La Promesse d’Alexeï Arbouzov, mise en scène d’Eléanne Santorinaiou

 

La Promesse (Mon pauvre Marat) d’Alexeï Arbouzov, traduction de Giorgos Sevastikoglou, mise en scène d’Eleanne Santorinaiou

 70C4DEB4-6CB5-4884-9328-1BC34C8633B9Le dramaturge russe (1908-1986) analyse la psychologie et la situation sociale de ses personnages dans un style à la fois lyrique et drôle. La pièce (1965), montée à Paris deux ans plus tard par Michel Fagadau, raconte le parcours de trois adolescents qui se sont rencontrés pendant la guerre. Marik (Marat), un jeune soldat, cherche à survivre dans un refuge. Lika, une fille de seize ans en danger, y trouve aussi un abri. Les conditions sont terribles mais ils goûtent à leur première expérience amoureuse. Un jour, un blessé, Léonidic, les rejoint et le triangle vacille entre l’amitié et l’amour. Très différents, ces jeunes gens partagent leurs difficultés et leurs rêves, leurs rires mais aussi les pleurs et la famine. Marik veut devenir constructeur de ponts: «Les ponts, dit-il souvent, unissent les gens». Lika, elle, rêve faire de la recherche médicale pour sauver le monde des maladies et Léonidic écrit des vers et désire être poète. Des années se sont écoulées, Marik devient un héros mais est porté disparu. Léonidic a perdu une main au combat et est amoureux de Lika. La réapparition de Marik après la fin de la guerre complique la situation: Lika et Léonidic vivent en couple depuis treize ans! Mais qui aime vraiment Lika? Alexeï Arbouzov esquisse d’une façon exceptionnelle les troubles des sentiments et le psychisme de cet étrange triangle de personnages qui vont, après une innocente adolescence, découvrir la dure réalité de l’âge adulte. Ils  ne peuvent plus rester dans la frivolité et devront prendre des décisions qui marqueront leur avenir.

Le spectacle d’Eléanne Santorinaiou, plein de sensibilité et tendresse, alterne moments dynamiques et plus statiques mais l’intérêt du public ne faiblit pas. Jeu et mise en scène sont au service d’une bonne lisibilité des motivations et des actions. Panagiotis Gavrelas (Marik) souligne la difficulté de son héros à exprimer les vrais sentiments qu’il éprouve et à gérer ses relations avec son entourage. Errikos Miliaris (Léonidic) crée un personnage, fragile en apparence mais dynamique et volontaire. Koni Zikou (Lika) incarne la femme : pomme de discorde, elle hésite entre ces hommes représentant deux visions du monde différentes. Un spectacle qui nous a plongés dans une douce mélancolie, tout en nous incitant à réfléchir à la complexité des relations humaines.

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre Fournos, 168 rue Mavromichali, Athènes.  T. : 0030 210 64 60 748.


Archive pour 22 février, 2019

Oulipolisson! textes oulipiens, adaptation de Jehanne Carillon et Olivier Salon

(c) Régis Nardoux

(c) Régis Nardoux

Oulipolisson! textes oulipiens de Paul Fournel, Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Jacques Roubaud et Olivier Salon, adaptation de Jehanne Carillon et Olivier Salon (tout public à partir de six ans)

D’abord les présentations de ces « jeunes » et bien connus auteurs de textes formidables reconvertis pour la scène : Paul Fournel,  écrivain et poète,  régent du collège de Pataphysique et président  de l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle)  cher à Georges Perec. Auteur de romans, nouvelles, poésies, théâtre, Hervé Le Tellier, le benjamin (soixante et un ans) est aussi l’auteur de formes très courtes. Membre de l’Oulipo depuis 92, il a aussi publié un ouvrage de référence, Esthétique de l’Oulipo et a participé à l’aventure de la série Le Poulpe avec un roman, La Disparition de Perek, adapté ensuite en B.D.

À la fois poète, romancier, nouvelliste, auteur de théâtre, essayiste et artiste (il réalise des collages), Jacques Jouet participe, comme Hervé Le Tellier, à l’émission Des Papous dans la tête sur France-Culture. Jacques Roubaud, lui aussi mathématicien de formation, puis journaliste est spécialiste des littératures à contraintes. Avec d’autres artistes et écrivains comme Henri Cueco décédé il y a deux ans, Gérard Mordillat et Jacques Jouet, il participe depuis 91 aux Papous dans la tête.
Olivier Salon, professeur de mathématiques, a soutenu une thèse sur la théorie des nombres. Membre de l’Oulipo depuis dix-huit ans, mais aussi comédien et pianiste occasionnel, il a joué  dans Pièces détachées de l’Oulipo  et dans L’Augmentation de Georges Perec… Jehanne Carillon est elle, chanteuse et comédienne  mais aussi auteure de textes pour Les  Papous dans la tête. Elle mène superbement ce remarquable ovni avec Olivier Salon; tous les deux ont une diction et une gestuelle des plus rigoureuses mais aussi, ce qui n’est pas incompatible, une grande générosité  envers les enfants.

Sur le plateau, trois chaises de cuisine des années cinquante en tubes chromés siège et dossier et stratifié rouge foncé, un rétro-projecteur, deux téléphones à cadran noir ou gris. Paule et Jean-Patrick, un drôle de couple: elle, en affreuse robe verte et lui, en chemise blanche et nœud papillon, affublé d’un pantalon à grands carreaux, s’amusent avec la langue  française, la triturent et la déforment. Calembours, détournements, allitérations, et rimes en tout genre… Sur des musiques de Mike Solomon, Maurice Ravel, Claude Debussy et Django Reinhardt. Les enfants sont ravis, comme ils le sont quand ils écoutent du Ghérasim Luca.Il y a aussi de beaux moments chantés ou dansés.

Puis vient une expérience: les acteurs demandent aux enfants: « Qui connait suffisamment Le Corbeau et le Renard pour la dire. Un petit garçon la récite bien (normal, c’est le fils de Jehanne Carillon: bien vu!). Puis la fable s’affiche sur l’écran mais sans les noms  qu’Olivier Salon demande aux enfants de remplacer. Enthousiastes, les enfants lèvent sans cesse le doigt pour faire une proposition. L’acteur choisit habilement le mot qui convient le mieux mais au passage, remercie Joséphine, Honoré, Baptiste ou Christelle: le premier prénom venu l’affaire! Les enfants jubilent. Puis une fois remplies toutes les cases manquantes directement sur le rétro-projecteur, Jehanne Carillon propose à une petite fille de lire cette nouvelle version de la célèbre fable et à la toute fin, demande à une spectatrice d’apporter la boîte en carton qui est sous son siège et, moment plein de magie, elle en offre un exemplaire à chaque enfant ou adulte…
Un petit spectacle (une heure dix) sans aucun temps mort et d’une rare qualité poétique; s’il passe près de chez vous, n’hésitez pas.

Philippe du Vignal

Spectacle vu à La Graineterie, Houilles (Yvelines)
 le 17 février.
Les 16 et 17 mars, Culture commune-Loos-en-Gohelle, Scène nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais. Et 
du 19 au 25 mars, tournée en Hongrie.

Du 16 au 27 mai, Côté Cour,  Scène conventionnée Art, enfance et jeunesse, Espace Menestrier à Valdahon ( Doubs); le  17 mai à Maîche (Doubs); le 21 mai L’Oppidum-Champagnole (Isère) ; le 22 mai, à Vesoul (Haute-Saône); le 23 mai, M.J.C. de Palente, Besançon; le 24 mai, Espace des Arcades, Pierrefontaine-les-Varans  et le 27 mai, à Voujeaucourt (Doubs).

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