Electronic City/Notre mode de vie de Falk Richter, mise en scène de François Rancillac
Festival des écoles du théâtre public:
Electronic City /Notre mode de vie de Falk Richter, traduction d’Anne Monfort, mise en scène de François Rancillac
«Tom, Joy, et une équipe d’environ cinq-quinze personnes», précise l’auteur. Une distribution idéale pour un groupe et une mise en scène chorale. François Rancillac a réuni vingt apprenti-e.s comédien.ne.s, issu.e.s de plusieurs Conservatoires d’arrondissement de Paris et de l’association 1.000 visages. Il présente ce Collectif éphémère en avant-première du Festival des écoles de théâtre public qu’il a initié en 2010 et qui a lieu pour la dernière fois au Théâtre de l’Aquarium dont il va quitter la direction. Au travail depuis le mois de janvier, les jeunes gens ont répété l’équivalent de quinze jours, pour nous offrir une version éclairante de cette pièce complexe.
Tom, un “golden boy“, circule d’un pays à l’autre et se perd dans un labyrinthe de chambres d’hôtel. Il rencontre Joy, une caissière volante dans un restaurant de luxe dans un aéroport. L’un et l’autre ne sont plus que des pions à l’intérieur d’ un grand réseau ultra-libéral globalisé : il leur suffira d’un code de porte ou de caisse enregistreuse oublié, pour craquer. Les acteurs interprètent à tour de rôle ces deux personnages au bord de la crise de nerfs, selon une chorégraphie bien réglée où les corps entrent en jeu. Et ces hommes et femmes-machines vont alors « péter les plombs ». Le stress s’étend à tout le groupe et le Collectif éphémère s’empare énergiquement d’un texte aux multiples entrées.
Le scénario de Falk Richter inclut le tournage d’une série, Joy’s Life, avec des scènes interrompues par des cut et les indications du réalisateur, avant de refaire la prise. Il y aussi une partie documentaire: «Joy, raconte comment c’était, tout simplement.» Joy: «Oui, c’était tout plus ou moins assez traqué, sur-connecté, sur-globalisé, hyper-rationalisé, on était comme des données et on fonçait dans des réseaux d’information.» Mais la pièce comporte aussi quelques séquences en vidéo. Falk Richter, né en 1969 à Hambourg, rend compte des effets dévastateurs sur l’individu d’un monde devenu fou. Après Dieu est un DJ (1998) et Nothing Hurts (1999), Electronic City (2003), chœur parlé pour de multiples voix, montre des êtres dilués dans un tourbillon de codes et de pixels et courant après eux-mêmes. L’intrigue est simple: entre deux voyages, Tom et Joy réussiront-ils à se retrouver quelques minutes «pour de vrai » ?
Ici, François Rancillac en donne une mise en scène électrique, ponctuée par les chansons d’Eurythmics, un groupe pop anglais des années 1980 dont un superbe karaoké choral sur When to-morrow comes pour clore cette heure vitaminée . On regrette que ce Collectif reste éphémère.
Mireille Davidovici
Spectacle vu au Théâtre de l’Aquarium, le 15 juin, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre, Vincennes (Val-de-Marne) T. : 01 43 74 99 61, du 20 au 30 juin.
La pièce est publiée par L ‘Arche éditeur.
Espérons qu’il ne soit pas éphémère et que c’est u noyau d’où va se créer quelques troupes.
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