Le Festival Feria : troisième édition
Le Festival Feria : troisième édition
Le but: lancer une conversation entre un quartier, une troupe de théâtre et un lieu culturel. Dans un tourbillon d’histoires à suivre assis et debout, dedans et dehors, en solo et en famille, un soir ou tous les soirs. Un mouvement collectif pour mélanger les genres, les gens et les points de vue. Le puzzle théâtral imaginé par le Théâtre Déplié d’Adrien Béal et Fanny Descazeaux a d’abord lieu devant un supermarché proche, puis à l’Atelier du Plateau.
Pierre Devérines, Boutaïna El Fekkak, Adèle Jayle, Julie Lestages, Etienne Parc et Cyril Texier sont accompagnés dans leur exploration par une fanfare de huit jeunes musiciens, tous issus du Conservatoire du XIX ème: Swan Lichtenauer (flûte) Héloïse Guillemot, Armelle Coutaz (clarinette) Antonin Yé (trompette), Léon Zvellenreuther (cor), Naia Sotolongo, Elise Nanta, (trombone) et Antonis Hierso (tuba), tous issus du conservatoire du XIX ème.
Une drôle de chasse au trésor qui prend une résonance étrange dans ce quartier. Suivie par les gens mobilisés par l’Atelier du Plateau. «Il est question d’une zone de voisinage, d’un groupe de jeunes, objet de légendes urbaines, d’une disparition. Toute ressemblance avec des lieux et des personnes existantes est aussi fortuite que recherchée. Car ici même si c’est faux, c’est vrai et inversement. Ce puzzle théâtral s’immiscera dans le quartier par touches, par révélation de récit. Une chasse aux histoires comme une enquête à l’échelle d’un quartier. Un réalisme décalé bousculant l’ordinaire, le banal des situations et des espaces, pour l’élargir de bizarrerie. »
Pour la deuxième partie, nous sommes assis en U dans le bar de l’Atelier du Plateau. Les cinq comédiens échangent un ballon. «Je vais rentrer chez moi, cet endroit est la réplique de mon appartement, quand je suis dehors, c’est un enfer ! » (…) « Baudelaire donnait ce dernier avertissement au lecteur, remplaçons lecteur par spectateur. » Le comédien enlève sa chemise, se retrouve en caleçon. «Dans deux jours, je serai dans cette tenue, demain, ça sera beaucoup moins bien… »
Une actrice ramasse une mitraillette en bois, vise un homme avec une boîte sur la tête qui tombe. « Etre victime procure un statut. Mon fils de quinze ans a une relation avec une femme de trente ans.» On cite une phrase d’Agrippa d’Aubigné à Henri III : « Sire, je ne peux vous faire part que des tourments auxquels j’ai assisté. Je vois bien que vous me cherchez. Laissez-moi, je reviendrai quand vous serez calmé ! » (…) « On se réunit parce que le vendredi soir, les enfants ne sont pas rentrés à la maison. » (…) « Il a de très mauvaises notes à l’école, avant, il était joyeux… » La vie du quartier : « Il y a de plus en plus de jeunes dehors, ils traînent par deux ou trois, parfois seuls et ils filment les adultes à leur insu. » Une vieille engueule les jeunes : « J’habite le quartier, maintenant ça me fait flipper, à quoi pensent les adolescents, il faut se mettre à leur place… »
Cette Feria conçue pour lancer une conversation entre les gens du quartier et une troupe de théâtre, se poursuit ce mois-ci….
Edith Rappoport
Spectacle vu le 26 juin à l’Atelier du Plateau, 5 rue du Plateau, Paris (XVIIII ème). T. : 01 42 41 28 22.
Les 27, 28 et 29 juin, à 18h30. Rendez-vous au 34 rue des Alouettes pour un épisode d’une vingtaine de minutes. Puis, à 20h, l’histoire continue à l’Atelier du Plateau. Avec un spectacle différent chaque soir.
Et sous d’autres formes, du 3 au 6 juillet aux mêmes heures.