Bon voyage Bob, chorégraphie d’ Alan Lucien Øyen avec le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

Bon voyage Bob, chorégraphie d’Alan Lucien Øyen, avec le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

 

©Jean Couturier

©Jean Couturier

Nous nous sommes tant aimés. Nous avons été adolescents ensemble. Nous sommes devenus des adultes ensemble. Notre sensibilité et notre sens de la scène se sont construits au fil du temps grâce à l’hypersensibilité de la chorégraphe. Nous avons pleuré ensemble. Mais nous ne sommes pas tout seul et Pedro Almodovar, Wim Wenders, etc.. ont comme des dizaines de milliers de spectateurs, ont découvert les spectacles de la chorégraphe. Il y a déjà dix ans le 30 juin Pina Bausch mourait très vite. Dominique Mercy puis Lutz Forster sont alors devenus directeurs de la compagnie. A cette date ou presque, au festival d’Avignon, des spectateurs anonymes et des artistes lui ont rendu un hommage spontané : chacun de nous est reparti un œillet à la main.

Nous avons encore en mémoire un autre hommage : un pièce d’Alain Platel Out of Context of Pina avec les Ballets C de la B.  Cristiana Morganti qui a quitté la compagnie il y a cinq ans, lui dédie aujourd’hui un magnifique et émouvant solo Moving with Pina,  témoignage du travail de la chorégraphe. Que reste-t-il de nos amours ? Les danseurs du Tanztheater Wuppertal est arrivé à un tournant  et  ont proposé à un jeune chorégraphe norvégien de créer une pièce. Quelques artistes qui, la plupart vivent à Wuppertal et qui ont connu Pina Bausch sont sur scène. Nous avions déjà apprécié l’inventivité d’Alan Lucien Øyen avec Kodak (voir Le Théâtre du Blog) et nous découvrons ici son travail avec leTanztheater. Il dit être tombé amoureux de ses solistes : on peut le constater avec cette succession de solos, tous très bien dansés, dans cette pièce  qui dure plus de trois heures trente avec entracte.

Cette longueur que nous acceptions chez Pina Bausch grâce à la fulgurante beauté de certaines scènes, devient ici difficile à accepter. A partir de témoignages des danseurs, le metteur en scène a  écrit un texte, dit en français et surtitré en anglais ou inversement, qui tourne en permanence autour du deuil. La perte d’un père, le suicide d’un frère, l’évocation de drames personnels se succèdent sur des musiques des années cinquante. On connaissait déjà le talent de ces danseurs qui se révèlent  ici acteurs. ..Mais l’ensemble des tableaux est décousu et nous attendons en vain d’éventuels moments d’émotion. On retiendra quand même le moment où Helena Pikon se regarde avec tristesse dans un grand miroir, tandis qu’on découvre une séquence de film en train d’être tourné.

Le montage en effet très cinématographique, est fondé sur la mobilité de décors cuisine, salon, etc. que les acteurs déplacent et qui nous laissent découvrir les coulisses. Le tout dans une belle lumière rappelant un peu  les toiles d’Edward Hopper. Bien sûr, nous retrouvons avec bonheur ces visages connus qui nous ont tant fait vibrer et qui font partie de notre famille artistique. Comme Bob Wilson et Tadeusz Kantor, Pina Bausch  nous a initié à la beauté et à l’émotion. Avec des spectacles découverts au Théâtre National de Chaillot ou au Théâtre de la Ville  qui ont reçu ensemble cette création. Bon voyage Bob baigne dans cette nostalgie et nous resterons sans doute éternellement orphelin de la grande Pina : nous nous sommes tant et trop aimés…

Jean Couturier

Du 29 juin au 3 juillet Bon voyage, Bob, Théâtre National de la Danse de Chaillot, 1 place du Trocadéro, Paris (XVI ème), dans la cadre de la programmation du Théâtre de la Ville.

 Moving with Pina, a été présenté  du 25 au 29 juin, au Théâtre de la Ville/Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris (XVIII ème).

      


Archive pour 2 juillet, 2019

Bon voyage Bob, chorégraphie d’ Alan Lucien Øyen avec le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

Bon voyage Bob, chorégraphie d’Alan Lucien Øyen, avec le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

 

©Jean Couturier

©Jean Couturier

Nous nous sommes tant aimés. Nous avons été adolescents ensemble. Nous sommes devenus des adultes ensemble. Notre sensibilité et notre sens de la scène se sont construits au fil du temps grâce à l’hypersensibilité de la chorégraphe. Nous avons pleuré ensemble. Mais nous ne sommes pas tout seul et Pedro Almodovar, Wim Wenders, etc.. ont comme des dizaines de milliers de spectateurs, ont découvert les spectacles de la chorégraphe. Il y a déjà dix ans le 30 juin Pina Bausch mourait très vite. Dominique Mercy puis Lutz Forster sont alors devenus directeurs de la compagnie. A cette date ou presque, au festival d’Avignon, des spectateurs anonymes et des artistes lui ont rendu un hommage spontané : chacun de nous est reparti un œillet à la main.

Nous avons encore en mémoire un autre hommage : un pièce d’Alain Platel Out of Context of Pina avec les Ballets C de la B.  Cristiana Morganti qui a quitté la compagnie il y a cinq ans, lui dédie aujourd’hui un magnifique et émouvant solo Moving with Pina,  témoignage du travail de la chorégraphe. Que reste-t-il de nos amours ? Les danseurs du Tanztheater Wuppertal est arrivé à un tournant  et  ont proposé à un jeune chorégraphe norvégien de créer une pièce. Quelques artistes qui, la plupart vivent à Wuppertal et qui ont connu Pina Bausch sont sur scène. Nous avions déjà apprécié l’inventivité d’Alan Lucien Øyen avec Kodak (voir Le Théâtre du Blog) et nous découvrons ici son travail avec leTanztheater. Il dit être tombé amoureux de ses solistes : on peut le constater avec cette succession de solos, tous très bien dansés, dans cette pièce  qui dure plus de trois heures trente avec entracte.

Cette longueur que nous acceptions chez Pina Bausch grâce à la fulgurante beauté de certaines scènes, devient ici difficile à accepter. A partir de témoignages des danseurs, le metteur en scène a  écrit un texte, dit en français et surtitré en anglais ou inversement, qui tourne en permanence autour du deuil. La perte d’un père, le suicide d’un frère, l’évocation de drames personnels se succèdent sur des musiques des années cinquante. On connaissait déjà le talent de ces danseurs qui se révèlent  ici acteurs. ..Mais l’ensemble des tableaux est décousu et nous attendons en vain d’éventuels moments d’émotion. On retiendra quand même le moment où Helena Pikon se regarde avec tristesse dans un grand miroir, tandis qu’on découvre une séquence de film en train d’être tourné.

Le montage en effet très cinématographique, est fondé sur la mobilité de décors cuisine, salon, etc. que les acteurs déplacent et qui nous laissent découvrir les coulisses. Le tout dans une belle lumière rappelant un peu  les toiles d’Edward Hopper. Bien sûr, nous retrouvons avec bonheur ces visages connus qui nous ont tant fait vibrer et qui font partie de notre famille artistique. Comme Bob Wilson et Tadeusz Kantor, Pina Bausch  nous a initié à la beauté et à l’émotion. Avec des spectacles découverts au Théâtre National de Chaillot ou au Théâtre de la Ville  qui ont reçu ensemble cette création. Bon voyage Bob baigne dans cette nostalgie et nous resterons sans doute éternellement orphelin de la grande Pina : nous nous sommes tant et trop aimés…

Jean Couturier

Du 29 juin au 3 juillet Bon voyage, Bob, Théâtre National de la Danse de Chaillot, 1 place du Trocadéro, Paris (XVI ème), dans la cadre de la programmation du Théâtre de la Ville.

 Moving with Pina, a été présenté  du 25 au 29 juin, au Théâtre de la Ville/Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris (XVIII ème).

      

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