La Fonction de l’orgasme, inspiré de Wilhem Reich

La Fonction de l’orgasme, inspiré par les écrits de Wilhem Reich, une recherche théâtrale de Didier Giraudon, Constance Larrieu et Jonathan Michel

37227 Wilhelm Reich (1897-1957), père de  la « révolution sexuelle », connut une gloire posthume dans les années 1960, inspirant, à l’instar d’Herbert Marcuse, les mouvements étudiants et féministes. Né en Autriche-Hongrie, brillant disciple de Sigmund Freud dont il s’éloigna plus tard, cet agitateur d’idées finit sa vie,  après une carrière rocambolesque,  dans  une prison des États-Unis. Au-delà d’une théorie sexuelle, Wilhelm Reich apporte une vision socio-culturelle, voire politique de la fonction de l’orgasme. Avec un monologue savoureux en forme de vraie-fausse conférence, la compagnie Jabberwock remet à l’honneur les recherches sur l’orgasme, clef-de-voûte de la théorie reichienne, plus que jamais sulfureuse pour les puritains de tout bord, puisqu’elle insiste sur l’importance de la jouissance féminine, trop longtemps mise sous le boisseau.

Sur le plateau, quelques marches d’escalier (les  paliers de l’orgasme ?) et un écran où apparaît Constance Larrieu : filmée en noir et blanc, elle raconte la genèse mouvementée du spectacle et les débuts de son enquête, sur les traces de Wilhelm Reich. Après ce court prologue, la comédienne investit la scène avec un petit exposé illustré et plutôt amusant sur l’histoire de la sexologie, depuis les vulves tracées par les hommes des cavernes jusqu’aux Rapports Kinsey (1948-1953). Elle va ensuite, graphique à l’appui, entrer dans le vif du sujet. Qu’est-ce que l’orgasme ? Selon Wilhelm Reich, l’orgasme, acmé de l’excitation génitale, est dû à un courant végétatif bio-électrique correspondant au rythme biologique le plus profond. Pour lui,  tout mauvais fonctionnement chez l’homme ou la femme, détruit l’équilibre et induit de nombreux troubles psychiques et somatiques. Il oppose l’orgasme, lié au bon fonctionnement du parasympathique, à l’angoisse.

 Ce qui met en cause les positions de la morale traditionnelle :  comme Sigmund Freud, Wilhelm Reich s’inscrit en effet  -quoique différemment-  du côté d’une sexualité comme Bien, et non comme Mal, à l’encontre des religions et des morales bourgeoises de leur temps et encore en vigueur. Pour ces analystes, la sexualité est le centre de la vie sociale et psychique de l’individu :  « Amour, travail, connaissance sont les sources de notre vie. Ils doivent donc la gouverner », écrit Wilhelm Reich. Il développe le concept de « puissance orgastique », qu’il différencie nettement de celui de « puissance érectile » et insiste sur le fait que c’est l’expression d’un abandon entre partenaires. Il affirme aussi que la guérison de l’angoisse dépend d’une satisfaction orgastique chez le patient.

 Constance Larrieu sait donner du piquant et un zeste de sexy à sa prestation parfois un peu technique, sans jamais friser vulgarité ni initiation pédagogique à la sexualité. On la suit avec plaisir dans ses pérégrinations qui l’ont menée à consulter psychanalystes, sociologues, voire une “périnéologue“ et un “gigolo“. Parmi eux, l’andrologue Pierre Devaux, souscrit de façon très explicite aux dires de Wilhelm Reich :«L’orgasme féminin est une donnée politique ! »  Politique, ce spectacle l’est profondément, sous ses allures frivoles. A l’image de l’homme qui l’a inspirée, Constance Larrieu conclut en passionaria. Brandissant le glaive rouge de la révolution, elle parle des tragédies dues aux  dérèglements orgastiques d’une société : avec sa fonction de l’orgasme et les conséquences de son dysfonctionnement, le psychanalyste explore les racines du fascisme dont il fut l’une des victimes. Sa Psychologie de masse du fascisme reste une contribution notable à la compréhension des phénomènes de radicalisation et de fondamentalisme religieux plus que jamais à l’œuvre. A noter : les allusions à ce  spectacle ont été censurées par FacebookPour autant, il reste une saine et joyeuse défense et l’illustration de l’amour partagé. L’orgasme n’est-il pas «l’énergie de l’amour auquel  nous devons notre vie» ?

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 17 mai Théâtre de la Reine Blanche 2 bis passage Ruelle, Paris (XVIII ème) T. 01 40 05 06 96

 La Fonction de l’orgasme est édité à l’Arche

La Psychologie de masses du fascisme Petite Edition Payot

 

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