Festival des arts de la rue à la Chaux-de-Fonds (suite)
Ces créatrices s’interrogent sur les liaisons amoureuses et la jalousie; «Je veux absolument savoir qui est cette femme avec laquelle il a dormi ! « (…) « J’allais tellement mal, au bout de trois semaines, on jouait Les Liaisons dangereuses ! Cette trahison, ça fait six mois, et il y a le visage de ma copine Aurélie qui s’affiche ! Et là, ça a été la fin, elle m’a écrit une lettre en me suppliant de ne plus jamais lui adresser la parole, elle est partie en Argentine, ça l’a complètement brisée, anéantie. » (…)
« Quizas disent Amandine Vandroth et Maeva Lamb, est une envie d’aller au-delà des chemins balisés du théâtre de rue de ses petites cours fermées, L’espace du corps, du verbe érotique et de la pensée y sont intimement liés . » ( …) « Au cœur de notre travail, l’humain dans sa complexité, ses manques, ses souffrances, ses joies, sa grâce, son éclat, ses ridicules. Questionner le couple, analyser la figure du prince, de la princesse charmant(e) et son rôle dans notre éducation, nous les hommes et nous les femmes. Venir questionner l’amour, ce mystérieux sentiment qui nous traverse tous, nous rassemble, nous émeut, nous fait peur et parfois nous déchire. Ce sentiment continuellement présent, que l’on peut apercevoir au coin d’une rue, sur une terrasse de café, au quai de la gare ou dans un parc… » Nous aimons la rue, précisent ces jeunes femmes, parce qu’elle permet la rencontre de l’autre et déclenche dans son côté brut et direct, un besoin de contact et d’échange humain; nous avons envie d’y jouer parce qu’il nous semble que c’est aujourd’hui plus que jamais des valeurs à défendre et à ne pas oublier. »
Cette danse dans la rue correspond en fait à une parole qui veut sans doute être une réponse au « constat d’un jugement présent souvent négatif, parfois péjoratif et stigmatisant vis-à-vis du choix ou de l’envie d’indépendance et de liberté amoureuse et sexuelle de la femme, là où l’homme lui serait considéré comme « un Dom Juan ». Cette pensée là, et ce depuis des millénaires, c’est notre société elle-même qui la véhicule et la transmet de génération en génération. »
Les paroles sont souvent cinglantes: « Notre amour est comme un chien qui a fait son temps. » (…) « Dans la réalité, John le prince charmant, n’est jamais revenu. » (…) « Aujourd’hui, c’est la surconsommation, quand je suis fatiguée, je jette. » (…) « Avant de te connaître, je n’avais jamais passé plus de dix minutes avec une femme sans m’ennuyer. Dis, est-ce que tu m’aimes ? »
Les jeunes femmes dansent entre deux rangées de spectateurs, puis l’une derrière l’autre. « C’est la plus bizarre des émotions qui existe, l’amour ! » Puis elles se perdent dans la foule. Un spectacle aux frontières de la danse et du théâtre qui ne peut laisser indifférent…
Trois filles et deux hommes sont assis sur des chaises, on entend des publicités audiovisuelles. Ils esquissent des mouvements de gymnastique, jusqu’à ce qu’une fille balance de l’argile sur la tête de l’un de ses compagnons. On l’en enduit sur tout le corps, puis les manipulateurs à leur tour s’enduisent aussi d’argile. « C’est la guerre, de vrais réfugiés, des criminels! » Ils esquissent des mouvements lents, voluptueux, puis se déhanchent dans un silence total.
Immobiles sur leurs chaises, ils tombent par terre, se relèvent, nous dévisagent, se titillent sur la musique, puis se regroupent en bouquet à quatre pattes. Etrange !