Non que ça ne veuille rien dire, d’après David Foster Wallace, mis en scène de Perrine Mornay
Non que ça ne veuille rien dire d’après Brefs entretiens avec des hommes hideux de David Foster Wallace, par le collectif Impatience, mise en scène de Perrine Mornay
L’écrivain américain né en 1962, s’est suicidé en 2.008 en Californie et est surtout connu pour son roman L’Infinie Comédie. Nous sommes assis face à face en demi-cercle, les acteurs sont parmi nous et se lèvent au fur et à mesure de cet étrange spectacle. L’un d’eux évoque un souvenir d’enfance : «Il y a quelques années, j’ai vu mon père agiter sa bite sous mon nez, j’avais huit ou neuf ans! Je me souviens de quelque chose de menaçant, j’ai bougé la tête dans tous les sens… C’est la seule fois où mon père a fait un truc pareil. Le regard qu’il m’a lancé, m’a foutu hors de moi ! »
A l’autre bout du cercle, un acteur met en marche un four à micro-ondes. Une actrice se met à danser avec le fils. Un troisième la prend en sandwich. «Voilà le bras qui a changé son fusil d’épaule ! » Un personnage chantonne au micro de façon ridicule. «Est-ce que c’était une bonne chose l’Holocauste ? Non ! C’était comment la souffrance dans les camps ? » (…) « Si je te disais que ma propre femme s’est faite violer plusieurs fois ? C’est une question de choix d’être un être humain . Si c’était pas des Juifs, pendant l’Holocauste ?»
Dans ce recueil de vingt-trois nouvelles, un garçon est paralysé par la peur en haut d’un plongeoir, un poète se prélasse au bord de sa piscine, un jeune couple a des doutes sur sa vie sexuelle, une femme déprimée cherche le réconfort…Perrine Mornay vient des Arts plastiques et sa mise en scène est aussi fondée sur les images et le son. Après son Western, elle a écrit une adaptation de ces Brefs entretiens avec des hommes hideux où elle met en scène avec une certain humour, les perversions et le mal-être de ces « hommes ridicules », souvent impudiques et qui ont la logorrhée facile. Ils n’ont rien de sympathique mais nous fascinent. L’un quitte sa femme soi-disant, parce qu’il « l’aime trop pour lui faire du mal », un séducteur sait parler comme personne, de l’amour mais reste un vrai misogyne…
On crève des ballons de baudruche dans l’obscurité, un homme vide une bouteille. On apporte un gâteau avec une bougie allumée que l’on fait souffler par une spectatrice, un homme plonge sa tête dans la crème du gâteau, et se relève, droit et digne. «J’ai commencé à me rendre compte que mon père avait oublié toute l’affaire… » Les acteurs partagent ce dessert. Et, nous, nous nous interrogeons sur le sens de ce spectacle bizarre… qui porte bien son titre.
Le public pouvait aussi voir une exposition-démonstration de l’artiste François Delbecque: une centaine de photos, des films, une vingtaine de sculptures et sept chariots-machines insolites dans la cour manipulées par des acteurs. Le tout accompagné des commentaires de l’artiste. François Delebecque, photographe, travaille, d’abord sur les statues et sur le corps en mouvement, puis sur le nu. Et on retrouve le thème du chariot dans son travail photo et il a sculpté des chariots en acier où il met en scène un modèle, chariots qui sont aussi les éléments essentiels de ses courts métrages narratifs mais sans paroles, avec une musique originale…