Les Ailes du désir, d’après le film de Wim Wenders, mise en scène de Marie Ballet
Les Ailes du désir, d’après le film de Wim Wenders, mise en scène de Marie Ballet
En 1987, ce film reçoit le Prix de la mise en scène au festival de Cannes puis d’autres récompenses de par le monde. Il faut une certaine audace pour l’adapter au théâtre… Une création qui suscite donc la curiosité. Pour Marie Ballet, c’est «une invitation, à sortir de nos solitudes». Cette fiction, à la folie joyeuse, mêlant fantastique et poésie, offre une place généreuse à l’imaginaire, à l’écoute du monde et des êtres dans ce qu’ils ont de plus secret et mystérieux. Telle est sans doute la raison de cette création.
Dans un espace nu et sombre avec en fond de scène, quelques barres métalliques; à jardin un échafaudage, des ailes d’ange en plumes blanches et, à cour, un orchestre: micros, guitares électriques. Au centre, un trapèze. Vaste et froid, un peu comme un terrain vague, l’endroit semble comme en attente d’un événement, histoire de chasser l’ennui, la solitude… avec un peu de vie, pour ici présents à Berlin, la trapéziste Marion et le musicien, mais aussi plus inattendus pour deux anges Cassiel et Damiel. Invisibles, ils scrutent la grande ville et errent parmi les humains. Damiel tombe amoureux de la trapéziste et cela va bouleverser son destin…Il décide de renoncer à l’immortalité pour vivre comme un homme avec ses joies et ses peines et goûter ainsi aux plaisirs terrestres.
Les personnages de ce conte fantastique et philosophique s’interrogent : comment vivre autrement et refuser l’aliénation… Comment écrire sa propre histoire et rechercher la liberté d’être au monde. Et comment s’ancrer dans le réel, en laissant libre cour au dionysiaque; pour Marion, la trapéziste, comme pour le musicien, et aussi, plus surprenant, pour les anges. Il y a dans cette fiction poétique, une belle dramaturgie, avec des images inoubliables et un rythme solide.
Mais ce n’est pas le cas ici! On salue le talent et la grâce de Camille Voitellier (Marion la Trapéziste) mais les acteurs n’arrivent pas à s’ancrer dans le fantastique et dans une rencontre entre réalité et onirisme où on cherche le regard bienveillant de l’autre, ses secrets et ses appels… Le spectacle reste fragmentaire: jamais ne surgit l’indispensable tension dramatique et il n’y a pas de lien entre les fragments dispersés. Le public attend mais finit par se lasser et trouve, heureusement, une certaine émotion avec des moments musicaux et des acrobaties. Mais espérons, ces Ailes du désir peuvent encore prendre un véritable élan théâtral…
Elisabeth Naud
Jusqu’au 3 février, Théâtre 13/Seine, 30 rue du Chevaleret, Paris XIII ème. T. : 01 45 88 62 22.