Gravité, chorégraphie d’Angelin Preljocaj

Gravité, chorégraphie d’Angelin Preljocaj

 

©jean-claude Carbonne

©jean-claude Carbonne

En 1998, Laurence Louppe écrivait dans la revue du Théâtre de la Ville: «Angelin Preljocaj est un de ces chorégraphes entêtés des années quatre-vingt qui n’ont pas l’intention de s’en laisser conter par le babil des idées en place dans la société, comme dans l’intelligentsia…» Depuis, il a creusé un sillon majeur dans la danse contemporaine, alternant chorégraphies narratives et abstraites. Gravité fait partie de ses pièces expérimentales mais garde un aspect grand public.

Après un début magistral où les jeunes interprètes de sa compagnie naissent du sol avec lenteur, ils vont défier les lois de la pesanteur. Souvent en duo ou en groupe, et sans aucun temps mort, ils s’engagent avec énergie dans des chorégraphies très rythmées, sur des musiques de Johan- Sebastian Bach, Philip Glass, Daft Punk…  On retiendra aussi un beau trio de danseuses au sol  dans une synchronisation parfaite et le solo final tout en tension de Nurya Nagimova qui pousse au maximum les limites de l’équilibre. Entre temps, une surprise avec Le Boléro de Ravel danséen  rosace à géométrie variable, un beau kaléidoscope hypnotique…

Angelin Preljocaj compose ses pièces à partir des mouvements de son propre corps : «Quand je danse, j’ai comme une espèce de flux qui me réjouit et qui me porte. La danse classique cherche à s’émanciper de la gravité, alors que la danse contemporaine utilise la gravité et le poids du corps».  Ce langage chorégraphique virtuose a été très bien accueilli par un public enthousiaste. Angelin Preljocaj, en humble artisan,  cherche en permanence à repousser les limites du corps : «On peut refaire tout cela un peu plus vite » dit-il quelquefois à ses danseurs, pendant les répétitions.

Un spectacle d’une heure vingt promis à un bel avenir et dont les différentes étapes de création ont été filmées pour France-Télévisions par Florence Platarets. «Créer, dit le chorégraphe à la fin du film, c’est ma façon d’exister, d’être au monde et de le regarder. » 

 Jean Couturier

Théâtre National de la Danse de Chaillot, 1 place du Trocadéro, Paris XVI ème, jusqu’au 22 février.

 

 

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