Petite sélection du off à Avignon

Petite sélection dans le off à Avignon

Pour vous aider à vous retrouver dans le maquis des centaines de spectacles dans le off…  voici quelques spectacles recensés ci-dessous avec l’aide de leurs et -de nos- chères attachées de presse. Ils ont fait l’objet d’un article favorable dans Le Théâtre du Blog.
Et comme chaque année, nous vous informerons aussi au quotidien pendant toute la durée du festival des créations que nous avons pu voir et espérons vous faire découvrir quelques pépites…
Nous sommes, toute l’équipe du Théâtre du Blog et moi-même, aussi très heureux de vous annoncer la naissance récente de notre 6.000 article depuis neuf ans. Mais cela n’aurait pu être possible sans la fidélité exemplaire de nos lecteurs et le travail au quotidien de toute une équipe. Nous tenons à les en remercier vraiment.

Ph. du V.

Théâtre

*** Hugo/L’Interview de et avec Yves-Pol Denielou, mise en scène de Charlotte Pierreau, Théâtre Essaion, du 5 au 27 juillet.

*** Cherchez la faute de François Rancillac, La Manufacture hors-les-murs, du 8 au 24 juillet.

- ** Europa Esperanza d’Aziz Chouaki, mise en scène d’Hovnathan Avédikian, du 5 au 28 juillet, Théâtre du Girasole.

** – Paulina d’après Angelica Liddell, mise en scène de Jessica Walker, du 5 au 28 juillet, Théâtre Sham’s.

** – Iliade d’après Homère, mise en scène de Damien Rousseau et Alexis Perret,  du 5 au 28 juillet, Théâtre des Barriques.

** -Toutes les choses géniales de Duncan Macmillan, mise en scène d’Arnaud Anckaert, de du 5 au 25 juillet, La Manufacture.

- Le Grand feu de Jean-Michel Van den Eeyden, du 5 au 27 juillet, Théâtre des Doms.

*** -Heures séculaires de Laura de Laguillardaie et Olivier Brandicourt, du 10 au 28 juillet à 21 h 30, les 14 et 21 juillet à 7 h, Jardin du Musée Vouland.

*** -Comme disait mon père, suivi de Ma mère ne disait rien de Jean Lambert-wild, mise en scène de Michel Bruzat, du 6 au 26 juillet,  Salle Avignon-Reine Blanche

- Contrebrassens par Pauline Dupuy, du  5 au 24 juillet, Théâtre des Lilas.

** -Ma Radio: histoire amoureuse,  de et avec Philippe Meyer, attention:  les seuls lundis: 8, 15 et 22 juillet, Théâtre du Chêne Noir.

** -Les Secrets d’un gainage efficace par Les Filles de Simone, du 5 au 26 juillet, 11 Gilgamesh Belleville.

- Les Emigrés de Slawomir Mrozeck, du 6 au 26 juillet, Salle Avignon-Reine Blanche.

**- Enfin vieille ! de Laura Elko,  du 5 au 28 juillet, Le Grand Pavois.
 
***-Reconstitution de Pascal Rambert, mise en scène de Guy Delamotte, La Manufacture du  5 au 14 juillet.

 -La Magie lente de Denis Lachaud, Artéphile.

-Les Imposteurs, mise en scène de Jean Boillot, 11 Gilgamesh-Belleville.

** -Séisme de Duncan Macmillan, mise en scène d’Arnaud Anckaert, La Manufacture.

 Danse: 

 ** Näss (Les Gens) chorégraphie de Fouad Boussouf, Les Hivernales, du 10 au 20 juillet.

 

 

Et dans le in

Danse :

Multiples de Salia Sanou du 7 au 14 juillet, Cour Minérale.

 


Archive pour juillet, 2019

Britannicus de Jean Racine par Philippe Lebas et Christine Joly

 

Britannicus de Jean Racine par Philippe Lebas et Christine Joly

© Marion Duhamel

© Marion Duhamel

 Néron, tel que le dessinent Tacite et Suétone à la génération suivante, c’est le mal en personne, l’empereur mégalomane et cruel chantant : « Tandis que Rome brûle … » Agrippine, l’intrigante, elle, est veuve de deux empereurs romains dont son oncle, le fragile Claude qui aimait trop les champignons et qu’elle a peut-être un peu (beaucoup) aidé à s’en aller, si l’on en croit toujours Tacite. Voilà les deux fauves que Racine oppose dans cette  pièce qu’il a voulue politique mais qui traite avant tout des passions politiques et du pouvoir, enjeu et ivresse de ce combat.

Dans la tragédie classique, la fameuse unité de temps est une règle mais aussi une contrainte dramaturgique nécessaire : il y a tragédie, le jour de la crise, « le jour où ». Et ce jour-là, «L’impatient Néron cesse de se contraindre ; /Las de se faire aimer, il veut se faire craindre. »  Et il va faire assassiner son frère Britannicus. Le héros de la pièce, c’est bien Néron, « monstre naissant « ,  censé n’avoir que dix-neuf ans et son frère quatorze.

On veut bien croire à leur jeunesse, impatiente pour l’un, maladroite pour l’autre. Mais surtout on s’aperçoit qu’au fil de la pièce, la vie du tyran devient un désert : assassin de son frère, fâché à mort -littéralement- avec sa mère, éloigné de sa femme qui n’apparaît même pas dans la pièce tant il s’agit d’un mariage fantôme, il est « pour jamais séparé de Junie » qu’il convoite et va perdre son mentor Burrhus et son sbire Narcisse…

Cette solitude est peut-être l’une des raisons qui ont donné à Philippe Lebas l’envie de jouer Britannicus seul. Ou presque : l’affrontement souhaité par la mère et évité par le fils jusqu’au quatrième acte réclame la présence et l’énergie des deux comédiens. Une centaine de vers pour  Christine Joly qui attaque, curieusement comme Auguste dans le Cinna de Corneille : « Approchez-vous, Néron et prenez votre place… », en se mettant en position dominante- et une quarantaine pour la réponse de l’empereur : la joute verbale vaut un bras de fer. Mais pour le reste de la pièce, l’acteur se donne le plaisir de jouer tous les rôles, de se donner la réplique en un instant, modifiant un drapé pour en faire un voile de jeune fille ou un baudrier de soldat, changeant sa voix, allant se chercher lui-même à l’autre bout du plateau. On ressent son plaisir presque enfantin du jeu et il nous donne à entendre un texte d’une vivacité incroyablement concrète. Racine n’écrit pas du joli mais du puissant, du trivial : « Madame, retournez dans votre appartement », du brutal : « Ta main a commencé par le sang de ton frère,/ Je prévois que tes coups viendront jusqu’à ta mère »… Toute la pièce est de cette énergie avec une rhétorique agissante : c’est vrai, le dramaturge et le spectateur n’ont que le temps de la représentation pour voir la crise se nouer et se dénouer. Inquiétude du matin, désespoir du soir, même si le très moral Burrhus a un dernier regret, dernière ombre d’espoir ou plutôt présage funeste pour l’avenir : «Plût aux Dieux que ce fût le dernier de ses crimes. »

Pourquoi éprouve-t-on toujours un grand plaisir à suivre les actions des méchants ? Il est vrai que Narcisse paie pour son maître et pour lui même, avant la fin de la pièce et pour nos deux fauves: voir les auteurs latins.  Philippe Lebas et Christine Joly ont tenu leur pari: le poème dramatique de Racine se déroule comme un récit haletant dont nous ne manquons pas un mot, pas une inflexion. On peut chipoter sur une nuance ici ou là, mais on est emporté…

Christine Friedel

Théâtre des Athévains, 45 rue Richard Lenoir, (Paris XI ème). T. 01 43 56 38 32

Jules César de William Shakespeare, traduction de Jérôme Hankins, mise en scène de Pauline Méreuze

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Jules César de William Shakespeare, traduction de Jérôme Hankins, mise en scène  de Pauline Méreuze

 «Crains les Ides de mars !» Le grand César, au sommet de sa gloire, triomphant, conquérant et qui a refusé trois fois la couronne, en bon Romain allaité à la haine des rois – trop malin pour tomber dans le piège – le grand César a peur. Il sent une fissure monter dans sa statue de bronze. « Ne va pas au Sénat, César ! ». Mais ses « amis » qui se veulent plus grands que lui, puisqu’ils le tueront au nom de la République, sont venus le chercher. Il se rend -ironie de terme français, première et dernière défaite- au Sénat, cette fois vaincu. Pourtant César n’est pas le personnage tragique de la pièce, mais Brutus.  Il est mon ami mais je dois le tuer et la raison d’Etat l’emporte sur l’émotion. Mais on verra que, pour la plèbe fluctuante, l’émotion l’emporte sur la raison d’État.

Le coup de génie de la pièce est de commencer par un puissant :« Rentrez chez vous », envoyé à la plèbe curieuse : il n’y a rien à voir ! Sous-entendu : qu’est-ce que le destin ? César aujourd’hui triomphe mais demain… Son génie fondamental? Exercer comme aucun autre l’art de la manipulation. Cassius emploie avec Brutus toutes les ressources de la rhétorique pour lui faire prendre la tête de la conjuration ; il doit tuer César pour tuer la tyrannie et, au passage, venger Cassius des  ses frustrations. Ironie tragique : le nom de César lui survit comme titre donné aux tyrans. Manipulation « honorable » : au nom du bien commun, Brutus réussit à calmer la foule indignée. Mais  comme il croit aux lois, il donne la parole à Antoine. Lequel s’empresse de retourner la foule en exhibant la tête et les mains de César, tout en dressant un portrait fielleux de Brutus. Pouvoir vite pris mais vite perdu : Octave, le futur Auguste, « allié » d’Antoine, est en embuscade…

La mise en scène de Pauline Méreuze est d’une remarquable clarté : pas de gras, pas d’ornements, pas de temps perdu. Les costumes à transformations de Lou Delville ont le double mérite de soutenir le rythme de la représentation et d’évoquer la fonction à l’instant T de chaque personnage (six comédiens seulement  sur le plateau), et elle n’a pas cherché à les rendre beaux. En deux secondes, un tissu rouge devient flaque de sang ou pourpre impériale. Tout est bien pensé, va droit au but et à l’essentiel… On fera quand même la grimace sur un point : l’articulation de certains comédiens. C’est surtout dommage pour le grand discours d’Antoine : on aimerait pouvoir se délecter de ce chef-d’œuvre de perfidie, ce modèle de conquête de l’opinion. Allez, une autre petite grimace : les personnages féminins, justes, bien vus mais tellement resserrés que l’on n’a pas le temps de les suivre. Peut-être le prix à payer pour la rapidité et l’efficacité politique de l’ensemble? La compagnie de Pauline Méreuze s’est baptisée: Mangeront-ils ? en hommage à Victor Hugo et à sa pièce de son Théâtre en liberté écrit en exil ; on pense aussi aux conditions de vie des artistes… À  suivre dans la région de Reims où elle s’est installée. En attendant, ce Jules César nous a mieux que bien nourris.

 Christine Friedel

 Spectacle vu le 1er juillet, Théâtre Artistic-Athévains,  45 rue Richard Lenoir, Paris (XIème).

Bon voyage Bob, chorégraphie d’ Alan Lucien Øyen avec le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

Bon voyage Bob, chorégraphie d’Alan Lucien Øyen, avec le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

 

©Jean Couturier

©Jean Couturier

Nous nous sommes tant aimés. Nous avons été adolescents ensemble. Nous sommes devenus des adultes ensemble. Notre sensibilité et notre sens de la scène se sont construits au fil du temps grâce à l’hypersensibilité de la chorégraphe. Nous avons pleuré ensemble. Mais nous ne sommes pas tout seul et Pedro Almodovar, Wim Wenders, etc.. ont comme des dizaines de milliers de spectateurs, ont découvert les spectacles de la chorégraphe. Il y a déjà dix ans le 30 juin Pina Bausch mourait très vite. Dominique Mercy puis Lutz Forster sont alors devenus directeurs de la compagnie. A cette date ou presque, au festival d’Avignon, des spectateurs anonymes et des artistes lui ont rendu un hommage spontané : chacun de nous est reparti un œillet à la main.

Nous avons encore en mémoire un autre hommage : un pièce d’Alain Platel Out of Context of Pina avec les Ballets C de la B.  Cristiana Morganti qui a quitté la compagnie il y a cinq ans, lui dédie aujourd’hui un magnifique et émouvant solo Moving with Pina,  témoignage du travail de la chorégraphe. Que reste-t-il de nos amours ? Les danseurs du Tanztheater Wuppertal est arrivé à un tournant  et  ont proposé à un jeune chorégraphe norvégien de créer une pièce. Quelques artistes qui, la plupart vivent à Wuppertal et qui ont connu Pina Bausch sont sur scène. Nous avions déjà apprécié l’inventivité d’Alan Lucien Øyen avec Kodak (voir Le Théâtre du Blog) et nous découvrons ici son travail avec leTanztheater. Il dit être tombé amoureux de ses solistes : on peut le constater avec cette succession de solos, tous très bien dansés, dans cette pièce  qui dure plus de trois heures trente avec entracte.

Cette longueur que nous acceptions chez Pina Bausch grâce à la fulgurante beauté de certaines scènes, devient ici difficile à accepter. A partir de témoignages des danseurs, le metteur en scène a  écrit un texte, dit en français et surtitré en anglais ou inversement, qui tourne en permanence autour du deuil. La perte d’un père, le suicide d’un frère, l’évocation de drames personnels se succèdent sur des musiques des années cinquante. On connaissait déjà le talent de ces danseurs qui se révèlent  ici acteurs. ..Mais l’ensemble des tableaux est décousu et nous attendons en vain d’éventuels moments d’émotion. On retiendra quand même le moment où Helena Pikon se regarde avec tristesse dans un grand miroir, tandis qu’on découvre une séquence de film en train d’être tourné.

Le montage en effet très cinématographique, est fondé sur la mobilité de décors cuisine, salon, etc. que les acteurs déplacent et qui nous laissent découvrir les coulisses. Le tout dans une belle lumière rappelant un peu  les toiles d’Edward Hopper. Bien sûr, nous retrouvons avec bonheur ces visages connus qui nous ont tant fait vibrer et qui font partie de notre famille artistique. Comme Bob Wilson et Tadeusz Kantor, Pina Bausch  nous a initié à la beauté et à l’émotion. Avec des spectacles découverts au Théâtre National de Chaillot ou au Théâtre de la Ville  qui ont reçu ensemble cette création. Bon voyage Bob baigne dans cette nostalgie et nous resterons sans doute éternellement orphelin de la grande Pina : nous nous sommes tant et trop aimés…

Jean Couturier

Du 29 juin au 3 juillet Bon voyage, Bob, Théâtre National de la Danse de Chaillot, 1 place du Trocadéro, Paris (XVI ème), dans la cadre de la programmation du Théâtre de la Ville.

 Moving with Pina, a été présenté  du 25 au 29 juin, au Théâtre de la Ville/Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris (XVIII ème).

      

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