Les Élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce, d’Édouard Baer

Les Élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce, de et avec Édouard Baer.

edouard-baer-1-43669Sortir du cadre, nous emporter dans le passé des écrivains et des comédiens qui ont marqué sa vie : Edouard Baer surgi du fond de la salle, comme par hasard, monte sur le plateau et nous explique qu’il est en train de répéter une pièce : Les Élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce, juste en face, de l’autre côté du boulevard. Il cherche le ton juste pour interpréter le discours d’André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon.

L’acteur, en fuite de sa propre vie, va prêter sa voix à d’autres acteurs ou écrivains disparus.  Le Théâtre Antoine a accueilli autrefois les pièces de Jean-Paul Sartre, Albert Camus et des metteurs en scène comme Louis Jouvet ou Peter Brook, (heureusement lui encore vivant). Avec la complicité du  Régisseur du théâtre, joué par Christophe Meynet, ou d’autres interprètes de sa bande,  qui interviendront, selon les dates en artistes invités, Édouard Baer fait revivre des fantômes. Par exemple, Charles Bukowski. Pour incarner l’écrivain américain, il tape sur une vieille machine à écrire, entre deux bouffées de cigarette, un verre de whisky à portée de main

 Il répond à un téléphone factice : « Mais pourquoi quelqu’un m’appelle sur un faux téléphone ? » « Je suis fan, dit-il, des pièces qui commencent par Allo” ! » Ill fait ainsi revivre son ami Jean Rochefort, en diffusant sa voix quand il jouait dans le film d’Yves Robert  Courage fuyons (1979). Édouard Baer aime les gens qui doutent et donne la parole  au personnage de l’avocat dans La Chute d’Albert Camus. Et Il nous bouleverse avec  un poème de Boris Vian dit par Pierre Brasseur, Philippe Noiret, Jean-Louis Trintignant et enfin par lui-même. Le théâtre est le seul endroit au monde qui peut faire renaître ces « âmes mortes » avec bienveillance.

Le spectacle a été construit à partir d’improvisations filmées, sous la direction d’Isabelle Nanty, son ancienne professeure au cours Florent. La pièce va évoluer avec le temps, entre un tournage de film et une émission en direct sur France-Inter. Ce voyageur sans bagage, en constant déséquilibre, aime à se surprendre lui-même, et nous faire partager son goût pour les mots et la langue française. Pour finir, il évoque avec douceur l’écrivain Romain Gary  (1914-1980) avec un extrait de son roman, Une Nuit sera calme (1974). Courez partager ces émotions sincères.

Jean Couturier

Jusqu’au 15 juin, Théâtre Antoine, 14 boulevard de Strasbourg, Paris Xème.  T. 01 42 08 77 71,

 

 

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