Apocalypse Bébé, d’après Virginie Despentes, mise en scène de Selma Alaoui
Apocalypse Bébé, adaptation du roman de Virginie Despentes et mise en scène de Selma Alaoui
Elle avait été révélée par son roman Baise-moi en 1994 qu’elle adapta ensuite pour le cinéma, puis par King Kong Théorie en 2006, un autre roman cette fois autobiographique. l’auteure à dix-sept ans, avait été victime d’un viol en faisant du stop. Depuis, le livre a fait l’objet de plusieurs adaptations théâtrales et cette écrivaine et réalisatrice de films a publié une dizaine d’œuvres. Elle est membre de l’Académie Goncourt depuis 2015.
En 2010, parait Apocalypse Bébé qui reçoit le prix Renaudot. « L’œuvre, dit Selma Alaoui, est inclassable, se joue des codes et des genres pour offrir un regard aiguisé sur notre monde contemporain. Apocalypse Bébé a tous les traits d’une contre-utopie. Pourtant, le texte n’a rien de démoralisateur. Sa liberté de ton, son suspense, ses personnages hauts en couleurs en font un objet inédit, à la croisée des genres et des styles. «
Lucie Toledo, une femme un peu paumée, mène une enquête sur une adolescente perdue Valentine qui a disparu dans le métro. Elle travaille avec une femme, sûre d’elle et antipathique, surnommée La Hyène. Mais Lucie est éblouie, fascinée et souvent frustrée par son efficacité. Valentine, elle, « couchait avec le plus de monde possible, car elle pensait qu’on s’améliore au lit, comme on s’améliore au piano, en pratiquant». Lucie et la Hyène partent en voiture pour Barcelone à sa recherche. On voit apparaître un palmier lumineux et tout le monde se dandine sur le plateau: «Je suis en colère, écœurée et terrorisée; t’as passé trente-cinq ans; pour les hétéros, c’est une date de péremption. » (…) « ça y est, c’est officiel, on est une espèce en danger !» Il y a des guirlandes argentées et des ballons de baudruche, et tout le monde tape dedans…
Mais la Hyène agresse Lucie : «Tu n’as pas l’ombre d’une idée pour mener une enquête! » Une grosse fille, peut-être Valentine? se dandine et avale de la crème fraîche qu’elle prend dans le réfrigérateur: « Elle fait peut être partie d’une secte qui fait le ramadan de l’électronique, puisqu’on ne parvient pas à la localiser sur Internet !» Une Mercédès apparaît sur le plateau et une grosse fille en short se dandine en chantant: « Je veux te baiser, on veut me baiser! » Mais jamais personne ne lui adresse la parole. «Les richesses, c’est comme un effet-matelas, ça amortit les chocs.» Maude Fillon, Ingrid Heiderscheidt, Nathalie Mellinger, Achille Ridolfi, Eline Schumacher, Aymeric Trionfo et Mélanie Zucconi du collectif belge Maried interprètent avec talent cette adaptation du roman mais il est souvent difficile de se repérer dans une saga assez énigmatique…
Edith Rappoport
Théâtre Paris-Villette, 11 avenue Jean Jaurès, Paris XIX ème. T. : 01 40 03 72 23, jusqu’au 28 mars.