2.069, La Croisée des chemins, conception et réalisation de Bénédicte Mallier,Guénolé Jézéquel, Anatole Donarier et Simon Gauchet,
2.069, La Croisée des chemins, conception et réalisation de Bénédicte Mallier, Guénolé Jézéquel, Anatole Donarier et Simon Gauchet, avec les enfants des communes de Baugeois-Vallée
La Paperie, Centre national des arts de la rue et de l’espace public, implantée près d’Angers, mène des projets culturels: il s’agit pour les habitants de créer des œuvres avec le concours d’artistes, en dialogue avec les lieux. “C’est reposer la question, dit Éric Aubry le directeur: qu’est-ce qu’un artiste sur un territoire ? Je refuse de me contenter du fait que 15 % seulement de la population fréquente les salles de spectacle.” (…) “Notre métier nous impose d’aller à la rencontre des habitants, des élus, des associations, pour trouver avec eux, la question qui les concerne au plus près.”
Il s’agit donc pour lui, dans les temps qui viennent, de faire intervenir des artistes dans une soixantaine de « zones blanches » en Anjou (sur cinq départements) et de rassembler les citoyens de manière créative sur le thème du développement durable : comment circule et mange-t-on? Comment habite-t-on là ? Il y a une forte demande des collectivités locales, et les fonds du Plan climat dévolus aux régions et aux communes financent ici, pour partie, 2069, La Croisée des chemins, via la communauté de communes Baugeois-Vallée.
Quelles solutions face au réchauffement climatique ? Question posée à cent-vingt enfants de cinq établissements scolaires de cette zone rurale un peu éloignée des centres urbains et située à quarante-cinq minutes d’Angers. Ils viennent de trois écoles élémentaires et de deux maisons familiales rurales (établissements de formation générale et professionnelle). Un film, écrit et réalisé avec eux en six mois, nous livrera leur vision du futur. Sollicités par La Paperie, l’architecte Bénédicte Mallier, le scénographe Guénolé Jézéquiel, le graphiste Anatole Donarier et l’auteur-metteur en scène Simon Gauchet ont demandé à ces élèves de se projeter en 2069 et d’imaginer leur chemin de vie jusque là, en tenant compte des changements climatiques, de la montée des eaux et de la pénurie d’énergies fossiles … Ceux de Gée ont choisi une solution technologique et imaginent de vivre dans une immense bulle à l’abri de l’air pollué. A La Ménitré, envahie par les flots, on habite sur pilotis et l’on se nourrit de poissons et à Auverse, on s’est replié dans la forêt. Ceux de Noyant ont creusé la terre pour trouver du pétrole et pouvoir partir de là en voiture. Enfin, à Baugé, enfermés dans un château fort (celui du roi René qui domine le bourg), ils font travailler les réfugiés climatiques restés à l’extérieur, sans leur laisser accès au puits d’eau potable à l’abri derrière les créneaux …
Au carrefour du roi René, dans la forêt de Chandelais, on tourne aujourd’hui les séquences finales; les cinq groupes de jeunes vont enterrer des lettres écrites à la personne qu’ils seront en 2069. A exhumer et à lire dans cinquante ans… Nous avons pris connaissance de quelques-unes où ils s’imaginent au futur : “Cela peut paraître bizarre mais je suis toi du passé.” (…) “J’espère que tu as réussi à surmonter tes petits problèmes.” (…) En 2019, je suis heureuse de te parler mais, si tu ne trouves pas cette lettre, il y aura bien quelqu’un d’autre qui la trouvera.” “ Est-ce que tu fais détective ? Est-ce que tu as trois enfants? Est-ce que tu manges des astiquots? (sic)”. Emouvant.
Chaque tribu, dûment déguisée (ils ont réalisé costumes et décors sous la gouverne des artistes), avance vers la croisée des chemins, banderoles déployées où on lit mises bout à bout, des phrases: “Quel chemin/Choisissons nous/De prendre/Pour être vivants/Quand nous serons grands ?” Au moins, la question aura été posée et le film va circuler dans la région, peut-être au-delà et permettra au débat de se prolonger …
Mireille Davidovici
Le 11 juin, dans la forêt de Chandelais.
La Paperie, 61-63 rue de la Paperie, Saint-Barthélémy-d’Anjou (Maine-et-Loire).
Le 18 juin, salle Saint-Martin, Noyant et salle des loisirs de Mazé; le 19 juin, Stella Cinéma, Bauger et le 20 juin, salle Saint Martin, Noyant.