Comme à la maison de Jacques Albert, mise en scène de Céleste Germe et Maëlys Ricordeau

Festival des écoles du théâtre public

Comme à la maison de Jacques Albert, conception et écriture de das Plateau, mise en scène de Céleste Germe et Maëlys Ricordeau

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« Une pièce écrite par l’auteur pour les jeunes comédiennes de la promotion 2019″, donc une commande. Après tout, pourquoi pas? Cela se passe dans un commissariat de police où quelques jeunes flics et une fliquette sont confrontés à la violence des quartiers et sont vite pris dans un engrenage où les rapports de force avec les adolescents sont inévitables. Mais quand ils ont le malheur de ne pas avoir la peau blanche, tout est bon: humiliations, tutoiement, injures sexistes et racistes, menaces graves… Facile quand on a le pouvoir et les armes.

Ils sont en terrain conquis dans ces banlieues instables où ils n’ont aux yeux des habitants, aucune légitimité. Et inévitablement, un jour, la bavure arrive. Grave,  épouvantable, irréversible: un des jeunes flics, passablement imbibé -ce n’est pas la première fois mais ne peut être une excuse- va s’asseoir sur la poitrine d’une jeune Noir interpellé avec violence puis placé en garde à vue et menotté. Donc incapable de se défendre. Mais le flic sombre dans un sommeil pesant d’alcoolique et le jeune semble mort. Les autres appelleront le SAMU mais trop tard : il est décédé!

L’équipe de jeunes flics est tétanisée et voit bien que les gros ennuis ne vont pas tarder à arriver en escadrille comme disait Jacques Chirac, même s’ils restent solidaires de celui qui a fait, sans le vouloir, une énorme connerie qu’ils vont sans doute, tous et lui le premier, payer  très cher.  Et tout d’un coup, ils prennent conscience (ce que l’on ne leur a jamais sans doute enseigné), de l’importance d’une véritable déontologie quand on est policier.
L’un d’eux élabore une stratégie pour, avec l’appui des autres, lui sauver la peau et épargner aussi sa compagne qui attend un bébé. Et il dit qu’il va se dénoncer à sa place car comme il  n’a rien à se reprocher et ne boit jamais, il est sûr qu’il sera épargné. Mais la hiérarchie ne semble pas dupe… Comme à la maison parle de cette violence d’Etat mais aussi du manque d’expérience de jeunes policiers qui se croient souvent tout permis pendant une interpellation.

Le spectacle commence par des extraits de films de manifestations où la police  intervient avec violence mais aussi avec des images fixes de détails de grands tableaux représentant des scènes de la Révolution française. C’est long et pas très efficace; ensuite, un jeune comédien met des tables et des chaises en place dans un environnement épuré : juste des lais de non tissé gris. Bien vu : rien du réalisme d’un commissariat. Mais là aussi, c’est bien long et inutile. Il y aussi des vidéos projetées de visages en gros plan. Et de temps en temps, de courtes phrases de la déclaration des Droits de l’Homme projetées sur ces longs pans de non-tissé gris. D’une belle qualité plastique mais difficile à lire… Les dialogues sont souvent assez pâlichons et les vibrations de la musique électronique sont à faire pâlir les porteurs de pace-maker. Cela en tout cas fait beaucoup d’informations à digérer en même temps et nuit, bien entendu, au spectacle qui manque singulièrement d’unité.

Les metteuses en scène disent, non sans une certaine prétention (bonjour les stéréotypes!) vouloir faire «dialoguer de nombreux types de narration: l’image, le son, la scénographie… (sic) Ainsi l’acteur doit jouer son rôle mais il doit aussi jouer «le spectacle ». Assumer des ruptures, créer des dynamiques, adapter  son travail à la réalité scénique. » (resic). Bien entendu, cette interaction entre les différents mode d’expression ne peut pas fonctionner et le rythme en prend un coup…. Mais quelques scènes frappent par la qualité de leur réalisation : d’abord les images filmées d’une interpellation plus que musclée. Remarquables. Comme le moment où les policiers, très tendus essayent de trouver ensemble une solution.
S’il permet -et c’est bien pratique pour un spectacle de fin d’école- d’employer des élèves, ce scénario où les personnages sont uniquement des jeunes flics manque de crédibilité. Le spectacle a un rythme hoquetant et traîne en longueur… Et les metteuses en scène ne nous épargnent rien: un long récit monologué, une fausse fin et pour terminer, une bien conventionnelle nuée de fumigènes dégueulasses sur fond de lumière rouge. Tous aux abris…

Cela dit, Christophe Burgess, Lola Gregori, Jeremy Perruchoud, Aymeric Tapparel, Nathan Topow et Thais Venetz sont justes et très crédibles;  et il y a une bonne unité de jeu sans criaillements (ce qui  devient rare. Et ils ont une diction et une gestuelle de bon niveau. Mention spéciale à Aymeric Tapparel (le flic alcoolo) et à Lola Gregori (la fliquette):  impeccables.  On aimerait les revoir tous dans une mise en scène  et un texte plus convaincants…

 Philippe du Vignal

Spectacle joué du 20 au 23 juin, Théâtre de l’Aquarium, route du Champ de Manœuvre, Cartoucherie de Vincennes, (Val-de-Marne).

 


Archive pour 23 juin, 2019

Fabrice Di Falco, une voix lyrique au-delà des mers, un film de de Julien Faustino

 

Fabrice Di Falco, une voix lyrique au-delà des mers, textes de Margaux Eskenazi et Fabrice Di Falco, un film de Julien Faustino

Ce grand contre-ténor est d’origine italienne par son père et martiniquaise par sa mère. Le mariage du Vésuve et de la Montagne Pelée, comme il le dit avec humour! A dix-sept ans, il rencontra Barbara Hendrix de passage en Martinique pour un concert. Elle l’auditionna et lui conseilla d’entrer dans un conservatoire. Il débarqua ainsi trois ans plus tard en métropole: le commencement d’une belle aventure: « Une révélation, dit-il, je pensais que les Noirs ne chantaient que du zouk ou du ragga mais j’ai réalisé qu’ils pouvaient aussi chanter l’opéra ».

Il remportera en 1999 à l’unanimité, le premier prix de chant au Conservatoire national de Boulogne-Billancourt. À sa sortie, il interprète Cupidon dans les opéras de Haendel, Sémélé et Sextus dans Jules César. Puis Néron dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, un rôle qui le lança en 2001. Depuis, il a fait une carrière dans le monde entier… Mais il chante aussi La Métamorphose d’après Kafka ou Les Nègres d’après Jean Genet de Michael Lévinas et a rendu aussi hommage à Aimé Césaire au Forum d’Avignon 2012 avec un slam-opéra. Il a aussi chanté en solo au Théâtre du Gymnase, Farinelli et Michael Jackson. Puis  en 2014, il interprète Quai Ouest de Régis Campo à l’Opéra National du Rhin.  Et des chansons avec le chanteur Raphaël pour son disque Anticyclone. Il est aussi sur scène avec le saxophoniste jazz-rock électro Guillaume Perret…

Fabrice Di Falco parle d’opéra et musique classique et aussi bien entendu  la traditionnelle biguine à Saint-Pierre en Martinique. Une sorte de promenade dans la ville et les ruines du théâtre qui, à la suite d’un cyclone, avait été reconstruit,  puis anéanti le 8 mai 1902,  quand le volcan de la Montagne Pelée se réveilla. Le premier  avait été dessiné -selon la légende- sur le modèle de l’Opéra de Bordeaux mais en dimensions plus réduites. C’était l’orgueil des Pierrotins  et il  offrit des représentations dès 1779! «Il y avait une vie culturelle extraordinaire à Saint-Pierre, dit Fabrice Di Falco.  Dans Bigin the Biguine que j’ai créé il y a deux ans au cabaret Le bal Blomet à Paris, je parlais déjà de cette vie culturelle très métissée, du public martiniquais qui aimait aussi bien la biguine que l’opéra. » 

Après avoir vu le spectacle, les responsables d’Axe Sud et Greg Germain, le directeur avec Marie-Pierre Bousquet -aussi productrice de cinéma- de la Chapelle du Verbe Incarné à Avignon ont eu l’idée d’en faire un film. Avec pas ou peu d’exotisme   malgré des images parfois complaisantes et un texte souvent emphatique. Pourquoi aussi cette manie des gros plans faits par drone? Mais, comme il a une impeccable diction et qu’il est bon conteur, il sait nous parler avec amour de son Saint-Pierre et interprète à merveille les grands airs d’opéra, Haendel,Purcell, Pergolèse, Vivaldi et Bach, parfois revisités par le swing, la pop, le tango et la mazurka martiniquaise. Accompagné par le Di Falco quartet (batterie,  piano, contrebasse et flûte martiniquaise) qu’il a créé. Mais il y aussi des airs de biguine, de jazz  et des  chansons.

Fabrice Di Falco  s’adresse  à des personnages disparus ou contemporains. Notamment à M. Saint-Val, créateur de l’opéra de Saint-Pierre, au chevalier de Saint-George (1745- 1799), escrimeur, violoniste, compositeur et chef d’orchestre. Ce Guadeloupéen  participa à la Révolution française et à l’émancipation des esclaves. Et à Christiane Eda- Pierre, la grande soprano native de Fort-de-France comme à ceux qui ont compté pour lui: sa mère, des  gens de sa famille vivants et morts qu’il aime. Et il retrace avec émotion l’histoire du Grand-théâtre de Saint-Pierre en Martinique rasé par l’éruption de 1902…   Cette tragédie, plus d’un siècle après, le bouleverse quand il chante dans les ruines de ce lieu dont on voit encore le plan. Le plus beau moment du film.

Il évoque aussi à la nouvelle génération de chanteurs lyriques qu’il faut aider et accompagner. Fabrice di Falco entend  aider les jeunes contre-ténors qu’il a repérés et pour qui il représente un modèle. Il finance donc lui-même chaque année des concours. Après une première sélection insulaire, les trente demi-finalistes concourent dans leurs région, puis bénéficient de master-classes à Paris prodiguées par Fabrice di Falco et son équipe qui  organise des concerts pour attirer le public mais aussi des professionnels. Les deux lauréats recevront une formation gratuite pour préparer leur entrée dans un Conservatoire, puisqu’il n’en existe ni en Guyane, ni en Martinique, ni en Guadeloupe!
Ne ratez pas Fabrice Di Falco, une voix lyrique au-delà des mers. Le film tourné en partie à Paris mais surtout en Martinique, permet, malgré ses défauts, d’écouter ce chanteur lyrique exceptionnel chez lui à Saint-Pierre. Et aussi d’avoir une première approche de l’histoire musicale de cette île française. Il sera cette année au festival d’Avignon.*

 Philippe du Vignal

Le film, coproduit par Axe Sud Production et France Ô. sera diffusé dans le cadre de la semaine Cœur Outre-mer de France-Télévisions, sur France Ô, dans l’émission Multiscénik, le jeudi 27 juin  à 23h 25.

 *Chantez et dansez ! #1 de l’opéra à la biguine de Fabrice di Falco et Julien Leleu, mise en scène et chorégraphie de Fabrice di Falco et Margaux Eskenazi, avec Fabrice di Falco (chant lyrique), Jonathan Goyvaertz (piano), Julien Leleu (contrebasse) et Aurélien Pasquet (batterie) se jouera à la Chapelle du Verbe Incarné à Avignon du 6 au 10 juillet.

Les Sauvages
CD chez Sony Classical.

 

Retour et Le Père de l’Enfant de la Mère, de Fredrick Brattberg, mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia

Retour et Le Père de l’Enfant de la Mère de Fredrick Brattberg, mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia

©pascal victor

©pascal victor

Ce jeune auteur et compositeur norvégien a obtenu le prix Ibsen pour Retour. Et son écriture fait souvent penser à une longue phrase musicale écrite en boucle pour exorciser la longue obsession qu’il semble avoir des relations entre enfants et parents. Ici, avec Retour sur le thème d’un amour filial avec des contradictions insolubles: attention et colère chez la mère, inquiétude et bienveillance du père… L’auteur met à nu avec précision mais comme en filigrane et cela dans ces deux pièces, les rapports de force entre les parents. Bref, les amoureux d’autrefois ont changé. Pourquoi ont-ils voulu cet enfant ? Pourquoi  la mère sans doute lasse, sombre-t-elle si souvent dans une colère froide? Pourquoi le père est-il si renfermé?
 
Dans Retours, cela se passe en Norvège dans un milieu bourgeois. Cuisine avec table et trois chaises en stratifié des années cinquante et salon figuré par un gros canapé et une plante verte. Il y a eu récemment une violente tempête de neige et on voit un père et une mère désespérés. On apprend vite qu’ils n’ont jamais revu leur fils, Gustav. En promenade sur une barque, il a disparu un soir et n’a plus donné de ses nouvelles à ses parents ou amis. Et personne ne l’a même aperçu. Sans doute est-il mort ou malade quelque part. Mais un jour,  au moment du dîner, on  sonne à la porte: l’adolescent est là, en parka sale et en  piteux état. Incapable d’expliquer les raisons de son absence. Et exigeant, voire odieux et agressif dès les premiers mots : «Pourquoi vous n’avez pas mis de couvert pour moi ? »

Mais les parents, ravis qu’il soit revenu, sont aux petits soins pour lui.  Trop sans doute: ce qui exaspère cet ado rongé par une sourde colère. Envers ses parents, la société  et lui-même ? Un peu de tout cela… Et sans cause apparente, il ne tardera pas à les quitter une nouvelle fois. Quelques jours plus tard, Gustav arrivera  cette fois blessé et presque mourant mais ressurgira comme par miracle. La mère ne montre de façon très curieuse aucun empressement à appeler le SAMU! Il s’enfuira puis reviendra, disparaîtra une nouvelle fois, etc. Ses parents à chaque retour, n’en peuvent plus mais se sentent incapables de réagir correctement. Elever et éduquer un enfant avec amour et tendresse, mission impossible? Comment faire pour éviter la lassitude et une sorte de perversité à la limite du sadisme que l’on sent poindre chez la mère? Et la colère chez un père qui regrette d’avoir conçu un bébé devenu un aussi insupportable ado? Comme le disait cyniquement le bon docteur Freud à une jeune maman qui lui demandait des conseils: “De toute façon, madame, cela sera raté !”

 Frederik Brattberg nous le démontre en cinquante-cinq minutes. C’est souvent brillant et drôle, parfois longuet quand il répète la même scène jusqu’à plus soif. Le système dramaturgique n’est pas neuf (voir Eugène Ionesco, etc.) et même s’il y a de bons moments, entre autres quand le fils débarque la première et la seconde fois  mais on se lasse assez vite. Heureusement, il y a Camille Chamoux, crédible dès sa première entrée sur le plateau. Excellente en mère abusive, mais aussi attachante quand elle est au bout du désespoir. La comédienne, que l’on connaît depuis longtemps, a une riche palette et  joue aussi à merveille les épouses crispantes. Et Jean-Charles Clichet en mari las et désabusé est aussi parfait, même s’il a moins de grain à moudre côté texte. Comme Dimitri Doré, tout à fait crédible et concentré dans un rôle mineur, mais pas facile à tenir.

Puis on nous soumet à un changement de ce décor très construit pendant de trop longues minutes et sans véritable nécessité dramaturgique… Mais de toute façon, on ne comprend pas non plus la nécessité d’avoir mis en scène cette seconde pièce, pas très passionnante, sinon pour compléter la soirée. On a maintenant affaire à un intérieur figuré par une table quelques chaises et de grands châssis ourlés de lumière douce. Comprenne qui pourra. Frederik Brattberg nous parle encore famille: un jeune couple a des rapports  très ambivalents  avec leur bébé dont chacun des époux voudrait conquérir et monopoliser l’amour. Et Frédéric Bélier-Garcia est ici beaucoup moins à l’aise  pour mettre en scène cette répétition du même texte avec quelques variantes; cela tourne au procédé et n’a rien de très convaincant… Notamment quand sept ou huit fois, la jeune femme revient du marché avec son vélo chargé de provisions et demande à son mari de l’aider à monter l’escalier. On commence alors  à regarder sa montre, alors que s’est juste écoulée une trentaine de minutes…

Là encore Camille Chamoux fait des miracles comme Jean-Charles Clichet, en réussissant à interpréter correctement ces dialogues faiblards et assez conventionnels. On se demande avec effroi ce qui se passerait s’ils n’étaient pas là! Dimitré Doré lui, habillé de noir, manipule avec un certain savoir-faire, une marionnette grandeur nature d’une petite fille de deux ans dont il imite à la perfection les pleurs et gémissements.
Mais on comprend mal le choix du metteur en scène. Cette piécette sur le thème des rapports conflictuels dans ce jeune couple  fait long feu… Un long sketch d’une vingtaine de minutes aurait largement suffi pour nous démontrer que le modèle de la cellule familiale est en faillite. Plus qu’avant? En tout cas, il n’était pas besoin d’en mettre une seconde couche et la soirée est longuette, même si, encore une fois, les acteurs sont  exemplaires. Autrement dit : le compte n’y est pas tout à fait et on sort de là déçu. Maintenant, si le cœur vous en dit, allez découvrir ce nouvel aspect du théâtre norvégien. Au moins là, on sourit parfois…

 Philippe du Vignal

Jusqu’au 30 juin, Théâtre du Rond-Point, 1 avenue Franklin Roosevelt, Paris (VIII ème).

 

Entretien avec Hassane Kassi Kouyaté

 

Les Francophonies-Des écritures à la scène : deux Festivals  annuels…

 

Entretien avec Hassane Kassi Kouaté

© Brigitte AZZOPARD

© Brigitte AZZOPARD

 Le nouveau directeur de ce festival francophone, unique en France,  a été nommé en janvier dernier. Il a fait évoluer le nom de cette manifestation et son calendrier, afin de l’inscrire plus clairement dans le paysage culturel hexagonal. Depuis l’annonce, en septembre dernier par le Ministère de la Culture, de la création de «pôles francophones» (voir Le Théâtre du blog). Désormais, il y aura  deux festivals sur onze jours consacrés pour Les Zébrures du printemps en mars, aux écritures et à ses auteurs, et pour Les Zébrures d’automne fin septembre-début octobre,  au spectacle, aux arts visuels et à leurs artistes.

 Ce changement de nom n’indique pas une rupture : «Être à Limoges me permet de poursuivre ce projet essentiel et de rendre hommage à ceux qui l’ont mené : Pierre Debauche, Monique Blin, Patrick Le Mauff et Marie-Agnès Sevestre. «Comment parler du monde autrement, par d’autres fenêtres, sous d’autres angles »,  C’est, pour Hassane Kassi Kouaté, l’enjeu principal.  
Il lui  fallait se positionner : «Depuis un an, beaucoup de choses ont changé l’intérêt déclaré du Président de la République pour la Francophonie. Avec la  fermeture du Tarmac et la création par le  Ministère de la Culture de trois pôles francophones.» À cette différence près! A côté des Francophonies de Limoges et de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, le pôle parisien n’est plus, comme prévu, Théâtre Ouvert qui.  migrera vers l’ex-Tarmac à la Villette. Et la Cité internationale des Arts à Paris dirigée depuis 2015 par Bénédicte Alliot, doit prendre le relai. Actuellement,  cette Cité se définit surtout comme un lieu «de résidence et de recherche» (1.200 séjours par an). Y  sont aussi organisés quelques expositions et des événements de toutes les disciplines liés aux activités des artistes qui y habitent. Le rôle de l’O.N.D.A. qui devait s’impliquer comme facilitateur entre ces trois entités restant à définir…

Visuel-Franco-Zebrures - copie Dans ce contexte mouvant, Hassane Kassi Kouyaté doit arriver à tenir le cap et  à«rendre visible tout le processus de création : depuis le travail de recherche et de découverte des écritures émergentes jusqu’à la scène.»  Et il a  envie de donner plus d’importance à la Maison des auteurs dont l’activité restait un peu trop confidentielle :  «Qui va faire aujourd’hui sortir les Hakim Bah, les Aristide Tarnagda… sinon nous ? C’est sur ce créneau que je veux rester.» Les autrices, trop peu nombreuses, sont une priorité et seront accompagnées par des parrains et marraines dans leur pays et pourront faire plusieurs séjours à Limoges.

 Les Zébrures de printemps proposeront pendant dix jours, des mises en lecture de textes (une quinzaine dont ceux issus des résidences). Si possible, en avant-première d’une future création à l’automne. Et des stages autour des écritures mais aussi des colloques… Et pour représenter les écritures de créateurs du monde entier liés à la francophonie, il y aura un focus par an. En 2020, l’Afrique. En 2021, le Moyen-Orient:Iran, Irak, Liban, Syrie et l’Asie : Viet Nam, Inde, Chine, Japon…

Les Zébrures d’automne présenteront idéalement des créations ou des premières représentations en France. Outre les partenaires et les salles habituels, le festival s’égayera dans les bars de Limoges, avec un programme d’apéros-spectacles : Un instrument, une voix. Il y aura aussi  des projections de documentaires en lien avec la création de la francophonie. L’espace public accueillera les arts de la rue et la fédération des commerçants et la Bibliothèque francophone sont d’accord pour s’ouvrir à La Nuit francophone, fête de clôture du Festival d’automne.

Enfin, Les Zébrures d’Automne vont investir la  caserne Marceau, un vaste bâtiment acquis par la ville de Limoges. Tout s’y délocalisera, y compris les bureaux et la librairie. S’y dérouleront concerts, rencontres, projections et certains spectacles et un restaurant sera accessible au public comme aux artistes. Dans la vaste cour,  il y aura un chapiteau de quatre-cent cinquante m2. Du cirque est prévu, et dans les prochaines années, un partenariat avec le festival Sirque de Nexon (Haute-Vienne). Cela permettra de  mettra en valeur des artistes venus d’Afrique où le nouveau cirque reste à développer. Même s’il est déjà présent dans quelques festivals  comme à Abidjan ou au Burkina Faso…

 Les Francophonies – Des écritures à la scène vont continuer à rayonner, au printemps et à l’automne, au-delà de Limoges, chez les partenaires déjà existants comme les villes de Bellac, Saint-Junien, Uzerche et dans la grande Région de Nouvelle Aquitaine, jusqu’à Bordeaux et à la Maison Maria Casarès en Charente (voir Le Théâtre du Blog)…  Beaucoup de projets restent à construire et la recherche de nouveaux publics se poursuit, en diversifiant les lieux de représentation. Et il y aura aussi des actions dans les lycées, en particulier avec le prix Sony Labou Tansi qui rassemble de plus en plus d’établissements scolaires.

Mais Hassane Kassi Kouyate n’oublie pas sa casquette de metteur en scène et prépare pour 2021, Congo, une histoire de David Grégoire Van Reybrouck, écrivain belge d’expression néerlandaise. Mohamed Kacimi s’est, lui, attelé à l’adaptation de cette vaste fresque de six cents pages pour huit comédiens et trois musiciennes…

« Être curieux de l’autre est un gage d’enrichissement » :  Hassane Kassi Kouyaté  retrouve Limoges où il est venu à ses débuts d’artiste, pour nous faire partager ces richesses, découvertes aux quatre coins de la planète francophone. Nous pourrons revoir avec plaisir Jours tranquille à Jérusalem de Mohamed Kacimi assister à trois créations : Le Pire n’est pas toujours certain, de Catherine Boscowitz,  Cœur minéral de Matin Bellemare, mise en scène par Jérôme Richer, Pourvu qu’il pleuve, de Sonia Ristic mise en scène d’Astrid Mercier, suivre un stage de marionnettes à gaine, ou entendre une conversation avec l’écrivain israélien Joshua Sobol dont le texte Étranges Étrangers sera mis en scène par Jean Claude Berutti.  Sans compter la remise de trois prix littéraires… A suivre.

 Mireille Davidovici

 Entretien réalisé le 21 juin.

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cour de la caserne Marceau

 

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