Festival de cirque à Nexon Suivez le guide

Festival de la route du cirque à Nexon

Suivez le guide

© Brigitte AZZOPARDI

© Brigitte AZZOPARD

Les employés des établissements Félix Tampon nous emmènent dans une visite guidée insolite à travers le beau parc et les salles du château. Félix et son acolyte arrivent dans une petite voiture décapotable pour présenter la visite et s’emparent des sacs de quelques spectateurs, qu’ils jettent dans le coffre, tout de suite refermé.

Nous pénétrons dernière eux dans la mairie où l’on peut voir trois chanteurs lyriques drapés dans un plastique. Félix commente ce « monument historique » et fait évacuer le « conseil municipal ». Il nous fait observer « la magnifique façade et le cadran solaire où il est difficile de voir l’heure, parce qu’il n’y a pas de soleil à Nexon ! Pas de volets aux fenêtres,  parce qu’il y avait un voleur de volets au XVI ème siècle ! »

Madame la Daronne chante à la fenêtre : »Oh! La colère gronde, au galop ! ». Tout le monde se met à galoper, nous nous asseyons sur la pelouse. «Maurice de Nexon donnait souvent des cadeaux. » On lui prend son téléphone et on lui enlève son T-shirt. Angèle délivre un message d’amour et chante en russe.

«Toutes les caravanes sont médicalisées, pas de formalités administratives. D’étranges créatures sortent des caravanes. Les écuries sont le premier lieu de rencontres du château de Nexon. L’âne chante, deux travestis enfilent leurs chaussures à talon pour le cabaret de l’amour. « Je vous avertis, nous allons choisir l’étalon de la soirée ». Ils choisissent un spectateur, l’asseyent et cinq comédiens l’entourent et chantent : « Il y a des lignes à ne pas franchir, on est au cabaret de l’âne fou… ».

Cette promenade singulière se termine par un beau spectacle de cabaret des plus excentriques.

Edith Rappoport
A Nexon, (Haute-Vienne) le 21 à 17 h 30, le 22 à 15 h 30 et 19 h, le  23 à 15 h 30 et 18 h, le 24 à 11 h et 16 h 30. T.  : 05 55 00 98 36


Archive pour 21 août, 2019

Aurillac Jour zéro

 

4CB51187-2538-4D59-8449-3C66274E2F34Festival d’Aurillac Jour zéro
 
Ça n’a même pas commencé et il y a déjà du monde dans la rue des Carmes, les cafés sont bondés. On croise des centaines de jeunes avec des sacs à dos, des couples habillés à l’indienne marchant pieds nus, les chiens des brigades de gendarmerie  traquent l’herbe… Des tentes se montent un peu partout n’importe où c’est interdit. Et les centaines de  compagnies de passage s’installent, font des balances, montent des panneaux- programme à l’entrée des écoles occupées.

Le centre névralgique des pros, c’est de nouveau, près de la place Michel Crespin du nom de l’ancien directeur mort il y a cinq ans, l’école Jules Ferry toute rénovée.  Des milliers de tracts des compagnies « invitées » occupent l’entrée et les griulles comme en Avignon. La chasse aux programmateurs est ouverte… Et comme à Avignon, tu t’assieds à table et l’on te démarche: « Aimez vous les marionnettes ? » Ou: « Voici de la danse de rue très originale. Mata Mala annonce son festival 2 induction à Samonac. Nadira Berenili de l’ex-compagnie des Dindes folles vient faire sa programmation. Elle marque d’ un feutre jaune c’est ce qu’elle va voir, et  d’un feutre rouge ce qu’elle a déjà vu. Puis nous croisons un cavalier de la compagnie Anjaï sur son cheval blanc dans la rue de la Gare… Il distribue des tracts…  Les compagnies de rue vont-elles bientôt faire des parades pour attirer leur monde ?  On aurait un double festival. Les noms sont incroyables comme celui de la compagnie Ueueueué ouiais ouais ouiais qui vient faire ici de la marionnette-polichinelle.
On  a dans la main gauche une liste avec 114 pastilles, les lieux et la liste des horaires des 474 compagnies dites invitées. Soit 667 spectacles avec quelque 2.500 représentations… Pour savoir qui elles sont, on a dans la main droite un gros programme avec une page par compagnie (chacune paye 50 € la page! ).

Tout ici est démesuré. Partout on installe, on se démène. La ville a placé des pots de fleurs géants, pour bloquer les fous qui voudraient reproduire l’attentat de Nice. Ilina  Vukmir Damour me dit : « Tu ne me reconnais jamais. » Je serre les mains:  dans l’ordre chronologique, Joséphine Yvon, une jeune et charmante critique-stagiaire au Théâtre du blog, Marc Guiochet, vidéaste officiel depuis trente ans, Pierre Bolle, de Charleroi, Anne Lacombe, attachée de presse du festival, Christophe Paris,  le n° 2  de Jean-Marie Songy, l’ancien directeur du festival. Il a annoncé dans le journal La Montagne qu’il quittait sn poste…
Frank-Eric Retière à Briançon depuis huit ans toujours enthousiaste. Caroline Loir du festival Onze bouge, enfin elle, je la reconnais à tous les coups.  (…) Magali Levèque et Aurore La Vidalie, des Apatrides. Je vais voir leur spectacle demain à 12 h 15 mais je raterai l’ouverture… mais elle est toujours ratée. 

Pour bien débuter ce festival de rue.. Le premier spectacle est programmé au cinéma le Cristal, avec un performeur suisse qui parle 53 mn 33 secondes sans une respiration. 5 €: pas cher. Je ne donne pas mon avis, chacun aura le sien, je ne veux influencer personne. Je fais un calcul  pour Philippe du Vignal, le rédacteur en chef du Théâtre du blog.  Bien sûr et pardon d’avance, je suis un amateur en sciences économiques. Ici  les compagnies dites de passage nous offrent l’équivalent de 3.250 000 €, hors frais de bouche, de logement et transport: juste la valeur des cachets! Or le budget  du festival serait de 1.850. 000  €… 
Il y a un rapport de la Cour des comptes en 2014: assez comique puisque ses conseillers s’inquiètent du nombre très faible de spectateurs payants ! Mais ai-je vraiment tout  compris ?  L’administrateur me corrigera. Le festival répond à la Cour des comptes que la population triple pendant le festival et que les retombées économiques sont  de quelques deux millions d’euros. Il faut juste insister sur le fait qu’Aurillac serait un festival maigrelet sans les compagnies de passage: il n’y a que vingt-deux spectacles  dans le In. Au festival d’Avignon, les spectacles du off, disent les critiques, sont souvent plus intéressants que ceux du In.
 
Bof, tout le monde est content comme ça: dans un festival sans sélection, les compagnies ont l’occasion  de pouvoir se montrer et de trouver un contrat pour la saison prochaine. On est sidéré par la gigantesque passion qui les anime et elles sont prêtes à tout pour jouer: première conclusion provisoire sur ce festival qui n’a même pas commencé. On ne voit plus les belles chemises de Jean-Marie Songy, l’ancien directeur du festival cette année. Et on n’a pas encore croisé  Fred Rémy,  le nouveau directeur…

Jacques Livchine

Théâtre du Peuple à Bussang La Vie est un rêve de Pedro Calderon de la barca,

© Jean Louis Fernandez

© Jean Louis Fernandez

 

Théâtre du Peuple à Bussang édition 2019

 

La Vie est un rêve de Pedro Calderon de la Barca, mise en scène de Simon Deletang

Directeur depuis l’an dernier du Théâtre du Peuple, il est très présent à Bussang, village des Vosges qui abrite l’historique Théâtre du Peuple construit en bois qu’avait fondé Maurice Pottecher.  Rompant avec l’ancestrale  et unique manifestation de l’été (période propice à l’accueil des spectateurs dans le charmant parc entourant le théâtre), le metteur en scène veut proposer une « saison » de spectacles toute l’année et inscrire davantage son travail au cœur de la population locale. Loin de Colmar ou d’Epinal, elle ne bénéficie pas en effet d’une activité culturelle de proximité. Il y a donc désormais une proposition en hiver,  une autre au printemps et une autre encore en automne.

A l’occasion du programme estival, Simon Deletang a confié à Jean-Yves Ruf la création du spectacle dit  d’après-midi, traditionnellement consacré à un grand texte du répertoire auquel est associée la troupe des amateurs de Bussang. En choisissant de monter dans une nouvelle traduction de la célèbre pièce de l’Espagnol Calderon, écrite en 1635, le metteur en scène a repris un travail qu’il avait déjà abordé en Corse. Il l’affiné, le poussant dans ses retranchements, jusqu’à en donner une version qui plonge le spectateur dans les rets quasi inextricables du théâtre baroque.

La pièce impose d’emblée ses points de tension : un jeune homme enchaîné depuis l’enfance dans une grotte et qui ne connaît du monde que son geôlier ; deux jeunes gens qui le découvrent, eux-mêmes venus incognito régler une affaire de vengeance ; un roi astrologue qui, pour préserver son royaume d’un fils prédit cruel et tyrannique, l’a caché aux yeux du monde…

Affaires de cour, de cœur et d’honneur : le jeu de la succession au trône est ouvert. Peut-être pour ne pas déplaire à l’Eglise catholique, le dramaturge situe l’action  « en Pologne, c’est-à-dire nulle part » comme disait Alfred Jarry, car les astres règnent sur le destin de ces êtres qui n’évoquent jamais ni Dieu ni diable.

Le jeune Sigismond offre une figure typique des contes : préservé du monde, condamné à un état semi-bestial    » une bête pour les hommes, un homme pour les bêtes » , il ignore son identité. Le roi, son père, devenu vieux,  choisit de le sortir de sa captivité pour vérifier la prédiction. Plongé dans un profond sommeil par un élixir magique, Sigismond se réveille à la Cour, dans la soie et le brocard. Autre thème cher aux contes : le pauvre hère qui se découvre fils de roi.

Dans l’enchaînement des chagrins et des bonheurs, Sigismond n’aspire qu’à la vengeance et lorsqu’il est en position d’exercer le pouvoir, son instinct le pousse vers la plus extrême cruauté. La prédiction malheureuse est donc en passe d’être avérée.

Pourtant, au travers de rebondissements multiples, dans la succession des épreuves (il sera renvoyé à sa grotte par le Roi effrayé d’avoir libéré un tel monstre), Sigismond forgera enfin sa propre morale : « Même en rêve, on ne perd rien, à agir bien ».

Le rêve est ici le pendant de l’illusion et l’illusion, le moteur de la pensée. Rêver sa vie ? Se croire roi ? Et se croyant roi, s’autoriser tous les débordements ? Ces thèmes de l’identité mouvante, du changement de morale qu’autorise celui de statut, thèmes inspirés des contes arabo-persans, parcourent toute l’oeuvre, transportant Sigismond, comme le public, d’une réalité à une autre. En ces temps de chevalerie finissante (Don Quichotte est paru en 1616), ce sont encore les vertus de la transformation par l’épreuve qui couronnent un destin. Contredisant la prédiction, Sigismond surmonte donc les hypothèses astrologiques du Père, ce roi que chaque fils doit défier et combattre.

Servie par une distribution irriguée par les comédiens-amateurs de Bussang, la mise en scène de Jean-Yves Ruf déborde de vitalité, en particulier dans la deuxième partie où Sylvain Macia (dix-neuf  ans) dans le rôle de Sigismond et Mickaël Pinelli dans celui de Claironn, donnent la plénitude de leur art. Ils nous font oublier les tours et les (longs) détours de l’action, avec des thèmes enchevêtrés : révolte politique, quête d’amour ou  trahison.

Dans une scénographie d’Aurélie Thomas, qui évoque tour à tour la grotte et le palais (où l’ombre joue à merveille sa partition (éclairages  de Christian Dubet), les acteurs donnent à cette pièce à la philosophie complexe (et parfois obscure), l’énergie vitale d’une percée vers la lumière. « Rêvons au bonheur et les chagrins suivront plus tard car tout le bonheur des hommes finit par passer comme un rêve ».

Marie-Agnès Sevestre

Théâtre du Peuple, Bussang ( Vosges) du jeudi au dimanche, à 15h, jusqu’au 7 septembre (représentations surtitrées en allemand, les 31 août et 1er septembre).

 Le texte de la pièce est publié aux éditions des Solitaires intempestifs.

 

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