Maguy Marin, l’urgence d’agir, documentaire de David Mambouch

Maguy Marin, l’urgence d’agir, documentaire de David Mambouch

© Laurence Dasniere

© Laurence Dasniere

May B, pièce-phare de la chorégraphe est le fil rouge de ce film. David Mambouch était dans le ventre de sa mère à la création de cette  pièce en 1981.  Personne n’était mieux placé qu’un fils, pour réaliser un «documentaire sur la compagnie Maguy Marin et sur May B, vus de l’intérieur. » D’abord boudé par le public, ce spectacle, inspiré des personnages de Samuel Beckett (May est le nom de la mère de l’écrivain) n’en finit pas depuis d’être représenté. Il a été dansé par plus de  cent interprètes! Avec  une reprise en 2016 et dernièrement,  une création à l’école de danse que Lia Rodrigues, l’une de ses premières interprètes,  a ouverte pour les enfants de la favela de Maré, près de Rio de Janeiro.

«Je suis littéralement né dans le monde du spectacle. » (…) « J’ai passé mon enfance sur des parquets de danse et dans les coulisses. » Enfant de la balle, David Mambouch se forme comme acteur à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre à Lyon, et joue dans la troupe permanente du T.N.P. à Villeurbanne. Pour autant, il ne s’éloigne pas de sa mère et reprend, à l’occasion, un rôle dans May B. Il réalise aussi des captations de ses chorégraphies.

Maguy Marin, L’Urgence d’agir est un portait de la chorégraphe à travers son œuvre et nous amène également au sein de la vie familiale et sentimentale de cette fille d’émigrés espagnols qui s’est vouée à la danse, malgré l’hostilité d’un  père rigide. Plus tard, elle embauche sa mère, couturière, dans sa troupe. Le film rend en passant, un bel hommage à cette femme qui entretint sa famille en travaillant du matin au soir et encouragea sa fille à suivre sa vocation. Mêlant extraits de pièces, images d’archives et interviews, le film montre Maguy Marin depuis ses premiers pas au Conservatoire de Toulouse dans les années soixante, puis à l’école de Maurice Béjart à Bruxelles. Depuis ses débuts précaires, jusqu’aux année où elle dirigea pendant treize ans le  Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape près de Lyon. Elle le quittera  en  2012, pour fonder un lieu indépendant : RAMDAM /un centre d’art.

David Mambouch propose ici un parcours sensible dans l’œuvre de sa mère et fait la part belle à ses engagements artistiques et politiques. On voit comment des pièces comme May B ou Cendrillon ont transformé l’image du corps dansant: «Des ballets ou des pièces, qui ne parlent que de corps beaux, jeunes et compétitifs, je trouve cela d’une violence inouïe ; socialement, je veux dire», s’indigne la chorégraphe. «Quel est ce moment de l’histoire du monde que nous façonnons concrètement pas chacun de nos actes ? » s’interroge-t-elle, au début du film. Elle éprouve, encore et toujours,  l’urgence d’exprimer sa révolte à travers la danse. Le réalisateur n’aborde pas ses dernières pièces qui sont loin de faire l’unanimité de la critique. On passe rapidement dans les coulisses de Deux mille dix-sept, renvoyant à cette « urgence d’agir  » (voir Le Théâtre du Blog). « Comment, dit-elle, parler des inégalités, dire les choses clairement sans que ce soit didactique ? Je n’ai pas trouvé la solution, j’ai pris le risque de cet accueil-là avec  cette pièce.»

On a plaisir à se replonger dans les répétitions et séquences-choc de May B  avec  son chœur argileux et archaïque : par exemple, la scène de la masturbation ou encore le magnifique final, quand, émergeant du grommelot, retentissent quelques mots : «Fini! C’est fini ! » Cette artiste qui a toujours pris le risque de se situer à contre-courant et a participé, avec d’autres, dans ces fertiles années quatre-vingt, au renouveau de la danse en France, valait bien un hommage.

 

Mireille Davidovici

 

Sortie du film en salle, le 6 mars.

Du 27 février au 12 mars Reprise de May Be au Théâtre de la Ville, espace Cardin  1 Avenue Gabriel,  Paris 8 e T. 01 42 74 22 77

 

 

 


2 commentaires

  1. Merci, j’ai rectifié ces erreurs aussitôt.

    bien à vous

    Philippe du Vignal

  2. Loli Hidalgo dit :

    Bonjour,
    Je suis chargée de la communication à la Compagnie Maguy Marin, je vous remercie pour cet article consacré au film de David Mambouch. Je souhaitais vous faire part de deux erreurs : dans le crédit de la photographe il y a une faute à son nom qui s’écrit DANIÈRE (sans « s ») et par ailleurs la pièce a été joué par 100 danseurs et non 900. Nous vous serions très reconnaissants de corriger ces erreurs.
    Bonne journée à vous.

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