On est sauvage comme on peut, création du collectif Greta Koetz
On est sauvage comme on peut, création du collectif Greta Koetz
Une belle surprise, produit d’une écriture collective qui casse les codes de la bienséance. Sans révéler le déroulé de cette “autodestruction dînatoire collective“, il faut féliciter Marie Bourin, Antoine Cogniaux, Sami et Thomas Dubot, Léa Romagny, pour leur folie et leur engagement total dans ce qui aurait pu être un repas cordial entre amis. «C’est notre manière à nous de changer d’air», dit l’un d’eux.
Après quelques échanges avec le public, le dîner commence tranquillement. On y sert une cuisine préparée en direct sur le plateau et les convives se parlent amicalement de choses et d’autres mais avec peut-être trop de détails. On vante la beauté de Belle du Seigneur d’Albert Cohen offert par l’un des invités au maître de maison. On évoque un reportage exceptionnel sur les manchots de l’Antarctique… Mais le ver est dans le fruit et nous devinons que la soirée va se dégrader… pour notre plus grand plaisir. La bonne éducation de chacun va peu à peu s’effriter jusqu’à un délire collectif étonnant.
Nous avons tous probablement rêvé de casser les codes de la bienséance, lors de ces dîners de cons, Qui n’a pas imaginé que son hôte s’étrangle avec une cacahuète ? Qui n’a pas voulu embrasser, devant son mari, la parfaite maîtresse de maison ? Qui n’a pas eu envie de flanquer un coup de casserole sur la tête de son voisin de table ? La compagnie belge l’a réalisé, avec une justesse et une précision d’orfèvre. Tout ici s’enchaîne parfaitement pour finir dans une apothéose jubilatoire qui rappelle une scène du film de Peter Greenaway, Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, sorti il y a trente ans. Une pièce qu’il faut voir absolument si cette troupe croise votre chemin.
Jean Couturier
Théâtre des Doms, 18 rue des Escaliers Sainte Anne, Avignon, jusqu’au 27 juillet.