Le Misanthrope de Molière, mise en scène de Peter Stein

Le Misanthrope de Molière, mise en scène de Peter Stein

Photo : Svend Andersen

Photo : Svend Andersen

Une dame de haut rang, Célimène, avec sa cousine Eliante, reçoit dans sa chambre des gens du monde qui se livrent à leur passe-temps favori: la conversation. Ils parlent aussi littérature ou jouent avec malice aux portraits satiriques. Et ils discutent  des comportements dans les salons et à la Cour mais aussi des valeurs et des règles de civilité galante et de l’amour. Chez Célimène, défilent ainsi les mêmes invités que dans La Critique de L’Ecole des femmes (1663). Philinte (Hervé Briaux) est l’honnête homme sensible aux charmes d’Eliante, patiente et enjouée (Manon Combes). Les petits marquis assez fats (le longiligne Léo Dussollier et le comique Paul Minthe) se croient tous deux aimés de la maîtresse de maison. Enfin, la prude et hypocrite Arsinoé (Brigitte Catillon) impose sa présence malencontreuse. Et à cette galerie, s’ajoute Oronte (Jean-Pierre Malo) un courtisan et rimailleur sincère, redoublant de politesse, un mondain qui prétend faire applaudir ses vers : l’inverse exact de l’«honnête homme ».

 Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux est une pièce à rebondissements où cet Alceste, jaloux obsessionnel, provoque soupçons et interventions. Mais ce familier de Célimène (Pauline Cheviller) qui en est vite la proie, tire le fil de l’intrigue. Jaloux de cette jeune femme à la fois, libre et authentique. Mais cette coquette, personnage central de la littérature galante, entretient des relations amoureuses simultanées… Sa vie et celle de son « atrabilaire amoureux » alimentent donc les cinq actes de cette grande comédie (1666) qu’écrivit Molière, avec l’énergie d’un homme révolté contre la trahison et les gens de la Cour qui font et défont les réputations. En tous temps, vanité et amour absolu n’ont jamais fait bon ménage : doit-on pour autant fuir ce que l’on exècre et se retirer de la société ? Ne vaut-il pas mieux raison garder et savoir composer avec nos semblables ?

Pour Peter Stein, jalousie et misanthropie font d’Alceste, un clown émouvant dont on peut comprendre les résistances sociales. Mais, dans cette pièce magistrale, s’imposent aussi l’élégance des vers et l’ironie des dialogues de Molière. Ici la scénographie de Ferdinand Woegerbauer est efficace : dans un hall étroit et tout en longueur avec lambris et hautes fenêtres, Lambert Wilson va et vient, en Alceste inlassable et agacé, aux gestes furieux. Mains parfois collées au visage, c’est un jeune homme romantique aux cheveux longs, troublé et passionné. Et on croit à cette colère et à cette douleur si bien incarnées… C’est un beau travail de diction et on a plaisir à écouter ces vers  dans cette mise en scène honnête où Lambert Wilson met du sien…

Véronique Hotte

 Théâtre Libre, 4 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T. : 01 42 38 97 14, jusqu’au 18 mai.

 

 

 

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