Le Mois Molière Entretien avec François de Mazières, maire de Versailles

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Le Mois Molière Entretien avec François de Mazières, maire de Versailles

Depuis vingt-trois ans, ce festival de théâtre et de musique (une centaine de concerts) se tient du 1er au 30 juin, dans les rues, parcs, théâtres et sites historiques de Versailles (Yvelines). Unique en son genre, il accueille gratuitement chaque année, plus de 100. 000 spectateurs sur des dizaines de sites dans la ville royale. François de Mazières, maire depuis 2008 et ancien Président de la Cité de l’architecture et du Patrimoine en est le fondateur. Il a été désigné en 2017, commissaire général de la première édition de la Biennale d’architecture et du paysage d’Île-de-France qui a lieu à Versailles cette année jusqu’au 13 juillet, un événement réalisé en collaboration avec le Musée du Louvre et le château de Versailles. François de Mazières assure personnellement la programmation de ce Mois Molière.

-Comment est né ce festival ?

- Adolescent passionné par le théâtre, j’ai suivi les cours de Marcelle Tassencourt, alors metteuse en scène et directrice du Théâtre Montansier.  Puis en 1996, alors  adjoint à la Culture, j’ai souhaité faire connaître avec Le Mois Molière, un répertoire de théâtre populaire, en privilégiant les jeunes compagnies et dont l’entrée aux spectacles serait gratuite. A l’époque, Francis Perrin dirigeait le Théâtre Montansier; il a tout de suite donné son accord et a emmené ses acteurs jouer dans Versailles, sur une charrette, de petites pièces du célèbre dramaturge comme La Jalousie du Barbouillé puis Le Médecin volant. Ce qui permettait de rassembler les gens d’un quartier.

J’ai  développé Le Mois Molière et fait ouvrir de nouveaux lieux de représentation -il y a maintenant plus de soixante sites partout dans la ville-  et comme emblématique de cet événement, la Cour de la Grande Ecurie avec six cent cinquante places assises en face du château, mais aussi le parvis de la cathédrale Saint-Louis, la place du marché Notre-Dame, l’Espace Richaud, dernier équipement culturel de la ville ou encore le Potager du Roi et plus généralement les parcs et jardins de la ville, qui deviennent ainsi des espaces scéniques éphémères.

-Vous accueillez des spectacles déjà représentés mais aussi des créations ?

- Oui, il me semble que les deux sont nécessaires et il y a onze ans déjà, j’ai mis au point un système de résidences -une douzaine cette année – dans des appartements et Maisons de quartier pour de jeunes compagnies comme celle d’Anthony Magnier (Le Dindon de Georges Feydeau) ou de Salomé Villiers qui créa ici l’an dernier Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux (voir Le Théâtre du Blog). Avec bien entendu, des salles de répétitions… Je fais en sorte que les spectacles soient gratuits pour tous, Versaillais ou non, et accessibles à tous les âges ou presque. Rançon du succès, il faut faire la queue et on n’est pas toujours sûr d’avoir une place si on arrive tard. Et il y a aussi un certain nombre de spectacles joués par des troupes d’amateurs …

- Et au point de vue financier ?

 - Les spectacles dans leur quasi-totalité sont gratuits. Bien entendu, ce festival a un coût. Sans compter les dépenses liées à l’organisation, nous avons un budget de 260.000 € d’achat de spectacles. L’essentiel du financement est assuré par  la Ville, la Région Ile-de-France (40.000 €), et cette année le Département des Yvelines (20.000 €).Chaque spectacle est acheté aux compagnies; les troupes de plusieurs comédiens reçoivent généralement entre 4.000 et 5.000 € par représentation. Nous avons aussi toute une équipe de plus cent cinquante bénévoles sans lesquels le festival ne pourrait avoir lieu. Et les services techniques de la mairie prennent en charge l’infrastructure  technique (montage des gradins, équipements, communication…) et assurent toute  la logistique des représentations.

-Comment choisissez-vous les spectacles ?

- J’ai à cœur d’offrir une programmation où il y a toujours plusieurs œuvres connues du célèbre auteur dramatique français comme cette année, Les Fourberies de Scapin ou peu connues comme Les Fâcheux. Mais aussi d’auteurs classiques avec Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien ou Macbeth une adaptation de L’Idiot de Dostoiesvki ou encore Le Dindon. J’ai peu de temps disponible mais j’essaye d’aller souvent au théâtre et suis toujours à la recherche de jeunes créateurs. Et comme  nombre d’autres programmateurs, je vais « faire mon marché » chaque année dans le off à Avignon où je vois chaque année plus d’une trentaine de spectacles. Je vais bien sûr parfois aussi dans le in mais cela m’intéresse moins… Cela dit, ces dernières années, j’avais notamment bien aimé le Richard III de Thomas Ostermeier.

- Vous semblez préférer le théâtre de texte… Comment voyez-vous l’évolution du Mois Molière ?

-Oui, je suis plus intéressé par les grandes œuvres du répertoire classique français et étranger que disons, le théâtre de rue ou d’autres formes de spectacle plus actuelles. Le théâtre, dit de texte, me paraît bien ancré chez nous et c’est ce qu’attend le public versaillais. Une chose est sûre, nous n’irons pas vers des spectacles du genre son et lumière…

-Que pensez-vous  du théâtre français actuel ?

- Par rapport  à nos voisins étrangers, il me semble  ne pas se porter si mal. Même s’il y a actuellement, dans les grands théâtres publics, une sorte d’institutionnalisation culturelle avec un souci de rentabilité évident que l’on peut regretter. Ce qui va, bien entendu, à l’encontre du théâtre vivant… Je souhaite avant tout faire émerger de jeunes troupes et c’est notre ligne : le Mois Molière est depuis pas mal d’années une sorte d’incubateur et fournit donc une subvention à la création… Notre festival n’est pas aidé par le Ministère de la Culture, même s’il l’a été pour son lancement par la D.R.A.C. alors dirigée par René Gaschet et une aide peut être apportée par cet  à ces compagnies en résidence chez nous.

 Philippe du Vignal

Versailles, le 25 juin.

Prochain spectacle à la Grande Ecurie : La Vie Parisienne de Jacques Offenbach, les 28 et 29 juin à 20h 30 et le 30 juin à 17h.  www.moismoliere.com

 

 

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