Danser Casa, chorégraphie de Kader Attou et Mourad Merzouki

Danser Casa, chorégraphie de  Kader Attou et Mourad Merzouki

 dansercasa_c_dan_aucanteL’un comme l’autre ont donné au hip-hop ses lettres de noblesse en l’amenant sur les grandes scènes de la danse contemporaine : après avoir fondé ensemble la compagnie Accrorap, en 1989, à Lyon, ils ont ensuite développé leurs propres créations et ont été  nommés à la tête de Centres Chorégraphiques Nationaux, l’un à La Rochelle et  l’autre à Créteil. Leur dernière co-réalisation remonte à une vingtaine d’années, pour un projet semblable en Algérie : Mekech Mouchkin ( Y’a pas de problème).

Ils se sont retrouvés en 2017 à Casablanca, pour transmettre leur expérience à de jeunes artistes et affirmer l’effervescence culturelle de cette ville, en particulier dans le domaine des arts de la rue. Pour cette pièce, ils ont sélectionné, parmi 186 hip-hopeurs, huit danseurs dont une seule femme. Issus de parcours et de villes différents, chacun d’eux, souvent autodidacte, a sa  spécialité : acrobatie, cirque, popping, locking, parkour, new style house et même danse contemporaine. Il s’agissait ici de trouver une cohérence dans le disparate des corps, des styles et des niveaux,  sans effacer la nature première des propositions individuelles, puis de fondre les numéros dans une fluidité d’ensemble.

Pari tenu. Le spectacle, imprégné par la ville de Casablanca, est une sorte de voyage à travers les époques et les techniques de cette danse très codée. Les  danseurs s’élancent avec ferveur dans cette aventure. L’un d’eux s’étant blessé (les risques du métier!), ils ne sont que sept sur le grand plateau de la Scène Nationale d’Annecy, sans que l’ensemble n’en souffre.  Grâce aux éclairages sophistiqués de Madjid Hakimi, on se focalise d’abord sur les jeux de pieds et de jambes du groupe, qui, après quelques échauffements collectifs, va se disperser. Des individus s’isolent, puis rejoignent leurs partenaires …D’autres sont rejetés puis réadmis. Partis pieds nus, ils se chaussent pour réaliser des mouvements plus spectaculaires, des acrobaties et des saltos avant et arrière. Des porter à deux ou trois se succèdent et de petits conflits éclatent ça et là, l’occasion de mesurer les talents de chacun en combat singulier.

Mais tout se pacifie quand, dans un beau mouvement, surgissent de l’obscurité quatorze pieds animés d’une belle frénésie, en baskets aux leds rouges. Ambiance des rues de Casa la nuit, sur une musique à trois temps, délivrée par un orchestre de cordes aux rythmes orientaux… Les compositions de Régis Baillet-Diaphane et les musiques additionnelles font alterner percussions et pulsations pour des morceaux de bravoure, mais aussi des partitions plus amples pour les scènes chorales. Composé de tableaux variés, Danser Casa nous amène sur l’autre rive de la Méditerranée, et même si parfois la construction semble un peu brouillonne, elle témoigne d’une belle énergie. Et depuis sa création au Maroc  et son passage à Montpellier Danse 2018, la pièce remporte les suffrages du public qui l’a accueillie ce soir avec une ovation debout. On peut espérer qu’Ayoub Abekkane, Mossab Belhajali, Yassine El Moussaoui, Oussama El Yousfi, Aymen Fikri, Stella Keys, Hatim Laamarti et Ahmed Samoud  suivent le même chemin que leurs mentors, attachés l’un comme l’autre à transmettre cet art populaire. «En ce qui me concerne, dit Mourad Merzouki, ce projet me touche dans ma chair, car beaucoup de choses sont liées à mon histoire, à ce que ces danseurs sont et représentent ». Kader Attou, lui, réalise ici « pourquoi nous sommes arrivés dans la danse, et comment elle a représenté pour nous une ouverture et une émancipation. »

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 3 avril à Bonlieu/Scène Nationale d’Annecy, 1 rue Jean Jaurès, Annecy (Haute-Savoie) T. : 04 50 33 44 11.

Les 12 et 13 avril, Scène Nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines, (Yvelines) le 16 avril, Théâtre de Corbeil- Essonne ( Val-de-Marne) ; le 18 avril, Festival D-Caf, Le Caire  et le 20 avril, bibliothèque Alexandrina, Alexandrie (Egypte) ; le 29 avril, Arts center d’Abu Dhabi ( Emirats Arabes Unis).
Le 2 mai, Maison de la Culture d’Amiens ( Somme); le  4 mai, La Faïencerie, Creil ( Oise) ; le 7 mai,  L’Arsenal, Metz (Moselle); les 15 et 16 mai, Centre Simone Signoret, Villefontaine ( Isère).
Et du 19 au 22 juin, Grande Halle de la Villette, Paris (XIX ème).

 

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