J’ai peur quand la nuit sombre par Erd’O (pour adultes et enfants à partir de douze ans)

 

J’ai peur quand la nuit sombre, d’après des versions du Chaperon rouge (tradition orale)  mise en scène d’Edith Amsellem (pour adultes et enfants à partir de douze ans)

25515-190814163836381-0Un spectacle conçu pour des parcs et jardins,  avec les personnages emblématiques du Petit Chaperon rouge, loin des contes de Charles Perrault et de ceux des frères Grimm. Soit, nous dit à l’entrée, une voix off aussi mielleuse qu’insupportable: «Une invitation à se perdre dans les méandres symboliques de quelques versions originelles du conte ». Bon, à voir…

Cela se passe à La Plantelière, un très bel arboretum sur sept ha à Arpajon-sur-Cère, une commune jouxtant Aurillac. Avec une grande variété d’arbres: érables, conifères, fruitiers, frênes, saules, hêtres… de nombreuses prairies avec fleurs sauvages, un labyrinthe de haies, un potager, un espace compost, un verger des formes et un verger conservatoire… Le tout, sans pesticides, herbicides ou engrais chimiques.

Le spectacle déambulatoire a lieu en trois espaces dans une clairière. Le public s’assied, s’il le peut et de temps à autre, sur quelques rares coffres en contre-plaqué coloré en  brun, vite convoités. Sur l’herbe verte et sous les beaux arbres éclairés par des projecteurs suspendus, il y donc ces espaces délimités par un fil rouge: la maison de la grand-mère Laura (soixante quatre-ans, dit-elle) celle de la mère et si on a bien compris, entre les deux, un espace dévolu au grand méchant loup, un grand jeune homme masqué, torse nu et en collant noir, muni d’une hache. «En libre circulation autour d’un jeu de pistes de la maison de la mère à la maison de la grand-mère, le public pourra assister à une ou deux séances pour suivre le fil rouge de différents points de vue. »

Effectivement, il y a du fil rouge un peu partout sur l’herbe verte et décliné en paquets, pelotes, mur, tas, mannequins… Et la grand-mère en embobine même une dizaine de mètres sur une perceuse sans fil verte donc assortie à l’herbe. La maison de la mère est elle figurée par un cadre en tringles rouges. Bref, du rouge partout avec  des centaines de mètres de fil de laine mais à l’inverse, l’histoire, elle, manque singulièrement – pardon pour le jeu  de mots facile- de fil rouge et on s’ennuie vite…
Le spectacle en deux parties est coupé d’un entracte : pour la première, cela se passe en quatre chapitres. L’installation plastique ne manque pas de charme, surtout à la nuit tombante mais on ne s’intéresse guère au texte, assez médiocre et souvent couvert par la mauvaise balance avec la musique. On se balade d’un endroit à l’autre comme l’a recommandé la voix off. Comme il y a parfois certaines scènes qui se jouent en même temps mais qui semblent se répéter, fatalement on décroche. D’autant que le niveau de jeu est assez faible ! Heureusement, il y a l’arboretum qui permet de rêver, le chant de quelques oiseaux nocturnes et quelques beaux instants avec la grand-mère dans la revisitation du célèbre conte. Mais pour le reste autant en emporte la nuit et tout cela ne suffit pas à faire un spectacle… Bref, on n’a absolument aucune envie de rester pour la seconde partie. Heureusement, il y a une navette prévue et le car est vite bourré. Rares en effet ont été  les applaudissements… On se demande bien pourquoi ce spectacle a été programmé ! A la sortie, une spectatrice exaspérée ne mâchait pas ses mots à propos du travail d’Edith Amsellem: «Quinze euros pour une petite chose aussi prétentieuse que dénuée d’humour, cela fait cher! » Donc, conseil d’ami, vous l’aurez compris, inutile de vous déplacer…

Philippe du Vignal

Le point de vue de Joséphine, critique stagiaire au Théâtre du Blog…

Une voix-off à la diction étrange nous donne les consignes. Avec un léger air de Twin Peaks. « Il n’y a pas de sens à la visite »  » (…) « Vous pouvez composer votre spectacle ». Un fil de laine rouge délimitant la scène sur quelque quatre vingt mètres de long, est interdite aux spectateurs. Trois espaces alignés, non séparés mais de l’un à l’autre, on ne peut entendre les dialogues… Si on en a le courage, il est possible de rester voir le même spectacle être rejoué une seconde fois pendant une heure dix, sinon  impossible de suivre tous les dialogues. De toute façon, cette histoire décousue est  difficile à comprendre !

Le dépaysement induit par l’installation peut séduire mais le texte manque  d’originalité. C’est une énième libre adaptation du Petit Chaperon Rouge, avec des thèmes maintes fois traités: relations mère-fille, émancipation féminine, règles, ménopause ou sexualité… Et on ne comprend pas vraiment ce que l’on fait là. Si les comédiens jouent les prisonniers de leur fiction, on se sent quant à nous, mis à l’écart et on les laisse volontiers dans leur espace. Croire qu’un public debout est un peu plus actif que sur un fauteuil et qu’il se sent forcément plus concerné par ce qu’on lui raconte, participe d’une certaine  naïveté…
Tant pis, mais aucune envie de rester et comme Philippe du Vignal, nous  avons repris la navette à la fin de la première partie…

Joséphine Yvon

 Du 21 au 24 août à 20 h 30, départ en navette: 36 avenue des Pupilles de la Nation, Aurillac. 

 


Archive pour 23 août, 2019

Festival de Bussang: Moi, Bernard

Festival de Bussang (suite) :


image (1)Moi, Bernard

Chaque dimanche, le comédien et metteur en scène Jean de Pange propose une exploration de la correspondance de Bernard-Marie Koltès, à partir de Lettres (2009)  parues aux éditions de Minuit.  François Koltès, frère et ayant-droit de Bernard-Marie, a fait un choix parmi cette vaste correspondance (heureux temps qui ne connaissait pas encore Internet et où on pouvait suivre la trace d’une vie, d’une pensée…)

Jean de Pange porte, de sa seule voix, cette invitation à voyager dans l’œuvre et la biographie de Koltès, au milieu des livres, sur une petite estrade de la salle des fêtes. Nous découvrons les débuts dans l’écriture du jeune Bernard, avec une carte de vœux écrite en 1955 à ses parents. Un clin d’œil qui place d’emblée ce parcours dans l’intimité familiale, amicale mais Jean de Pange garde une totale pudeur sur les destinataires dont peu sont mentionnés. Ce n’est donc pas le répertoire mondain, théâtral ou littéraire des relations de l’auteur que nous suivons, mais bien plus le contenu de sa pensée, de ses inquiétudes, de ses espoirs…

Et d’espoirs, Bernard-Marie Koltès en est plein, alors qu’il commence en 1968 à se lancer : «Je risque mon âme » en créant une compagnie de théâtre aujourd’hui oubliée : Le Quai, à Strasbourg, pour laquelle il écrit Les Amertumes, Procès ivre puis Héritage. Nous suivons les débats sur le formalisme avec Hubert Gignoux qui l’accompagnera de ses encouragements. Vient le début de la reconnaissance avec l’enregistrement pour France-Culture, grâce à Lucien Attoun, de la version radiophonique d’Héritage (1972). Et la révélation à Avignon avec La Nuit juste avant les forêts en 1977.

Cette période nous est la plus précieuse: nous lisons dans ses lettres la rage d’écrire autrement, de dire un ailleurs qu’on ne voyait pas sur les scènes. Tissée de ses multiples voyages (il se voulait imprégné d’autres réalités, d’autres rencontres, d’autres extases, alors que le milieu parisien du théâtre lui sortait par les yeux), cette correspondance dessine la carte de ses lieux privilégiés: New-York, le Nicaragua, différents pays d’Afrique, Riode Janeiro, qui en font un « errant des villes « .

Jean de Pange saute d’un extrait à l’autre et parfois nous livre visuellement le contenu d’une lettre. Sans doute est-ce à la fois le charme et la fragilité de cette proposition : on sautille dans le temps, on se plaît à reconnaître tel ou tel interlocuteur, à se souvenir de telle mise en scène: nous avons l’âge d’avoir vu les créations de Combat de nègres et de chiens, Quai Ouest, Dans la Solitude des champs de coton, Roberto Zucco ou encore Retour au désert

Mais rien de la correspondance avec Patrice Chéreau. Et on se demande à quel moment le sida y prendra sa place de personnage principal… Et ce sont donc les années de jeunesse qui font l’intérêt majeur de Moi, Bernard. Mi-conférence, mi-confidence. Ces soixante-quinze minutes filent, au rythme des petites saillies de l’acteur qui cherche encore, manifestement, la colonne vertébrale de son projet. Mais on ne boude pas son plaisir: passer une heure avec Koltès, c’est quand même passer un moment d’intelligence et de non-conformisme. Et nous sortons assez perplexes quand deux jeunes filles disent à la sortie : – «Tu sais qui c’est toi, Koltès ? » – «Non, aucune idée, jamais entendu parler. » Peut-être auront-elles envie de le découvrir ?

 Marie-Agnès Sevestre

Prochaine représentation: le 1er septembre, à 19 h, salle des fêtes de Bussang.

Festival d’Aurillac 2019 (suite)

Festival d’Aurillac 2919 (suite)

©Midi Libre

©Midi Libre

Full Fuel, par la compagnie Oxyput, chorégraphie de  Marine Cheravola

On place le public en rond autour d’un espace délimité par cinq bidons bleus. Autour, quatre danseuses se déhanchent furieusement, accompagnées par la musique d’une guitare électrique. Certains spectateurs se lèvent et les accompagnent. Elles tombent et jaillissent à nouveau. La ronde des spectateurs se rétrécit autour d’elles. Elles saisissent les bidons, se les envoient. L’une, seins nus, se masque avec sa chemise puis saute. Elle allume une cigarette et une autre boit à un bidon rouge et défaille. Les trois autres boivent aussi l’une après l’autre et tombent en arrière. Les danseuses courent en rond et le cercle se rétrécit encore.

Peu à peu elles mettent des habits pailletés qui recouvrent leurs tenues maculées de boue et se trémoussent en rythme. L’une d’elles se lance dans un beau solo: « Une transformation d’un système s’accompagne d’une accélération des particules ! » Elles se projettent l’une contre l’autre, puis tournent en rond, entraînant dans leur course des spectateurs fascinés. A ne pas manquer !

Edith  Rappoport

diffusion@oxyputcompagnie.com

Avis de décès Heuheu

Avis de décès« Siméon, c’est le croque mort qui rêvait d’être marin… » Goobie entre en scène en costume de marin avec un chapeau melon : »C’est ça qui est bien dans les enterrements, Je suis mort, c’est pas drôle, tu peux faire une croix dessus ! ». Il prend un spectateur dans ses bras et l’embrasse : »Mon Jeannot, ça c’est une pelle ! Sachez qu’on fait une promotion sur les cercueils d’enfants. » (…)  « Je rêvais d’être marin, y a un trou, y a la famille, mais pas le corbillard. Je ne voulais pas être croque mort, je voulais être marin ! Est-ce que vous savez comment on ferme la bouche à un mort qui ne veut pas fermer la bouche ? » (…) « Arriver en retard le jour de mon enterrement ! On dirait que je serais mort, mais je serais un petit peu vivant ! Vous allez leur dire que tout là haut, au fond, y-a un marin.» Goobie  se plonge avec un délice non dissimulé dans cet humour noir qui plonge le public dans l’hilarité. Une cérémonie d’une demi-heure à ne pas manquer.

Edith Rappoport

Square des frères Andrieu square à 10h pastille 77, à 13 h haut du jardin des Carmes pastille 37, à 17 h 15 et 19 h 30 square des Justes, pastille 103.

La Grosse Situation, mise en jeu collective d’Alice Fahrenkrug, Bénédicte Chevallereau et Clovis Chatelain
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Crédit photo : La Grosse Situation

Les trente glorieuses célèbrent la grande distribution, on écrème le nombre d’agriculteurs, la terre est le nerf de la guerre, la déforestation est en marche, c’est l’enterrement de Gaïa notre mère. On enterre la terre. « S’il n’y a plus personne pour manger, qu’est-ce qu’on fait ? ». « Au Concours général agricole, on a le taux le plus élevé de suicides dans le pays ! »

  Un acteur trace le plan d’une ferme sur le dos nu de Clovis Chatelain qui fait le cochon. « Vinci achète des terres, JB, arrête avec ton glyphosate, la propriété privée, c’est mon libre arbitre ! »Une trentaine de paires de bottes sont disposées autour de l’aire de jeu et les comédiens les disposent en présentant le travail des agriculteurs. Un spectacle singulier à ne pas manquer.

E. R.

Rue du Puy Courny à 20 h 45 jusqu’au 24  août.

 

PSE, La Chaloupe,  mise en scène par Sarah Danga

Une performance en l’honneur des cinquante ans de l’Apocalypse ! Deux cyclistes sous une musique céleste, un homme avec des gants de boxe, une femme en manteau de fourrure, trois personnages qui se déshabillent et se serrent la main… Ce déclin émotionnel de l’humanité est conjugué au féminin ! Avec une grande fête capitaliste en hommage à nos ancêtres, à nos morts…

On apporte des fleurs, puis on brandit un drapeau tricolore. «En 2069, aura lieu l’effondrement des systèmes politiques, priorité de chacun, la survie !  La priorité n’est pas la lutte pour la vie, mais l’entraide ! » On lance des fleurs au public. «Nous allons arrêter la pollution, détruire les centrales atomiques du globe jusqu’en 2.023. L’apocalypse est proche ! » On tire un coup de feu sur un participant qui est blessé. Sur le toit d’une voiture, les trois actrices interprètent une chanson célébrant la fin du monde…

E.R.

 

La Mélancolie des dragons, conception,scénographie et mise en scène de Philippe Quesne

Brigitte Enguerand Théâtre du Rond-point

©Br. Enguerand

Festival d’Aurillac

La Mélancolie des Dragons, conception, scénographie et mise en scène de Philippe Quesne 

Repris l’an passé au Théâtre des Amandiers-Nanterre pour célébrer son dixième anniversaire, ce spectacle a été longuement joué en France comme à l’étranger. Nous l’avions vu à sa création. La Mélancolie des Dragons avec beaucoup de texte, est teinté en permanence de musique rock mais aussi de références à l’histoire de l’art classique et contemporain. Dans la lignée des premiers spectacles de Bob Wilson… Avec une évidente primauté donnée à l’image.

Sur le sol d’une clairière couvert de neige et tout autour des arbres sans feuilles, tout  givrés, une vieille petite AX Citroën  à laquelle est accrochée une grande et haute remorque blanche où l’on découvrira des perruques suspendues et qui s’agitent parfois. Pendant dix bonnes minutes, comme un éloge à la lenteur, il ne se passe rien ou si peu. Pas le moindre mot. On devine la présence de quatre personnes aux cheveux très longs dans cette voiture aux vitres sales qui semble être en panne…

Ils mangent en silence des chips et boivent des canettes de Kro… En écoutant, entre autres, des chansons du groupe allemand qu’ils rythment de la tête. Isabelle, une femme d’une cinquantaine d’années, arrive alors et veut les  aider. Les connaît-elle? Peut-être certains d’entre eux… De la remorque sortent alors trois autres jeunes gens et un petit chien. Isabelle qui semble s’y connaître, plonge sous le capot d’où sort alors une épaisse fumée, en retire plusieurs pièces de moteur dont une tête de delco. Diagnostic sans appel; ce delco est mort et Isabelle téléphone à un de ses potes garagistes et lui demande de lui en procurer une neuve d’urgence mais il faudra attendre huit jours…

Ces jeunes gens tout habillés de noir- de vrais et gentils loubards très crédibles  auront donc tout loisir pour refaire le monde et présenter à Isabelle leur projet. D’abord leur remorque qui n’est pas une scène mais plutôt, disent-ils, une « installation ». Isabelle les regarde, à la fois éblouie et un peu méfiante… On ne saura jamais si elle les connaît vraiment, ou pas du tout. Ils lui montrent aussi tous leurs appareils : un appareil à faire des bulles qui l’émerveille, une machine à fumée, un vidéo-projecteur dont il sont très fiers. Commandé par ordinateur, il projette PARC D’ATTRACTION en plusieurs langues, graphismes et couleurs, un titre qui disent-ils, doit pouvoir être visible par tous et attirer le client… On verra ensuite un grand coussin gonflé d’air que ces jeunes gens vont porter à bout de bras en dansant sur un air de musique médiévale. Un petit ballet ridicule à souhait mais aussi -et ce n’est pas incompatible- merveilleusement poétique… A condition d’avoir gardé un peu de son âme d’enfant, on se laisse facilement embarquer par le délire de ces jeunes gens chevelus qui veulent faire la promotion de leur histoire de fous : un parc d’attractions démontable et reproductible…

 Et quand ils se mettent à parler -en fait, c’est bien Philippe Quesne ex-élève en scénographie aux Arts Déco qui s’exprime ici- en se moquant de l’art contemporain: une charge aussi féroce que juste, quand on connaît un peu ce milieu. Et subtile référence à l’art minimal, les jeunes musicos chevelus à la fin du spectacle, gonflent d’air de très imposants oreillers noirs qui viennent se dresser verticalement sur le tapis de neige blanc. La scène théâtrale participe alors d’une formidable installation qui aurait sa place dans un musée d’art actuel… Pierre Soulages, le grand peintre du noir et créateur des nouveaux vitraux de la cathédrale de Conques (il a eu cent ans cette année: l’air de l’Aveyron conserve !) admirerait cet étonnant contraste avec la neige.

Et là on atteint avec ces belles images soutenues par des extraits de musique symphonique, la poésie pure. Entre théâtre presque visuel et arts plastiques, Philippe Quesne a un savoir faire inimitable pour tisser des liens. Il est aussi question d’une  bibliothèque que le groupe met dans la caravane à la disposition du public… Une occasion pour Philippe Quesne de parler d’Antonin Artaud qui séjourna à l’hôpital de Rodez, donc pas très loin d’ici et qui donnera son nom à ce parc d’attraction mobile. On atteint là encore le délire absolu!

Un des garçons montre à Isabelle le catalogue de Mélancolie, la grande et belle exposition (2006) dont Jean Clair était le commissaire au Grand Palais et qui a visiblement beaucoup influencé Philippe Quesne mais aussi des ouvrages consacrés à Caspar David Friedrich et à Dürer. On offre aussi à Isabelle un T-shirt avec une reproduction de L’Hiver de Brueghel en noir et blanc. Comme cela, disent-ils non sans humour: « Tu pourras te fondre dans le paysage. « Il y a aussi un livre pour enfants sur les dragons dont l’auteur essaye d’identifier les différentes espèces de ces animaux. Et dont une reproduction miniature semble être le doudou de ces jeunes gens.

Isabelle a droit à une découverte des éléments du futur par d’attractions, avec des engins bricolés qui évoqueront l’eau avec une petite fontaine ridicule, le feu avec un appareil à fumée, l’air avec un gros ventilateur et la terre… A la fin, on la voit de dos admirant cinq gros coussins noirs remplis d’air, dodelinant sur la neige blanche dans un épais brouillard. Fin de cette belle série d’images savamment concoctée par Philippe Quesne. Dix ans après l’avoir vu,  vos impressions du Vignal ? Les images, mais pas toutes- notre petit disque dur a ses limites- nous nous en souvenons assez bien, même après quelque centaines de spectacles vus depuis. Notamment,  la première émouvante et de toute beauté: cette voiture bloquée dans la neige et la dernière, quand les gros coussins noirs envahisent le plateau, avec Isabelle seule de dos. Sublime de poésie et de force…

Au chapitre des réserves : des problèmes de rythme et parfois quelques longueurs et ruptures de lumière. Sinon, demeure le même enchantement, au sens étymologique du terme, et le public qui  a beaucoup applaudi,  semblait fasciné par cet univers à la fois magique et ancré sur la réalité quotidienne, mais aussi décalé. Et on laissera le mot de la fin à Joséphine Yvon, la très jeune critique stagiaire du Théâtre du Blog : « Un spectacle impossible à dater et qui aurait pu être créé hier ». Bel et lucide hommage à une création d’il y a déjà dix ans…Et très rares sont les spectacles qui atteignent cet âge canonique! Il fait en tout cas partie de l’histoire du théâtre contemporain… Comme le mythique Regard du sourd de Bob Wilson, entrera-t-il un jour dans cinquante ans au répertoire de la Comédie-Française?Après tout pourquoi pas?

Philippe du Vignal

Théâtre d’Aurillac jusqu’au 24  août.

 

Apatrides par la compagnie des Laborateurs

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Festival d’Aurillac:

Apatrides par la compagnie des Laborateurs

Une création collective en cours d’élaboration avec onze jeunes acteurs qui se relaient pour raconter l’histoire des Atrides …Une voiture arrive, trois filles et un garçon sac au dos  en sortent et l’’un d’eux se présente comme Oreste et va jusqu’au cimetière pour retrouver Electre mais il tombe sur Egisthe, l’amant de sa mère, la reine Clytemnestre qui appelle alors les Erynies, ces déesse maléfiques. Et Oreste sera condamné à l’exil. « Si je n’entre pas dans la ville, pas de matricide mais alors je ne venge pas mon père ! »

Ils se disputent, prennent des accessoires dans leur sac à dos, puis jouent le retour d’Agamemnon, victorieux après dix ans de guerre. La reine et le roi sont dans la voiture mais lui en tombe…  On le retrouve avec Cassandre qui parle en anglais. Le Roi debout sur la voiture avec une guitare lui promet tout : «Cassandre, mon cœur est à toi !» Clytemnestre sera tuée par Oreste. « La déclaration de guerre, tu l’as vue ? Il faut des papiers ! » 

On cherche vainement des certificats médicaux dans la tente. Atrée présente Thyeste en train de manger ses enfants. Il bannit ce frère. Oreste demande ses papiers : « Je pourrais faire une demande d’asile  comme citoyen de nulle part ! » Tout se joue autour de la voiture qui repart, chargée à bloc. Nous nous perdons agréablement dans cette errance sur la mythologie grecque et nous reviennent alors des souvenirs du groupe de  Théâtre Antique de la Sorbonne créé par Roland Barthes avant la seconde guerre mondiale et qu’ont fréquenté alors nombre de futurs gens de théâtre comme Lucien Attoun, Jean-Pierre Miquel, Jacques Livchine, Philippe du Vignal… Il faut saluer le savoir-faire et l’énergie ludique de cette jeune troupe de Toulouse qui sait qu’elle doit encore remettre le fer à l’ouvrage.

Edith Rappoport

Spectacle vu le 22 août à Aurillac. laborateurs@gmail.com. T.: 06 89 20 39 05.

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