Valletti Circus : John a dream’s par Patrick Pineau et Serge Valletti

 

Festival d’Avignon

Valletti Circus : John a dream’s par Patrick Pineau et Serge Valletti

 

©Lol Willemns

©Lol Willemns

« J’écris, dit Serge Valletti, comme j’ai l’impression que l’on parle dans la vie, avec toutes les digressions par lesquelles on passe, toutes les parenthèses que l’on ouvre sans parfois les refermer. Une histoire en amène toujours une autre : je tire le fil de l’imaginaire et laisse les choses venir naturellement. »

Nous aurons tout loisir d’apprécier cette écriture prolifique et généreuse grâce au focus que lui consacre Alain Timar, dans son lieu, dédié au théâtre de textes. Il rassemble trois solos : deux qu’il met en scène et Marys’ à minuit réalisé par Catherine Marnas (voir Le Théâtre du Blog)  Une série de rencontres accompagne cette programmation.

 Nous avons pu assister à une performance unique : la lecture, par Patrick Pineau de John a dream’s, un solo écrit pour lui, il y a près de dix ans et qui n’a pas encore vu le jour, à part quelques lectures ici ou là. L’acteur s’empare avec gourmandise d’un texte charnu : un homme dans la force de l’âge évoque l’amour pour sa « petite chérie »,  son métier, son être profond. Il se tourne vers son passé et s’interroge sur ce qu’il reste de sa jeunesse et de ses rêves… On le suit dans les méandres des digressions sans jamais se perdre. Avec une  puissance mêlée de désinvolture, l’acteur nous fait entendre des mouvements d’une écriture qui semble en perpétuelle gestation. A la fois fragile et lucide, le personnage porte un regard amusé sur le monde et lui-même : son histoire ressemble à la nôtre, et en cela nous touche.

 Au cours de la lecture, Serge Valletti intervient, jetant à la volée des «chansons» ou plutôt des poèmes. Cette prise de parole incantatoire donne une grande force à son chant aux accents rimbaldiens. Il y a de la colère et de la nostalgie dans ce dire qui  vient magnifiquement répondre à John a dream’s. L’auteur définit son théâtre comme un combat : «Mais un combat de quoi ? Un combat pour à tout prix rester sur scène avec ces armes que sont les mots. Un combat pour vivre du théâtre. Un combat pour figer mes pensées intimes devant tout le monde. Un combat pour continuer. Est-ce que tout le monde est comme moi? » On aimerait réentendre ce personnage combattant et voir bientôt John a dream’s monté sur une scène….

 Mireille Davidovici

Théâtre de Halles, rue du roi René, Avignon  T. :04 32 76 24 51, jusqu’au 28 juillet,  (relâche les 6 et 23 juillet):Marys’à minuit, 11 h, Pour Bobby, 14 h. À plein gaz, 16 h 30
Lectures et rencontres autour de l’œuvre de Serge Valletti  à 19H

Les trois solos de Serge Valletti sont publiés aux Éditions de l’Atalante.

 

 


Archive pour juillet, 2019

Points de non-retour (Quais de Seine), texte et mise en scène de Alexandra Badea.

 Festival d’Avignon

Points de non-retour (Quais de Seine), texte et mise en scène de Alexandra Badea

 

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Avec sa trilogie Points de non-retour, l’auteure et metteuse en scène française d’origine roumaine,  interroge la manière dont l’Histoire politique imprègne les êtres au plus profond d’eux-mêmes et détermine leur existence. Ces textes témoignent de notre monde actuel, imprégné d’une violence néo-libérale et prétendument dépolitisée.

 Le premier volet de Points de non-retour concernait le sort tragique des tirailleurs sénégalais de Thiaroye et le destin imposé à certains de leurs descendants. Ce spectacle créé à la Colline en septembre 2018, alternait récits d’histoire et commentaires  de ces êtres concernés par ces événements précis. Avec Quais de Seine,le second volet créé au festival d’Avignon 2019, l’auteure poursuit cette réflexion en révélant le poids conséquent des non-dits dans une sphère familiale.

 Nora,journaliste radio, est hospitalisée à la suite d’une tentative de suicide. Elle rencontre régulièrement un psychiatre qui l’aide à se reconstruire, en recomposant avec elle un récit, alors que son passé est terriblement défaillant. Ainsi accompagnée, elle accèdera à une mémoire familiale interdite: bribes de souvenirs de ses grands-parents tombés dans une insoutenable tragédie. Dans la nuit si cruelle du 17 octobre 1961 la police tira sur des Algériens dont certains furent jetés dans la Seine, n’ayant pas respecté le couvre-feu imposé aux Nord-Africains par le préfet de Paris, un certain Maurice Papon, que l’Histoire rendra une fois de plus tristement célèbre.

La grand-mère Irène, une jeune pied-noir et son compagnon algérien Younès, originaires de Sétif, vient dans un intérieur parisien  ici couvert d’un voile comme un rêve vaporeux surgi du passé. Irène est une jeune fille alors enthousiaste et volontaire qui survivra mais son compagnon et père de leur enfant ne pourra continuer la route: les parents de la jeune fille rejettent son idylle avec Younès. Les jeunes gens ont voulu vivre leur amour à Paris mais la police comme les harkis considèrent les Algériens selon le contexte de la guerre coloniale…

Pourtant, Irène s’inquiéte davantage que Younès, en lui affirmant qu’elle serait toujours à regret la fille de la conquête de l’Algérie. Lui s’étonnait de tels mots si peu prometteurs d’avenir et elle, aurait voulu oublier ces fausses racines qu’on lui avait collées : « Je n’ai pas choisi de naître là-bas. Je voudrais pouvoir parler sans que ça soit tout le temps vu comme la parole de l’oppresseur. » Selon elle, tous deux ont bien fait de quitter la terre algérienne, car tous là-bas et même ici, ont goûté à cette haine, même ceux qui ne sont pas encore nés. Pour Younès : «Fuir encore ? Etre un exilé à vie. Se battre toujours pour une place que personne n’a envie de te donner. Avaler les humiliations, le mépris, avaler toujours, faire semblant… » Alexandra Badea écrit en début de représentation sur son ordinateur, des lignes projetées sur un écran au lointain. Que retenir de l’Histoire qui nous a précédés? Joué par une équipe d’artistes binationaux: Madalina Constantin, franco-Roumaine (Irène), Sophie Verbeeck, franco-Belge (Nora), Amine Adjina, franco-Algérien (Younès), Kader Lassina Touré, franco-Ivoirien (le thérapeute), ce spectacle fin et rigoureux est sans doute trop fidèle à  une mission pédagogique et mémorielle, ce qui entrave les possibilités de liberté de jeu…

 Véronique Hotte

 Théâtre Benoît XII, du 5 au 11 juillet.

Le spectacle sera repris à la Colline-Théâtre national, Paris ( XX ème).

 

Histoire de l’imposture, chorégraphie de Patrick Bonté en collaboration avec Nicole Mossoux

photo Thibault Gregoire

photo Thibault Gregoire

Avignon Off

Danse

Histoire de l’imposture, chorégraphie de Patrick Bonté en collaboration avec Nicole Mossoux

 Que cachent nos vêtements? Si l’habit fait le moine, la vérité est-elle nue ?

Dans le plus simple appareil, cinq personnages s’avancent timidement: difficile, dans cette tenue, de se faire des civilités comme l’ordonne une voix de robot impérative. Pour obéir, hommes et femmes vont devoir se vêtir : de plus en plus guindés ils s’adonneront aux cérémoniaux d’usage. Du costard cravate aux atours d’un autre âge, le temps ne fait rien à l’affaire, l’imposture est éternelle.

 Dans imposture, on entend posture et la chorégraphie joue sur ces mots en bâtissant la pièce sur des glissements successifs d’une posture à l’autre : « L’enjeu était de s’interroger sur l’artifice des postures sociales, des jeux de rôles, des normes conformistes qui nous façonnent », note Patrick Bonté. L’imposteur, selon Jean-Bertrand Pontalis, est « celui qui usurpe une identité, s’invente une histoire qui n’est pas la sienne, se fait passer pour un autre, et ça marche. »

 Ici point de psychologie, ni de volonté démonstrative : les corps nous raconteront mieux que les livres cette histoire de l’imposture. Les deux danseurs et les trois danseuses évoluent dans un carré violemment éclairé, raides comme des mannequins de vitrine. Dans imposture, il y a aussi pose, et ils nous feront rire en prenant des poses sous les flashs répétés d’un hypothétique appareil photographique, et toujours pilotés par la voix off. Ils adoptent des personnalités d’emprunt, des poses grotesques, des mimiques grimaçantes, ou au contraire des airs compassés… Se transformant à vue, ces figures se mettent dans des situations stéréotypées, selon une typologie sociale repérable : hommes et femmes d’affaire pressés, mondaines et mondains évaporés, dragueurs de boite de nuit ou encore courtisans étriqués dans des redingotes et courtisanes en corsets et robes à panier… On oublie progressivement leurs anatomies, découvertes avant qu’ils n’apparaissent dans la lumière crue de la scène. Et l’on en vient à s’interroger soi-même sur le “look“ que l’on se donne, le matin, devant son miroir, avant de sortir se joindre à la comédie humaine…

 Mais à la fin, le factice finit par se fissurer, quand la musique appelle les interprètes à libérer leur énergie dans une danse sauvage inspirée de rituels tribaux. Hors d’eux et de la petite imposture du théâtre… Cette transe signe le retour du naturel contre la norme sociale…

 Patrick Bonté est metteur en scène et dramaturge, Nicole Mossoux danseuse et chorégraphe ; depuis 1985, ce tandem bruxellois pilote alternativement ses créations. Lors de cette dernière représentation estivale, nous avons découvert avec plaisir leur travail raffiné, au Château de Saint-Chamand, salle hors-les-murs de la Manufacture. Espérons que ce spectacle, qui tourne depuis 2013, sera, après le succès rencontré à Avignon, de nouveau programmé.

 

Mireille Davidovici

 

Vu le 14 juillet La Manufacture, 2, rue des Ecoles, Avignon T.04 90 85 12 71

 Compagnie Mossoux -Bonté Rue des Tanneurs 87, Bruxelles, Belgique T. +32 2 538 90 77 ;

http://mossoux-bonte.be

 

L’Oiseau migrateur de Dorian Rossel (à partir de six ans)

Festival d’Avignon

L’Oiseau migrateur de Dorian Rossel (à partir de six ans)

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 Le Théâtre jeune public n’est pas en reste, au Festival, dans le in comme dans le off et il figure en bonne place dans la programmation proposée par la Suisse, avec cette pièce conjuguant simplicité et  densité poétique. Sur le plateau nu, deux blocs noirs – piliers ou porte ouverte- vont bientôt se couvrir de dessins tracés en continu à la craie par le comédien et la comédienne. Avec un fil tendu, ils auront défini l’espace avant de dérouler l’histoire d’un garçonnet et d’une fillette, le temps des vacances. Une amitié enfantine et éphémère  pour une aventure dans les marécages avoisinants, la rencontre avec une tortue pour l’une et un oiseau pour l’autre….

 A l’aide de graffitis aux lignes épurées, produits en direct et bientôt effacés, chacun raconte sa version, d’abord en silence et en dessins, puis avec des mots. Leurs narrations se répondent comme en miroir et le décor bascule, révélant toutes les faces ornés des blocs, brouillant les pistes de ce scénario à entrées multiples. Finalement, posés dans une équilibre instable, ces éléments déconstruisent l’histoire qui finit elle aussi en suspens.

 Dorian Rossel fait théâtre de tout et de rien : un sac plastique devient l’oiseau blanc qui s’envole ; des éponges créent l’univers aqueux du marais où les pas s’enfoncent dans un bruit de succion… C’est avec des adaptations, le film La Maman et la Putain et celle d’un roman Oblomov de Gontchravov que le Genevois s’était fait remarquer en 2014 au festival off. Il y revient avec deux spectacles* dont ce beau conte moderne, sans prologue ni conclusion, sans morale ni didactisme, où, avec un minimum d’effets, il suggère plus qu’il ne démontre et laisse aux enfants de quoi rêver autour de cette proposition ouverte.

 L’Oiseau migrateur est présenté à Théâtr’enfants, un lieu dédié aux enfants pendant le festival : avec une programmation concoctée par Eveil Artistique, Scène Conventionnée jeune public. Cette structure développe toute l’année des projets artistiques à Avignon et dans les environs, depuis 1983.  Elle s’apprête à changer de nom à l’automne pour devenir Le Totem. 

 Mireille Davidovici

 Théâtr’enfants, 20 avenue Monclar, Avignon . T. : 04 65 00 02 31 jusqu’au 26 juillet, relâche le 14 et 21 juillet.

 *Laterna Magica (voir Le Théâtre du Blog), une autobiographie fictionnelle d’Ingmar Bergman est présenté hors  sélection suisse, au 11 Gilgamesh Belleville.

 

Ouverture d’une annexe du GITIS au Théâtre de l’Atalante, Paris

Ouverture d’une annexe du GITIS au Théâtre de l’Atalante, Paris

 Serguéï-Genovatch-et-ses-élèvesLe GITIS (Institut National des arts du théâtre) est le plus ancien établissement de formation théâtrale de Russie. Son histoire commence en 1878 comme l’école de musique et de théâtre  qui, cinq ans plus tard, fut  désignée comme « Institut musical et dramatique ». De 1891 à 1901, y enseigna Vladimir Nemirovitch Dantchenko dont toute une promotion forma, en 1898, la première troupe du Théâtre d’art qu’il dirigea avec Constantin Stanislavski.

Mais c’est avec Vsevolod Meyerhold  qu’il prend le nom  de GITIS. Apres avoir créé à Petrograd les premiers cours de mise en scène en Europe (1918-1919), Meyerhold s’installa à Moscou.  Et la fusion de l’ancienne école avec les Ateliers supérieurs nationaux de théâtre qu’il organisa, donna naissance au GITIS en 1922.
Sous l’égide de ces grands noms du théâtre russe,  cet établissement n’a cessé de se développer et de multiplier  les disciplines enseignées. Les maîtres les plus renommés y ont été invités à enseigner. La célèbre pédagogue Maria Knebel, élève de Mikhaïl Tchekhov et disciple de Stanislavski, y a développé la méthode de l’analyse par action. Parmi les anciens élèves du GITIS : Jerzy Grotowski, Anatoli Vassiliev, Eimuntas Nekrosius. Et en est sortie une promotion formée par Piotr Fomenko et qui devint une troupe qui enchanta l’Europe entière. 
L’annexe de cette grande école de théâtre qui s’ouvre maintenant à Paris, à l’Atalante, propose des master-classes, dirigées par des professeurs du GITIS, consacrées à la formation des acteurs. On sait que traditionnellement, l’art de l’acteur est au centre de l’enseignement de la mise en scène en Russie. Une  masterclass de deux jours avec Serguei Genovach, actuel directeur du Théâtre d’art de Moscou Anton Tchekhov et ancien élève de Piotr Fomenko, il dirige depuis 2004 le département de  mise en scène. Suivra une autre masterclass de dix jours avec Oleg Koudirachov, un des plus célèbres professeurs du GITIS assité de Natalia Chourganova, professeur de mouvement scénique et danse, spécialiste de contact improvisation.
Traduction du russe en français)
Il y aura une présentation publique des esquisses réalisées.

Béatrice Picon-Vallin

Premier stage du 11 au 24 novembre. 84 heures. Prix : 400 €. Admission : C.V. à envoyer à : latalante.gitis@gmail.com ou par courrier à Théâtre de l’Atalante, 10 place Charles Dullin, 75018 Paris.
Renseignements : www.theatre-atalante.com

L’Orestie d’Eschyle, traduction de Bernard Chartreux, mise en scène de Jean-Pierre Vincent

L ORESTIE

L’Orestie d’Eschyle, traduction de Bernard Chartreux, mise en scène de Jean-Pierre Vincent

 La trilogie fondatrice du théâtre grec, donc de notre théâtre, avec: Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides et la seule qui ait été conservée entière mais sans le drame satyrique qui suivait. Ces trois pièces sont parvenues jusqu’à nous parce qu’elles sont devenue tout de suite des classiques, reproduites dans les morceaux choisis des écoles. Ce sont les Lagarde et Michard de l’Antiquité qui l’ont sauvé…

Donc, même si l’on relativise la primauté du texte dans le théâtre grec du cinquième siècle comme le fait Florence Dupont dans L’Insignifiance tragique qui a elle-même traduit Agamemnon (L’Arche éditeur), ces pièces existent, toujours aussi fortes. Bernard Chartreux a appuyé sa traduction sur celle de Peter Stein dont on avait pu voir, entre autres, la mise en scène de cette trilogie à la Maison de la Culture de Bobigny en1981. Pourquoi passer par lui ? Parce qu’il a résolu, dans sa langue, l’équation nécessaire entre exactitude et lisibilité, avec la concision nécessaire, mais moins évidente en français à cause de tout notre outillage grammatical ! Peter Stein a juxtaposé la traduction des noms grecs des diverses déesses concernées par l’affaire: on  gagne donc du temps et l’attention du spectateur. Niké, la victoire, Atè l’aveuglement, Ubris, l’orgueil tout aussi aveugle, Némésis, la vengeance des dieux, Diké, la justice humaine…

Nous redécouvrons dans cette mise en scène d’abord avec Agamemnon que la pièce ne traîne pas en considérations annexes. Le gardien qui guette depuis dix ans les feux annonciateurs de la victoire a eu tout juste le temps de gémir sur l’attente, que la lumière lui parvient. Plus tard, le discours de séduction de Clytemnestre ne met pas longtemps à entraîner le vainqueur, quoique réticent, quoique redoutant le sacrilège, à fouler le tapis de pourpre réservé aux dieux. Poussé à la faute !

Dans ce match en trois sets, Eschyle donne le premier point à Clytemnestre : elle a vengé sa fille Iphigénie, a assuré son règne et celui d’Egisthe. Quant à Oreste, son fils, est hors jeu : en exil. La suite de la trilogie va consacrer la défaite des femmes et du féminin en général. Les Choéphores  (les porteuses de libations) vont pleurer sur la tombe d’Agamemnon, mais «  ce ne sont que des femmes », et quand Oreste revient, soutenu par son ami Pylade  et fléchit devant le meurtre de sa mère, il emporte de justesse le second point. Car tout n’est pas gagné : reste à débarrasser ce matricide, des Euménides qui le harcèlent. Elles voient la relégation totale des anciennes déesses et du matriarcat. Athéna, prudente mais maligne, ajoute sa voix au premier tribunal humain qui n’a pas su départager et elle fait pencher la balance du côté d’Oreste qui sera gracié. Les anciennes Érinyes vengeresses ne seront plus que de bienveillantes protectrices du foyer : maigre consolation…

Cette trilogie dit sans cesse que la démocratie et la justice sont une affaire d’hommes. Athéna doit son autorité au fait qu’elle n’est pas née d’une mère… Alors, comme le dit Jean-Pierre Vincent : « On en a pris pour vingt-cinq siècles ». C’est ça, la démocratie : elle reste toujours à construire. On pourrait parler quant à sa mise en scène, de ligne claire : rien n’est laissé au hasard, tout est maîtrisé, précis, à l’économie. Un constant et léger surlignage accompagne le rythme allegro de la représentation et contribue à décaper les contradictions et les enjeux du texte. Léger ? Le trait est parfois appuyé : d’autant plus drôle et bien ajusté, jetant des ponts allègres entre Eschyle et notre actualité. Voyez cet Apollon en complet veston mordoré et sa gestuelle macronienne…  Saluons les costumes et la scénographie, simples, soignés et efficaces et les jeunes comédiens de la troupe. Remarquables en vieillards dans le chœur d’Agamemnon, prudents et bons vivants sans caricature, porteurs de la parole du peuple et de celle des dieux. Et ils rajeunissent dans la seconde pièce quand ils jouent Oreste et Pylade. On aura vu une formidable Clytemnestre et des Euménides tourmentées et troubles à souhait, inquiétantes.

Bref, les jeunes comédiens sortis de l’Ecole du Théâtre National de Strasbourg ont fait la preuve qu’ils n’ont plus besoin d’école et qu’ils ont déjà acquis, entre de bonnes mains, une remarquable maturité. Il y a trois pièces, l’une d’une heure quarante, les deux suivantes d’une heure dix chacune, avec des entractes suffisants. Le spectateur ne serait donc pas du tout maltraité si le gymnase du lycée Saint Joseph offrait des sièges moins rudes (cela vaut pour la plupart des lieux du festival in). On aimerait une reprise, mais c’est le propre des promotions sortantes des écoles : chacun va faire sa vie…

Christine Friedel

Gymnase du lycée Saint-Joseph, rue des Teinturiers, Avignon,  à 14 h,  jusqu‘au 16 juillet.

Hen, création et mise en scène de Johanny Bert

Festival d’Avignon :

 Hen, textes de Brigitte Fontaine, Perrine Griselin, Laurent Madiot et Pierre Notte, création et mise en scène de Johanny Bert

hen

Photo Christophe Raynaud de Lage

Ce corps-là est fabriqué de pièces et de morceaux, changeant, transformable, outré ou réduit par l’artiste Eduardo Felix : un objet incroyablement sensuel. Il a avec lui, tout de noir vêtus, main dans la main, Johanny Bert et Anthony Diaz. Manipulateurs ? Ils l’animent, le/la font entrer dans la vie et avec quelle intensité ! Hen est devant, en toute fluidité, comme un masque pour l’acteur qui lui donne sa (belle) voix en direct. Difficile de faire plus vivant, plus physique que ce théâtre d’objets, accompagné ici par Guillaume Bongiraud, au violoncelle et Cyrille Froger, aux percussions : des présences fortes, attentives, malicieuses, parfois ironiques, en réponse à ce qui se passe dans le castelet.

Johanny Bert donne ici une nouvelle facette à son art de travailler avec les objets, pour employer un mot simple et d’inventer à chaque spectacle un rapport neuf et juste entre les vivants, les marionnettes, l’espace, les matériaux et la musique. Sa patte ? Une capacité à se réinventer, sans capitaliser sur une forme qui serait une signature. Hen éblouit par une agilité et un rythme musical sans temps mort. La poupée fait corps comme jamais avec son acteur, traversée par sa voix : une nouvelle voie pour Johanny Bert, modeste et ambitieuse. Un spectacle dur et tendre à la fois. À voir et à partager.

Christine Friedel

Théâtre du Train bleu, 40 rue Paul Saïn, Avignon, à 17h10, les jours pairs jusqu’au 24 juillet. T. : 04 90 82 39 06.

R.F.I. et France-Culture : les radios font leur festival

 

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jardin du musée Calvet

Festival d’Avignon

R.F.I. et France-Culture : les radios font leur festival

Haut-parleurs des auteurs, la radio capte l’éphémère des lectures qu’un public, nombreux, aime à fréquenter dans les jardins ombragés de la Cité des Papes. R.F.I. pendant huit jours, à 11 heures, au jardin de la  rue de Mons, nous livre les écrits en langue française venus d’Afrique ou d’autres coins du monde, présentés par Pascal Paradou et mis en lecture par Armel Roussel. France-Culture, au musée Calvet, sous les vieux platanes déjà admirés par Chateaubriand,  se saisit de  Nos Odyssées de l’espace et de l’esprit et Blandine Masson, directrice des Fictions, présente son programme.

Ces médias sont fortement engagés dans la défense des écritures contemporaines : France-Culture passe ainsi une centaine de commandes par an à des écrivains, et R.F.I. organise depuis cinq ans un prix récompensant un auteur francophone, avec, à la clé, des résidences d’écriture et une visibilité auprès de théâtres partenaires.
Avignon est l’occasion d’élargir le public d’autrices et d’auteurs inédit.e.s ou trop souvent resté.e.s confidentiel.le.s et de prolonger cette écoute en différé ou en direct sur Facebook.

CELLE QUI REGARDE LE MONDE

Jardin de la rue de Mons
© Pascal Gely

Ça va, ça va, le monde ! RFI

Ce cycle de lecture donne une autre couleur au thème du festival 2019, L’Odyssée, avec des histoires de guerre et de migrations moins héroïques que celles d’Homère : les dieux se sont tus, semble-t-il. Le Béninois Sedjro Giovanni Haunsou nous conte, en sept mouvements, les voyages sans retour des candidats à l’exil. Dans Les Inamovibles,  il y a ceux qui meurent, ceux qui dérivent sans fin et, au pays ceux qui attendent d’hypothétiques retrouvailles. Alternant scènes chorales et récits intimes des morts-vivants, la pièce ouvre des espaces poétiques vers des no man’s land incertains.

 Le lauréat du Prix RFI 2018 (voir Le Théâtre du Blog) invente «  une vraie langue avec une vraie colère », comme l’invoque l’un de ses personnages. Sans oublier des traits d’humour qui contribuent à la vitalité de cette écriture. « Je parle de la migration à partir de ceux qui restent, dit-il. Les gens finissent par s’enfermer dans l’attente de ceux qui sont partis. » Cet auteur a mis en place à Cotonou des dispositifs pour faire entendre de nouvelles voix africaines avec des festivals et un portail de diffusion internet : benicrea.net.

Avec Celle qui regarde le monde, Alexandra Badea met en scène une adolescente, Déa, qui s’ouvre au monde au contact d’Enis, un jeune Syrien fuyant son pays en guerre. Repoussé par la France et sans papiers, il cherche à gagner l’Angleterre. Elle l’aidera mais ses rêves se heurteront à une société sur la défensive, incarnée par un commissaire de police qui s’avère à la longue plutôt compréhensif.

 Conçue pour être jouée dans des classes de lycée, la pièce s’inspire de la rencontre avec des migrants à Paris et à Calais et d’échanges avec des lycéens: « Je les ai encouragés à poursuivre leurs rêves », dit l’autrice franco-roumaine constatant le découragement des élèves et de leurs professeurs face à l’avenir. Destiné à ouvrir les yeux des jeunes gens sur les problèmes du monde, le texte montre l’éveil de Déa à la réalité et à la nécessité de ne pas abdiquer. Et elle se révolte « A l’école, on nous parle de performance. » (…) « On nous prépare à rejoindre l’armée des adaptés. » (…) « C’est une langue rouillée.  On peut encore rêver dans ce monde ? » se révolte-t-elle. Organisée en séquences dialoguées alternant le tête-à-tête Déa/Enis et l’interrogatoire de la jeune fille par le policier, cette pièce, d’une grande efficacité, ne mâche pas ses mots et atteint avec justesse son public. Cette lecture est  interprétée par Léa Romagny, Thomas Dubot et l’acteur syrien  Rami Rkab.

 Les créations de France-Culture en public

La Mort d’Achille, une pièce inédite de Wajdi Mouawad, est lue pour la première fois sous la houlette du réalisateur Alexandre Plank. Nous avons le plaisir d’entendre la prose imagée d’un auteur qui a signé plusieurs textes inspirés des Tragiques grecs. Ici, il nous convoque devant la dépouille d’Achille : «Troie en flammes, grands oiseaux noirs dans un ciel charbon ». L’heure est au deuil chez les Grecs malgré leur victoire.

Autour du mort, les héros chantés par Homère vont se remémorer par bribes les épisodes de cette guerre de dix ans sous le regard neuf d’un écrivain d’aujourd’hui. La brouille entre Achille et Agamemnon, la mort d’Hector sous la lance d’Achille, les massacres des Troyens…  « Que s’est-il passé dans cœur de ces guerriers, dit l’auteur, lorsque, grâce à la ruse du cheval de bois, ils ont fait face à des enfants, des femmes et à l’ensemble des civils troyens ? » « Cette question a fait ressurgir le spectre des massacres de Sabra et Chatila » (…) « Il m’est apparu évident que, pour les Grecs de cette époque comme pour les miliciens chrétiens libanais de 1982, il a existé un instant de folie qui n’a eu de cesse de se reproduire selon les mêmes gestes, dans la même chorégraphie macabre. »

Ulysse met en doute l’existence et la responsabilité des dieux après les meurtres et viols auxquels se sont livrés les vainqueurs :  « Crois-tu qu’un dieu est venu retenir notre folie ? Quel dieu ? Il n’y avait que des hommes. S’il y avait un dieu il devrait s’en aller ».  Il essaye d’arrêter le massacre ordonné par Agamemnon : « Une nouvelle loi est là, la réconciliation. Ce jour-là, le monde proclamera la victoire des Grecs. » Mais il ne parviendra pas à changer le cours des choses. Le monde ne sera pas sauvé.  En une heure, La Mort d’Achille donne un éclairage contemporain à ces vieilles histoires dans une prose concise et poétique qui garde quelques traces de son lointain modèle.

Adama Diop prête sa voix à un Agamemnon inflexible, face à Jérôme Kircher (Ulysse). Sofiane Zermani fait renaître Achille de ses cendres avec des problématiques d’aujourd’hui. Amira Casa, qui joue Tétis et Xantos le cheval d’Achille, mêle sa voix à celle d’Adama Diop pour des chants funèbres, complétant les musiques d’Issam Krimi.

Sobre et d’une grande clarté, la pièce fait dialoguer les morts et les vivants. Chaque protagoniste y allant de son récit et de son point de vue. La mort d’Achille est-il imputable  à l’aveuglement des hommes, comme le pense Ulysse ? ou à « Apollon l’infaillible »,  comme les autres veulent le croire, dont Achille qui dialogue avec lui ? Pour Wajdi Mouawad, il n’y a pas de doute.

Mireille Davidovici

 

Ça va ça va le monde, jusqu’au 18 juillet, à 11 heures, jardin de la rue de Mons, Avignon. (entrée libre).
 Lectures diffusées sur les antennes de R.F.I. tous les dimanches à 12h 10 à partir du 28 juillet. Fréquence Paris R.F.I. 89 FM ou en  direct sur Facebook.

Les Créations de  France-Culure en public, du 11 au 20 juillet, c20 heures ou 22 heures 30, Jardin du musée Calvet, 65 rue Joseph Vernet, Avignon

Les Inamovibles est publié par Théâtre Ouvert ;

Du même auteur :  lecture de Nuit Bleue à la Chartreuse de Villeneuve-lez- Avignon le 20 juillet à 11h30

Celle qui regarde le monde est publié par l’Arche éditeur

 

Ma Colombine de Fabrice Melquiot, mise en scène et interprétation d’Omar Porras

Ma Colombine de Fabrice Melquiot, mise en scène et interprétation d’Omar Porras

Crédit photo : Ariane Catton Balabeau.

Crédit photo : Ariane Catton Balabeau.

Le rire, tel est l’objet, l’accessoire, et jusqu’à l’esprit même de l’art, de l’esthétique et de la philosophie de ce mime et comédien mais aussi metteur en scène. D’origine colombienne, il se souvient du temps où, écolier à Bogota, il demanda à son maître l’autorisation de sortir de la classe pour pouvoir se soulager, ce qu’il lui refuse et lui dit de s’en sortir seul. Ce qu’il fit aussitôt, de manière à la fois naturelle et triviale, pour cause d’extrême urgence. Mais il devint la risée de tous ses camarades, objet de moqueries et de sarcasmes, d’autant qu’on l’obligea à se changer  et à mettre une robe de fille… Ainsi commence cette épopée enfantine, irisée d’ombres et de lumières, du plus jeune âge jusqu’à une maturité tout juste acquise, au moment du départ pour Paris. La clé peut-être de son destin de ce saltimbanque, mime et comédien qui aima se déguiser et se travestir, avant de devenir un grand metteur en scène suisse.

 Fabrice Melquiot a écrit ce monologue pour Omar Porras, à partir de sa propre biographie. Aussi Omar est-il appelé, à l’occasion, Oumar Tutak, nom d’un petit double fictionnel qu’on peine à départager de l’adulte… Ce récit d’un voyage poétique avec l’écrivain Ma Colombine – un nom, un thème, un personnage, un pays originel tant aimé- est aussi la rencontre heureuse d’Omar Porras avec un poète curieux de la culture de son ami. Mais aussi un conte, à la fois lunaire et solaire, habité de personnages mythologiques, animaux sacrés et plantes miraculeuses : un véritable songe éveillé.

 Pour l’interprète lui-même, il s’agit d’un acte poétique, un solo avec le public comme seul partenaire, pour la mise au jour des pays divers qui envahissent l’artiste, changeants et vifs comme les rivières d’argent des légendes d’antan.Un corps en danse et en transe poétique : Omar Porras est une manière de lutin, de figure féérique, un esprit de la terre et du ciel, proche d’Ariel dans La Tempête de Shakespeare… Images littéraires, métaphores poétiques, musique des mots avec  allitérations et assonances- auréolés d’un accent latino-américain. Même s’il reste colombien dans l’âme, au service de la musique, du rythme et de la  respiration.

 L’acteur sautille, joue des mains et des bras, se courbe puis se redresse, raconte, imagine, inventorie tous les sons et les images du monde qu’il a rencontrés, se mouvant tel un serpent, rampant, se contorsionnant, toujours alerte et énergique. Accroupi sur un rocher dominé dans la nuit par une lune majestueuse, à l’ombre d’un arbre  au printemps dont les fleurs s’illuminent parfois, en ajoutant de la joie à la joie. Révélation d’une conscience littéraire et éveil au monde quand il arrive à Paris. Pour lui,  la scène est un espace sacré propice à toutes les réincarnations. Avec un jeu exigeant et après un travail rigoureux où il donne la part belle à l’esthétique même du geste… 

 Véronique Hotte

11. Gilgamesh Belleville, 11 boulevard Raspail ,Avignon. T. : 04 90 89 82 63, jusqu’au 26 juillet à 11 h 40, relâche les 17 et 24 juillet.

Moi, Bernard, adaptation de La Correspondance de Bernard-Marie Koltès par Claire Cahen et Jean de Pange, mise en scène de Laurent Frattale

 

Moi, Bernard, adaptation de La Correspondance de Bernard-Marie Koltès par Claire Cahen et Jean de Pange, mise en scène de Laurent Frattale

6CEAF487-D8C8-42BB-BE74-B01143EFFEA5 Metteur en scène et comédien, Jean de Pange travaille régulièrement sur l’œuvre de Bernard-Marie Koltès, et reste en quête de ses écrits : lettres, récits d’enfance  et  témoignages de ses proches, interviews… Il a passé son enfance à Metz, ville d’origine du dramaturge disparu, qui, plus tard sera pour lui un auteur de prédilection.  Ici, c’est à l’homme que l’acteur se confronte et à son existence fascinante qu’il transmet avec plaisir. Une plongée dans le travail littéraire, les doutes et les passions d’un grand écrivain qui a su donner la parole sur scène à ceux qui y sont trop rarement représentés.

 « Je pars pour le Sénégal. Retourner voir où devraient être mes racines pour découvrir une nouvelle fois qu’elles n’y sont pas, et revenir ici pour prendre le temps de me les réinventer là-bas. » De l’étudiant qui rate le concours de l’école du Théâtre National de Strasbourg au dramaturge de renommée internationale qui lutte contre la maladie jusqu’à sa mort le 15 avril 1989, ce solo traverse les vingt années d’écriture de Bernard-Marie Koltès, à travers le prisme de sa correspondance personnelle.

C’est un monologue, une adresse au public, selon l’âge de l’auteur. Les destinataires des lettres ne sont pas portés à la connaissance du spectateur qui, du coup endosse le rôle de confident et interlocuteur. Pour Jean de Pange, Bernard-Marie Koltès, faiseur de personnages, devient ici, avec ses propres mots, le protagoniste de ce spectacle. Un conte? L’autobiographie d’un Je? Une distance à cultiver ? Moi, Bernard est un tissage de citations et interprétation, conférence et lecture, théâtre documentaire et théâtre de verbe. L’acteur dessine le portrait d’un jeune homme doté d’une conscience aiguë de la violence mais aussi de la beauté du monde.

 Mi-conférence et mi-représentation, c’est une proposition poétique et biographique à la fois où l’auteur ne cesse d’interroger la place du théâtre dans la société. Et il nous fait aussi réfléchir sur son sentiment paradoxal et non moins vivant sur l’art du théâtre : «Je déteste le théâtre, car ce n’est pas la vie. Mais j’y reviens toujours car c’est le seul endroit où l’on dit que ce n’est pas la vie.»

 Dans la préface aux Lettres de Bernard-Marie Koltès, François, son frère, écrit :« On voit ici un homme se construire : à vingt ans, il fait le choix définitif d’écrire pour le théâtre puis, s’appuyant sur tout ce qui est possible, persévère dans sa voie jusqu’à l’accomplissement de sa volonté. Outre une lucidité singulière sur lui-même, on voit aussi se révéler une conscience politique globale du monde et, dans le même temps, du principe de l’être, qui trouvera son accomplissement au moment de l’écriture de La Nuit juste avant les forêts et continuera d’être la substance sous-jacente de l’œuvre jusqu’à la fin. »

 Solitude des voyages et de celui qui écrit mais aussi attachement à la famille avec les lettres à sa «Petite maman» et à une communauté d’amis… Enthousiasme et plaisir joyeux rythment l’épopée abrégée de l’écrivain, talentueux et attachant, saisi par le doute et l’amertume. Il n’a cessé de réfléchir à une écriture de théâtre significative. Avec un amour pour la langue française et ses longues périodes ludiques et répétitives. Il aimait aussi la précision sémantique et l’emploi des subjonctifs présents et passés.

 Qu’on lise Combat de nègre et de chiens ou Dans la solitude des champs de coton, l’adresse à l’autre est essentielle, à celui dont on ne soupçonnait pas la présence légitime. On a la révélation d’une vision prémonitoire sur la réalité des migrations contemporaines issues de tous les continents, celles d’un présent qui déborde… Un spectacle qui est le compte-rendu fidèle des aspirations artistiques d’un véritable créateur.

 Véronique Hotte

 La Caserne, 116, rue de la Carreterie, Avignon. T.: 04 90 39 57 63, jusqu’au 22 juillet à 15 h, (relâche le 16).

Salle des fêtes de Bussang (Vosges) , du 4 août au 1 er septembre, les dimanches à 20 h.

La Correspondance est publiée aux  Editions de Minuit.

 

 

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