Les Secrets d’un gainage efficace par Les filles de Simone
Les Secrets d’un gainage efficace par Les filles de Simone
Réunion du Groupe Corps : cinq actrices trentenaires, autour d’une table, parlent du rapport des femmes à leur corps : «D’où viennent ces corsets intériorisés et obsédants ? »Elles veulent étudier «nos conditionnements culturels, nos tabous, nos hontes», pour écrire un livre à l’image de Notre corps nous-mêmes publié en 1977 par un collectif féministe. Comme les groupes de femmes des années soixante-dix, elles évoquent différents thèmes dont les normes de beauté, l’anatomie et la sexualité féminines, la boulimie et l’anorexie, le viol… Entre les débats, chaque personnage témoigne de sa propre expérience parfois pathétique : «Je voulais être un garçon, c’est plus pratique. (…) Mais je suis restée une fille. Donc j’ai laissé mon corps très loin de moi, je l’ai mis en sourdine. » (…). » J’étais ado, je mangeais sans penser à ce que je faisais à mon corps. Je ne savais pas que j’étais grosse. Je ne savais plus que j’avais un corps.»
Mais le spectacle reste léger et joyeux. On chante J’aime les filles du MLF sur un air de Jacques Dutronc, on imagine la visite guidée d’un appareil génital féminin. Ou on convoque Sigmund Freud et Saint-Augustin, phallocrates patentés, et Mona Chollet, autrice de Beauté fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine. On joue aussi quelques saynètes oniriques, bulles d’air poétiques et cocasses. Bref, on s’amuse en militant…
Les Filles de Simone : Claire Fretel, Tiphaine Gentilleau et Chloé Olivières, après le succès de C’est (un peu) compliqué d’être à l’origine du monde, une pièce sur la maternité, reprennent leur bâton de pèlerines féministes, sensibles à toutes les questions d’égalité Hommes/Femmes. Les Secrets d’un gainage efficace s’est élaboré à la croisée des improvisations et sous la direction de Claire Fretel.
En s’attaquant à bras le corps aux tabous toujours vivaces qui pèsent sur les femmes, Les Filles de Simone libèrent un parole joyeuse. Ni stéréotypé ni didactique, le spectacle prête à rire mais reste chargé d’émotion. Chacun.e s’y reconnaîtra mais cet humour permettra à certain.e.s de mettre à distance un vécu douloureux. Du théâtre engagé roboratif…
Mireille Davidovici
Jusqu’au 3 février, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt Paris VIII ème. T. : 01 44 95 98 21.
Le 21 février, Le Reflet, Vevey (Suisse).
Le 12 mars, Théâtre du Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise).
Le 2 avril, La Ferme du Bel-Ebat, Guyancourt (Yvelines); le 5 avril, Théâtre du fil de l’eau Pantin (Seine-Saint-Denis); le 6 avril, Ma-Scène nationale de Montbéliard (Doubs); le 12 avril, Espace Germinal, Fosses (Val-d’Oise).
Notre corps nous-mêmes, éditions Albin Michel, d’après Our Bodies ourselves rédigé par le collectif de Boston pour la santé de femmes.
Un collectif de femmes prépare une nouvelle édition qui sera publiée chez Hors-d’atteinte en 2019.
Beauté fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine de Mona Chollet, éditions Zones.