aaAhh Bibi, de Julien Cottereau, mise en scène d’Erwan Daouphars
aaAhh Bibi, de Julien Cottereau, mise en scène d’Erwan Daouphars (spectacle tout public à partir de six ans)
Ancien élève d’Alain Knappp, Pierre Tabard et Aurélien Recoing, ce mime et clown a rejoint le Crique du Soleil pour le spectacle Saltimbanco et en 2003 a travaillé pour l’association Clowns sans frontières. On l’a vu aussi chez Brigitte Jaques et cirque Bouglion avec des extraits d’Imagine-toi son spectacle le plus connu et pour lequel il avait reçu le Molière de la Révélation théâtrale masculine. Ici, c’est une nouvelle histoire muette qu’il entreprend de nous raconter avec d’étonnants bruitages qu’il produit lui-même vocalement par le biais d’un petit micro sur la joue : une sorte de pustule toujours trop grosse, donc très laide…
Julien Cottereau a un sacré métier et cela se voit dès qu’il entre en scène. Avec une gestuelle qui fait penser à celle du mime Marceau, une référence en la matière. Et quand il choisit dans la salle des partenaires, il ne se trompe pas : comme ce jeune Chinois qui se révèle être un mime fabuleux, un professionnel ? Ou une jeune femme qui accepte de monter avec lui sur un fil imaginaire (là, c’est sûr une danseuse ou au moins une pro du spectacle en tout cas). Ce soir-là, il y avait un tel échange entre elle et lui qu’on avait la nette impression qu’elle était sa complice depuis longtemps. On nous a dit non pas du tout… Dans ces moments exceptionnels, la magie opère.
Oui, mais voilà: ce spectacle d’une heure, dans la mise en scène actuelle, est encore trop brut de décoffrage. Et même si les spectateurs au festival Avignon in et off sont traditionnellement indulgents, il faudrait resserrer et préciser les choses. On voit bien qu’il s’agit ici du thème de la transmission mais beaucoup de moments restent flous… Et quand Julien Cottereau joue du violon (mais la chaleur était telle dans cette salle mal climatisée qu’il était obligé de s’essuyer sans arrêt la sueur sur son visage!), il mime trop grossièrement le jeu des doigts sur les cordes de son instrument. Et il y a plusieurs fausses fins et une avalanche de fumigènes qui n’a rien à faire là. Et le metteur en scène aurait pu nous épargner ces sorties du mime escaladant les rangées de fauteuils: un gag usé jusqu’à la corde… Bref, il a encore du pain sur la planche avant les représentations au Lucernaire à la rentrée. Attention! Le public parisien, lui, est beaucoup plus exigeant…
Philippe du Vignal
La Luna, 1 rue Séverine, Avignon à 20h jusqu’au 28 juillet . T.: 04 90 86 96 28.