numéros spectaculaires et cinéma d’animation.
Les 7 Doigts nous invite ici à partager Le Jardin des Délices. Le célèbre triptyque, exposé au Musée du Prado à Madrid, s’ouvre ici en plein écran, comme un gigantesque livre d’images où les circassiens rejoignent les créatures fantastiques du peintre, natif de Den Bosch, un bourg au sud des Pays-Bas. Une petite fille au ballon rouge nous entraîne dans ce monde fabuleux, telle une Alice au pays des merveilles, et nous conduit dans cette iconographie irréelle, du Paradis à l’Enfer. Elle se révèlera aussi une excellente trapéziste et meilleure guide que le conférencier aux commentaires lourds et inutiles qui essaye, entre les scènes, de décrypter cette œuvre étrange..
Les images parlent mieux que les mots, et les corps nous enchantent. On se promène dans le panneau central du tableau, peuplé d’une humanité étrange et fornicatrice, d’un bestiaire monstrueux et cocasse. De la toile, animée en trois dimensions par Ange Potier, émergent des villageois aux masques grotesques, un prestidigitateur et des acrobates moyenâgeux. Plus tard, une contorsionniste décrit des arabesques dans une bulle, telle les femmes écartelées du tableau… Light my fire enflamme un duo aérien onirique : Jim Morrison, poète et musicien, cofondateur du groupe The Doors ( 1943-1971) était un grand admirateur de Jérôme Bosch…
Après les délices de ce jardin, accompagnées des musiques planantes de The Doors ou de Philip Glass un paysage d’apocalypse se déploie, scènes de guerre et d’incendie dans une scénographie calquée sur le dernier volet du triptyque. Avec des artistes au sommet de leur art au milieu des bombes, des sirènes et des flammes… Malgré les commentaires besogneux de l’animateur pédagogue et ses clins d’œil appuyés du côté de Salvador Dali, qui rompent régulièrement la magie du spectacle, cette féérie nous captive, et nous ne regretterons pas d’être venus.
Mireille Davidovici
Spectacle vu à Bonlieu-Scène nationale d’Annecy (Haute-Savoie), le 19 décembre.
Les 24 et 25 janvier, Maison des Arts du Lac Léman Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) ; du 29 au 31 janvier, Scène nationale de Bayonne (Pyrénées- Atlantiques).
Le 5 février, Scènes Mitoyennes de Cambrai (Nord) ; les 8 et 9 février, Grand Théâtre de Mâcon (Saône-et-Loire ) et du 12 au17 février, Odyssud, Blagnac (Haute-Garonne).