La rue est à Amiens, quarante-deuxième fête de la ville

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La rue est à Amiens, quarante-deuxième édition

Vingt-cinq compagnies, trente-neuf spectacles et quelque quatre-vingt cinq représentations qui mettent la ville en fête. Le Pôle National Cirque et Arts de la Rue est un lieu unique en France où le cirque et les arts dans l’espace public se rencontrent. Disposant de quatre sites situés à Amiens, le Pôle propose de participer à la stimulation des imaginaires de chacun en présentant la diversité de la création contemporaine. Le Cirque Jules Verne, un des derniers cirques en dur, propose des spectacles créés ou adaptés pour la piste, défendant ainsi la notion de circularité dans les arts de la scène. Le Hangar, centre régional des arts de la rue, permet l’accueil d’artistes en résidence ainsi que l’organisation du festival La Rue est à Amiens. L’École du Cirque Jules Verne, centre  est un centre régional de formation professionnelle et le Manège Cascabel est dédié à la création pour le cirque équestre.

Germinal par Les Batteurs de pavés

Au sommet de la citadelle, dans un amphithéâtre et au soleil couchant, une centaine de personnes pour voir cette adaptation plutôt fantaisiste du roman d’Emile Zola avec Manu Moser et Laurent Lecoultre venus de Suisse. Ils nous présentent d’abord des clichés  de leur pays comme  le yoodle, les Robots Migros.  Puis des soit disant personnalités officielles : Madame le Maire,  symbole d’ouverture et de transparence et le président de l’Université depuis plus de  quarante ans. Amiens est pionnier dans l’espace public. « Aujourd’hui en Suisse, il y a une grève pour l’égalité hommes,/femmes…. ». Puis  ces comédiens retracent les grandes pages de Germinal en prenant des petits enfants dans le public pour leur faire interpréter  quelques rôles. Ils se prêtent au jeu de bonne grâce avec un naturel étonnant. Une belle ouverture pour ce festival !

Cirque pour l’espace public

L’Ecole de cirque d’Amiens présente des exercices spectaculaires interprétés par les élèves, en haut de la citadelle. Ils déambulant avec des flips-flaps arrière, debout sur les épaules de leurs partenaires, des roues Cyr, du jonglage avec des cerceaux, bref tout un cirque acrobatique. Ces élèves encore en cours de formation se promènent en faisant des exercices de cerceaux des plus surprenants. Des mises en rue par Ardestop avec les élèves de première année D3SOR3, et Ce qui nous lit par C Victor avec ceux de deuxième année, puis Le Tremplin pour accompagner ces jeunes artistes français et  étrangers dans leur parcours professionnel. Déjà du beau et grand spectacle prometteur.

Le Parlement de rue par le Théâtre de l’Unité

Vingt-cinquième édition  pour ce spectacle sur une jolie place au pied d’une statue du général Leclerc et qui avait été conçu à Etouvie dans la région d’Amiens, pour que les habitants puissent être consultés et écoutés par les politiques. Depuis le début, mille  projets de loi ont été ainsi  recueillis et cela sonnait déjà comme un prélude aux Gilets Jaunes…
Le principe : des propositions faites le public et ensuite rejetées ou acceptées par l’énergique Madame la Provisoire (Hervée de Lafond) assise sur une chaise d’arbitre de tennis. D’abord celle d’une loi pour offrir le permis de conduire à ceux qui obtiennent le bac avec ou sans mention, puis une autre concernant l’interdiction d’absence de solidarité avec les migrants sont acceptées. Comme celles stipulant que les employés décident du salaire de leurs patrons et que les ministres soient payés au S. M.I.C… Mais pour les violeurs, la condamnation à perpétuité est refusée. Quant à la proposition de loi sur la « grossophobie », elle est reportée. Le tout entrecoupé de chansons et de poèmes, accompagnés au violoncelle par Fantasio,  devant un public enthousiaste.

Les Girafes opérette animalière, conception et mise en scène de Philippe Freslon, musique de Benoît Louette et François Joinville

Sur le vaste parvis de la gare d’Amiens, en contrebas des escaliers, une dizaine de très grandes girafes rouges déploient leur long cou et avancent à grands pas sur une musique lyrique entonnée par Irina Tiviane. Nous restons éberlués par les danses de ces étranges géantes animées par des comédiens que nous pouvons voir émerger périlleusement de leurs girafes à la fin du spectacle. Philippe Freslon qui a aussi réalisé la scénographie et que nous connaissons depuis de longues années, arrive à encore à nous surprendre avec ce beau travail  poétique.

Une traversée funambule, conception de Johanne Humblet,  musique  de Deadwood

Sur  un câble suspendu à grande hauteur au-dessus du cirque d’Amiens, cette jeune funambule, fait une traversée incroyable, s’allonge sur le fil, se relève, esquisse des pas de danse, puis reprend sa marche. Terrifiés à l’idée d’une chute possible, nous retenons notre souffle.La musique rythme ce qu’on peut prendre pour un saut de la mort. Heureusement, Johanne Bumblet réussit à parvenir sans encombre jusqu’à une fenêtre en haut du cirque et nous salue. Un magnifique final pour  ce festival…

Edith Rappoport

 Spectacles vus les 14 et 15 juin, à La rue est à Amiens, quarante-deuxième fête de la ville.

 


Archive pour 20 juin, 2019

Electronic City/Notre mode de vie de Falk Richter, mise en scène de François Rancillac

 

Festival des écoles du théâtre public:

Electronic City /Notre mode de vie de Falk Richter, traduction d’Anne Monfort, mise en scène de François Rancillac

4CE960ED-2A5F-4D20-9F55-FACE04C3FD13 «Tom, Joy, et une équipe d’environ cinq-quinze personnes», précise l’auteur. Une distribution idéale pour un groupe et une mise en scène chorale. François Rancillac a réuni vingt apprenti-e.s comédien.ne.s, issu.e.s de plusieurs Conservatoires d’arrondissement de Paris et de l’association 1.000 visages. Il présente ce Collectif éphémère en avant-première du Festival des écoles de théâtre public qu’il a initié en 2010 et qui a lieu pour la dernière fois au Théâtre de l’Aquarium dont il va quitter la direction. Au travail depuis le mois de janvier, les jeunes gens ont répété l’équivalent de quinze jours, pour nous offrir une version éclairante de cette pièce complexe.

Tom, un “golden boy“, circule d’un pays à l’autre et se perd dans un labyrinthe de chambres d’hôtel. Il rencontre Joy, une caissière volante dans un  restaurant de luxe dans un aéroport. L’un et l’autre ne sont plus que des pions à l’intérieur d’ un grand réseau ultra-libéral globalisé : il leur suffira d’un code de porte ou de caisse enregistreuse oublié, pour craquer. Les acteurs interprètent à tour de rôle ces deux personnages au bord de la crise de nerfs, selon une chorégraphie bien réglée où les corps entrent en jeu. Et ces hommes et femmes-machines vont alors  « péter les plombs ». Le stress s’étend à tout le groupe et le Collectif éphémère  s’empare énergiquement d’un texte aux multiples entrées.   

 Le scénario de Falk Richter inclut le tournage d’une série, Joy’s Life, avec des scènes interrompues par des cut et les indications du réalisateur, avant de refaire la prise. Il y aussi une partie documentaire: «Joy, raconte comment c’était, tout simplement.» Joy: «Oui, c’était tout plus ou moins assez traqué, sur-connecté,  sur-globalisé, hyper-rationalisé, on était comme des données et on fonçait dans des réseaux d’information.» Mais la pièce comporte aussi quelques séquences en vidéo. Falk Richter, né en 1969 à Hambourg, rend compte des effets dévastateurs sur l’individu d’un monde devenu fou.  Après Dieu est un DJ (1998) et Nothing Hurts (1999), Electronic City (2003), chœur parlé pour de multiples voix,  montre des êtres dilués dans un tourbillon de codes et de pixels et courant après eux-mêmes. L’intrigue est simple: entre deux voyages, Tom et Joy réussiront-ils à se retrouver quelques minutes «pour de vrai » ? 

Ici, François Rancillac en donne une mise en scène électrique, ponctuée par les chansons d’Eurythmics, un groupe pop anglais des années 1980 dont un superbe karaoké choral sur When to-morrow comes pour clore cette heure vitaminée . On regrette que ce Collectif reste éphémère.

 Mireille Davidovici

Spectacle vu au Théâtre de l’Aquarium, le 15 juin,  Cartoucherie  de Vincennes, route du Champ de manœuvre,  Vincennes (Val-de-Marne)  T. : 01 43 74 99 61,  du 20 au 30 juin.

La pièce est publiée par L ‘Arche éditeur.

 

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