Festival des Chemins de Traverse

Festival des Chemins de Traverse

 

 Cette vingt-et-unième édition confirme une fois de plus la qualité et la diversité des spectacles. Avec un éventail des arts de la scène pour un large public, où le divertissement fait la part belle à la pensée. Et l’écologie n’est pas en reste avec un Avare de Molière où les robinets d’eau sont souvent à sec et la violence, dénoncée dans Héroe(s) par les lanceurs d’alertes. Des spectacles atypiques avec déambulations, théâtre immersif, chanson et danse… Tout commence par un accueil festif et original : un apéro-cabaret gratuit mais : «Y’aura pas de cacahuètes!»

Surpris et amusés, nous découvrons dans le bar-restaurant, des chroniques décalées, présentées par Jérôme Rouger et ses invités-surprise. Comme Chloé Lacan, chanteuse, comédienne passionnée et accordéoniste hors pair. «La scène, dit-elle, permet d’exprimer des colères ou des rires que je n’aurais jamais dans la vie. C’est un exutoire formidable, parce qu’il y a le partage avec les gens. » Ce partage est en effet un des charmes de ce festival où se retrouve dans une ambiance dépaysante et paisible, un public local mais aussi parisien et des alentours. Le menu des apéros change tous les jours. Et propose notamment  avec un esprit parfois cinglant,  un regard très pertinent sur les paradis fiscaux. Ou bien encore une classification en trois catégories de la chanson d’amour; ridicule, plein d’humour et poésie sont au rendez-vous. 

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Très vite, on oublie ainsi sa journée, impatient de ce qui nous attend par la suite. Comme cette soirée où le thème de la vieillesse prenait un aspect surprenant et plein de vie, grâce à ce duo exceptionnel Laura et Adalbert dans Enfin vieille! Une jeune femme dans un cauchemar voit surgir le doudou de son enfance, Adalbert qui n’est autre que sa conscience! S’installe alors entre eux, un échange comique, émouvant et parfois sans concession. En effet, il n’est pas toujours d’accord avec les choix de vie pris par Laura. Adalbert est une marionnette aux airs de personnage des Muppets Show: poils bleu turquoise, nez de clown rose et grands yeux tendres et mélancoliques. Dès son apparition, ce petit être réaliste et poète gagne notre attachement et  ne cessera d’aider Laura dans les moments difficiles.

Ce seul en scène, jubilatoire et fin, a juste ce qu’il faut d’auto-dérision. Chaque spectateur semble ici retrouver le doudou de son enfance mais pas seulement. En effet, il y a d’autres passages chantés, dansés ou joués. Les  personnages, comme entre autres la conseillère d’orientation ou la psy… sont joués par Laura Elko, impressionnante de naturel et de force dramatique. La comédienne nous ravit et éveille en nous un regard aigu sur le jeunisme, la génération qui suit et nous rattrape, l’amour et le temps ! Pleine de charme aussi la mise en scène de Trinidad qu’elle situe dans une loge de fête foraine ou sur le plateau d’un théâtre itinérant. Des objets hétéroclites occupent l’espace sur fond noir. Laura tour à tour les transfigure, ils prennent part à sa vie au gré de ses tourments. Tel un coup de théâtre, la banalité du quotidien et celles des angoisses existentielles deviennent paysage du merveilleux et/ou de l’étrange. 

Il y a là entre rêve et réalité, un air du temps qui passe et ne se rattrape guère mais où la vie l’emporte coûte que coûte… Ne manquez  pas  Enfin, vieille! dans le off d’Avignon. Cet événement à l’Espace Michel-Simon a un atout supplémentaire: créer une passerelle et donner un avant-goût d’un spectacle qui sera joué ensuite dans d’autres festivals. A noter, une perle parmi d’autres : la déambulation dans le théâtre, avec Smoke Ring d’après Ring de Léonore Confino par la compagnie du Libre Acteur. La pièce met en lumière les  caprices, joies et violence du sentiment amoureux, de la passion,  et l’absurdité parfois d’être à deux. Mis à part quelques longueurs, c’est une interrogation profonde et sans détours sur le sens ou le non-sens du couple. Et, à la fin de ce parcours sous tension, nous sommes tous  invités à un bal. Vive la valse des cœurs !

Une caractéristique des Chemins de traverse cette année:  l’aspect ludique et toujours bon enfant. Cartes et jeu des couleurs, remarques participatives et petits-déjeuners spectaculaires etc… proposés à tous ceux qui le souhaitaient. Un événement ouvert sur la ville, sur le monde et son actualité mais aussi sur le passé. Plusieurs compagnies venues d’Espagne, Belgique, Colombie… ont ensoleillé cette fête du théâtre et de la danse. Un véritable élan vers un public que l’on souhaiterait de plus en plus nombreux pour qu’il découvre un art de la scène à la fois exigeant,  ouvert à tous et multiple! En dehors de Paris, avec déjà une impression de vacances…

 Elisabeth Naud

Spectacles vus le 23 mai à l’Espace Michel Simon, Esplanade Nelson Mandela, Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). T. : 01 49 31 02 02.
La prochaine édition des Chemins de Traverse aura lieu en mai 2020.

Enfin vieille, du 5 au 28 juillet, Théâtre du Grand Pavois. 13 rue de la Bouquerie, Avignon. T. : 06 65 61 11 74

 


Archive pour 18 juin, 2019

Festival des Chemins de Traverse

Festival des Chemins de Traverse

 

 Cette vingt-et-unième édition confirme une fois de plus la qualité et la diversité des spectacles. Avec un éventail des arts de la scène pour un large public, où le divertissement fait la part belle à la pensée. Et l’écologie n’est pas en reste avec un Avare de Molière où les robinets d’eau sont souvent à sec et la violence, dénoncée dans Héroe(s) par les lanceurs d’alertes. Des spectacles atypiques avec déambulations, théâtre immersif, chanson et danse… Tout commence par un accueil festif et original : un apéro-cabaret gratuit mais : «Y’aura pas de cacahuètes!»

Surpris et amusés, nous découvrons dans le bar-restaurant, des chroniques décalées, présentées par Jérôme Rouger et ses invités-surprise. Comme Chloé Lacan, chanteuse, comédienne passionnée et accordéoniste hors pair. «La scène, dit-elle, permet d’exprimer des colères ou des rires que je n’aurais jamais dans la vie. C’est un exutoire formidable, parce qu’il y a le partage avec les gens. » Ce partage est en effet un des charmes de ce festival où se retrouve dans une ambiance dépaysante et paisible, un public local mais aussi parisien et des alentours. Le menu des apéros change tous les jours. Et propose notamment  avec un esprit parfois cinglant,  un regard très pertinent sur les paradis fiscaux. Ou bien encore une classification en trois catégories de la chanson d’amour; ridicule, plein d’humour et poésie sont au rendez-vous. 

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Très vite, on oublie ainsi sa journée, impatient de ce qui nous attend par la suite. Comme cette soirée où le thème de la vieillesse prenait un aspect surprenant et plein de vie, grâce à ce duo exceptionnel Laura et Adalbert dans Enfin vieille! Une jeune femme dans un cauchemar voit surgir le doudou de son enfance, Adalbert qui n’est autre que sa conscience! S’installe alors entre eux, un échange comique, émouvant et parfois sans concession. En effet, il n’est pas toujours d’accord avec les choix de vie pris par Laura. Adalbert est une marionnette aux airs de personnage des Muppets Show: poils bleu turquoise, nez de clown rose et grands yeux tendres et mélancoliques. Dès son apparition, ce petit être réaliste et poète gagne notre attachement et  ne cessera d’aider Laura dans les moments difficiles.

Ce seul en scène, jubilatoire et fin, a juste ce qu’il faut d’auto-dérision. Chaque spectateur semble ici retrouver le doudou de son enfance mais pas seulement. En effet, il y a d’autres passages chantés, dansés ou joués. Les  personnages, comme entre autres la conseillère d’orientation ou la psy… sont joués par Laura Elko, impressionnante de naturel et de force dramatique. La comédienne nous ravit et éveille en nous un regard aigu sur le jeunisme, la génération qui suit et nous rattrape, l’amour et le temps ! Pleine de charme aussi la mise en scène de Trinidad qu’elle situe dans une loge de fête foraine ou sur le plateau d’un théâtre itinérant. Des objets hétéroclites occupent l’espace sur fond noir. Laura tour à tour les transfigure, ils prennent part à sa vie au gré de ses tourments. Tel un coup de théâtre, la banalité du quotidien et celles des angoisses existentielles deviennent paysage du merveilleux et/ou de l’étrange. 

Il y a là entre rêve et réalité, un air du temps qui passe et ne se rattrape guère mais où la vie l’emporte coûte que coûte… Ne manquez  pas  Enfin, vieille! dans le off d’Avignon. Cet événement à l’Espace Michel-Simon a un atout supplémentaire: créer une passerelle et donner un avant-goût d’un spectacle qui sera joué ensuite dans d’autres festivals. A noter, une perle parmi d’autres : la déambulation dans le théâtre, avec Smoke Ring d’après Ring de Léonore Confino par la compagnie du Libre Acteur. La pièce met en lumière les  caprices, joies et violence du sentiment amoureux, de la passion,  et l’absurdité parfois d’être à deux. Mis à part quelques longueurs, c’est une interrogation profonde et sans détours sur le sens ou le non-sens du couple. Et, à la fin de ce parcours sous tension, nous sommes tous  invités à un bal. Vive la valse des cœurs !

Une caractéristique des Chemins de traverse cette année:  l’aspect ludique et toujours bon enfant. Cartes et jeu des couleurs, remarques participatives et petits-déjeuners spectaculaires etc… proposés à tous ceux qui le souhaitaient. Un événement ouvert sur la ville, sur le monde et son actualité mais aussi sur le passé. Plusieurs compagnies venues d’Espagne, Belgique, Colombie… ont ensoleillé cette fête du théâtre et de la danse. Un véritable élan vers un public que l’on souhaiterait de plus en plus nombreux pour qu’il découvre un art de la scène à la fois exigeant,  ouvert à tous et multiple! En dehors de Paris, avec déjà une impression de vacances…

 Elisabeth Naud

Spectacles vus le 23 mai à l’Espace Michel Simon, Esplanade Nelson Mandela, Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). T. : 01 49 31 02 02.
La prochaine édition des Chemins de Traverse aura lieu en mai 2020.

Enfin vieille, du 5 au 28 juillet, Théâtre du Grand Pavois. 13 rue de la Bouquerie, Avignon. T. : 06 65 61 11 74

 

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