Et ma cendre…. d’après Marina Tsvetaeva, mise en scène de Marie Montegani

Et ma cendre sera plus chaude que leur vie, d’après Marina Tsvetaeva, mise en scène de Marie Montegani

Crédit photo : Xavier Cantat

Crédit photo : Xavier Cantat

 Marina Tsvetaeva (1892-1941) un des grands poètes russes du XX ème siècle.  Reconnue en France tardivement dans les années 1980-1990, à côté de ses contemporains : Pasternak, Maïakovski, Mandelstam, Akhmatova, elle a subi des épreuves douloureuses entre exaltation et tragédie. Sa poésie est lyrisme, rigueur et éthique, goût pour la musique des mots : oralité, sonorité et rythmique mettant à bas la tradition. Lyrique et passionnée, elle s’est sans cesse heurtée à l’engagement idéologique révolutionnaire. Issue d’une famille d’intellectuels aisés, elle se consacre tôt à la poésie, subissant les privations dues à la Révolution et à la guerre civile. Elle affrontera ensuite l’exil dès 1925, dans le milieu des émigrés russes à Paris qui la rejettent pour ses vues politiques et sa poésie exaltée.

L’indépendance et la solitude la placent à contre-courant de son époque, et elle se dit elle-même révolutionnaire en s’insurgeant contre les Rouges. Elle passe sa vie chichement et dans le besoin, sans cesser d’écrire, éprouvant un malaise face au quotidien mesquin. Elle rentre en étrangère en U.R.S.S. en 1939  et vit l’arrestation des siens devenus pro-soviétiques au moment de l’exil. Son mari, Serge Efron, membre du N.K.V.D. et Alia, leur fille sont arrêtés pour espionnage durant l’été 1939. Lui, est fusillé en 1941, et Alia passera huit ans en camp, puis cinq ans en exil. En juillet 1941, à la suite de l’invasion allemande, Tsvetaïeva et son fils acceptent d’être évacués à Iekabalouga en République de Tatarie. Seule, sans travail et sans aucun soutien, elle se pendra en 1941. Elle a été réhabilitée en 1955.  

Ses quinze carnets, que l’ouverture des archives de Marina Tsvetaeva a fait connaître au public en 2.000, révèlent une écriture fragmentaire et inachevée  de poèmes remplis d’aphorismes, formules provocatrices et jeux de mots mais aussi d’un Journal tenu de 1931 à 1939. Illuminée par la présence d’Alia, elle a pour elle, un amour maternel exclusif et elle néglige sa seconde fille Irina qui mourra de faim dans un orphelinat. Ses poètes préférés sont allemands: Goethe, Heine, Hölderlin… Elle voue aussi une passion à Boris Pasternak dont elle voulait faire porter le prénom  à son fils. Grâce à cet écrivain, elle entre en contact avec Rainer Maria Rilke en 1926. Echange épistolaire avec reconnaissance réciproque, passion pour l’inspiration poétique et l’amour expressif. L’écriture signifie pour elle vivre, et cela dès «l’âge d’argent» russe : les deux décennies précédant la révolution de 1917, avec une poésie à caractère autobiographique. Un choix existentiel et magnifiquement porté ici par Clara Ponsot que dirige avec efficacité Marie Montegani.

Au lointain, un écran vidéo où défilent des images à dominante bleue et sombre, extraites de Jamais la mer se retire de l’artiste Ange Leccia.  Flux, reflux et écume des vagues.. L’actrice se tient, assise, droite sur une chaise, un carnet dans ses mains jointes, digne en robe sombre. Il émane du beau visage lumineux de Clara Ponsot, une ferveur de vivre, un enthousiasme sensuel à distiller et à exprimer grâce à sa voix et sa gestuelle, un goût affirmé pour l’art de dire, mais aussi pour ressentir cette belle énigme d’être au monde.

Véronique Hotte

Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris VI ème, jusqu’au 6 avril. T. : 01 45 44 57 34.  Les Carnets ont été publiés dans leur intégralité en 1988 par les éditions des Syrtes.
Ses œuvres T.: 1: Prose autobiographique et T. : 2: Récits et essais, sont parues aux éditions du Seuil.
Insomnie et autres poèmes sont édités chez Gallimard.

 


Archive pour 23 février, 2019

Et ma cendre…. d’après Marina Tsvetaeva, mise en scène de Marie Montegani

Et ma cendre sera plus chaude que leur vie, d’après Marina Tsvetaeva, mise en scène de Marie Montegani

Crédit photo : Xavier Cantat

Crédit photo : Xavier Cantat

 Marina Tsvetaeva (1892-1941) un des grands poètes russes du XX ème siècle.  Reconnue en France tardivement dans les années 1980-1990, à côté de ses contemporains : Pasternak, Maïakovski, Mandelstam, Akhmatova, elle a subi des épreuves douloureuses entre exaltation et tragédie. Sa poésie est lyrisme, rigueur et éthique, goût pour la musique des mots : oralité, sonorité et rythmique mettant à bas la tradition. Lyrique et passionnée, elle s’est sans cesse heurtée à l’engagement idéologique révolutionnaire. Issue d’une famille d’intellectuels aisés, elle se consacre tôt à la poésie, subissant les privations dues à la Révolution et à la guerre civile. Elle affrontera ensuite l’exil dès 1925, dans le milieu des émigrés russes à Paris qui la rejettent pour ses vues politiques et sa poésie exaltée.

L’indépendance et la solitude la placent à contre-courant de son époque, et elle se dit elle-même révolutionnaire en s’insurgeant contre les Rouges. Elle passe sa vie chichement et dans le besoin, sans cesser d’écrire, éprouvant un malaise face au quotidien mesquin. Elle rentre en étrangère en U.R.S.S. en 1939  et vit l’arrestation des siens devenus pro-soviétiques au moment de l’exil. Son mari, Serge Efron, membre du N.K.V.D. et Alia, leur fille sont arrêtés pour espionnage durant l’été 1939. Lui, est fusillé en 1941, et Alia passera huit ans en camp, puis cinq ans en exil. En juillet 1941, à la suite de l’invasion allemande, Tsvetaïeva et son fils acceptent d’être évacués à Iekabalouga en République de Tatarie. Seule, sans travail et sans aucun soutien, elle se pendra en 1941. Elle a été réhabilitée en 1955.  

Ses quinze carnets, que l’ouverture des archives de Marina Tsvetaeva a fait connaître au public en 2.000, révèlent une écriture fragmentaire et inachevée  de poèmes remplis d’aphorismes, formules provocatrices et jeux de mots mais aussi d’un Journal tenu de 1931 à 1939. Illuminée par la présence d’Alia, elle a pour elle, un amour maternel exclusif et elle néglige sa seconde fille Irina qui mourra de faim dans un orphelinat. Ses poètes préférés sont allemands: Goethe, Heine, Hölderlin… Elle voue aussi une passion à Boris Pasternak dont elle voulait faire porter le prénom  à son fils. Grâce à cet écrivain, elle entre en contact avec Rainer Maria Rilke en 1926. Echange épistolaire avec reconnaissance réciproque, passion pour l’inspiration poétique et l’amour expressif. L’écriture signifie pour elle vivre, et cela dès «l’âge d’argent» russe : les deux décennies précédant la révolution de 1917, avec une poésie à caractère autobiographique. Un choix existentiel et magnifiquement porté ici par Clara Ponsot que dirige avec efficacité Marie Montegani.

Au lointain, un écran vidéo où défilent des images à dominante bleue et sombre, extraites de Jamais la mer se retire de l’artiste Ange Leccia.  Flux, reflux et écume des vagues.. L’actrice se tient, assise, droite sur une chaise, un carnet dans ses mains jointes, digne en robe sombre. Il émane du beau visage lumineux de Clara Ponsot, une ferveur de vivre, un enthousiasme sensuel à distiller et à exprimer grâce à sa voix et sa gestuelle, un goût affirmé pour l’art de dire, mais aussi pour ressentir cette belle énigme d’être au monde.

Véronique Hotte

Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris VI ème, jusqu’au 6 avril. T. : 01 45 44 57 34.  Les Carnets ont été publiés dans leur intégralité en 1988 par les éditions des Syrtes.
Ses œuvres T.: 1: Prose autobiographique et T. : 2: Récits et essais, sont parues aux éditions du Seuil.
Insomnie et autres poèmes sont édités chez Gallimard.

 

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