Temps qu’elle désire, conception et interprétation de Marie Vitez, d’après Marina Tsetaieva, Annie Ernaux, Marie Vitez et Jean Racine
Temps qu’elle désire, conception de Marie Vitez, d’après Marina Tsetaeva, Annie Ernaux, Marie Vitez et Jean Racine
«Comment ça va la vie près d’ici ?» Marie Vitez est ici seule en scène, avec trois grands sabliers qu’elle retourne au fur et à mesure, une valise, un tapis, ses bottines. Elle ouvre la valise, en tire un manuscrit qu’elle lit, évoque la vie avec un homme qui la quitte pour une autre femme. Elle cherche désespérément à la retrouver: «Le plus extraordinaire dans la jalousie, c’est de dépeupler une ville ! J’étais maraboutée… »
L’actrice dépose ensuite sur le sol les feuillets qu’elle lit, retourne les sabliers un à un, enlève ses bottes, s’assied par terre. Elle décrit ce que doit être la vie de l’autre femme avec son amant, montre des portraits de femmes nues, puis évoque la ménopause qui, dit-elle, développe la mélancolie: «Il faut absolument que tout soit beau !» Elle étale ensuite un tapis, dispose des cailloux autour, s’allonge et fait des mouvements, puis dit le fameux monologue de Bérénice : «Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous ?/Seigneur que tant de mers me séparent de vous!/Que le jour recommence et que le jour finisse/Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice. »
Enfin elle enlève ses bottes et son manteau, s’assied par terre et décrit ce que doit être la femme avec des mouvements : «Vive la vulve pendant vingt-cinq siècles, bannie de l’art occidental » (…) « Autrefois, les cons des femmes étaient pleins de dents !» Un solo très attachant pour essayer « de retrouver les temps de sa vie » qui est encore en évolution…
Edith Rappoport
Théâtre de l’Epée de bois, route du Champ de manœuvre, Cartoucherie de Vincennes, (Val-de-Marne). T. : 01 48 08 39 74.