Prométhée enchaîné d’Eschyle, mise en scène de Stavros Tsakiris

Prométhée enchaîné d’Eschyle, traduction en grec moderne de Dimitris Dimitriadis, mise en scène de Stavros Tsakiris

4F08FDCB-CD45-40D8-A114-335372F1DC91Dans le monde d’Eschyle, les Dieux commandent et sont arbitres souverains; leur toute-puissance n’a pas de limites et peut intervenir en bien ou en mal, et à chaque instant. Et, indéfiniment, Eschyle s’efforce de comprendre et d’interpréter cette toute-puissance en termes de faute et de châtiment.
Mais dans cette tragédie, la puissance de Zeus n’a rien à voir avec la justice et semble tyrannique  et on dirait même à certains égards que c’est un réquisitoire d’Eschyle contre la divinité. Il fait du Titan un héros: selon la tradition, il avait dupé Zeus et lui avait dérobé le feu, tous les arts et toutes les sciences, pour les donner généreusement aux hommes.

En châtiment, le jeune maître de l’Olympe, Zeus le fait clouer sur un rocher, loin de tous. Ce Prométhée est une victime dont ont pitié  le chœur des Océanides  et Eschyle n’a pas hésité à introduire une autre victime, Io, une jeune fille changée en génisse et poursuivie de continent en continent, par une colère qu’elle n’a rien fait pour mériter. Entre ces deux victimes, il n’y a aucune place pour la justice divine…

Cette célèbre pièce a servi de source aux poètes qui ont voulu chanter la révolte de l’homme maltraité par les dieux. Stavros Tsakiris crée ici un spectacle imposant et, tout en renforçant le rituel et le sacré, il favorise la métonymie et le symbole. L’installation scénique de Kostas Varotsos,  une sorte de «théâtre dans le théâtre» fait écho au caractère grandiose et au mysticisme  des costumes et masques de Yannis Metzikof. Chaque élément, chaque objet ou chaque geste -enseigné par Marcello Magni- contribue à la clarification d’un signe ou d’une idée du texte d’Eschyle.

Comme, par exemple,  les livres que le Chœur secoue renvoyant à la valeur de la Connaissance, à l’ouverture des horizons d’un esprit critique et aux combats pour la liberté de l’Homme dans une société pleine d’interdits. Enchaînée à de longues cordes, Kathryn Hunter incarne Prométhée. Elle donne l’impression de compléter, de prolonger l’espace dont elle dispose. Le corps souffrant et mutilé de Prométhée représente aussi le corps politique régénéré… Tous les comédiens et en particulier, le Narrateur (Nikitas Tsakiroglou) et le Chœur, ont  une présence remarquable. Entre socio-sémiotique et anthropologie culturelle, la version de Tsakiris doit sa force à ce mélange intime de fictionnel et d’authentique, d’historique et d’individuel, de représentation et de performance…

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Spectacle vu au Théâtre Hérode Atticus le 30 août, festival d’Athènes et Epidaure.
Tournée en Grèce jusqu’ à 7 septembre .


Archive pour 1 septembre, 2019

Prométhée enchaîné d’Eschyle, mise en scène de Stavros Tsakiris

Prométhée enchaîné d’Eschyle, traduction en grec moderne de Dimitris Dimitriadis, mise en scène de Stavros Tsakiris

4F08FDCB-CD45-40D8-A114-335372F1DC91Dans le monde d’Eschyle, les Dieux commandent et sont arbitres souverains; leur toute-puissance n’a pas de limites et peut intervenir en bien ou en mal, et à chaque instant. Et, indéfiniment, Eschyle s’efforce de comprendre et d’interpréter cette toute-puissance en termes de faute et de châtiment.
Mais dans cette tragédie, la puissance de Zeus n’a rien à voir avec la justice et semble tyrannique  et on dirait même à certains égards que c’est un réquisitoire d’Eschyle contre la divinité. Il fait du Titan un héros: selon la tradition, il avait dupé Zeus et lui avait dérobé le feu, tous les arts et toutes les sciences, pour les donner généreusement aux hommes.

En châtiment, le jeune maître de l’Olympe, Zeus le fait clouer sur un rocher, loin de tous. Ce Prométhée est une victime dont ont pitié  le chœur des Océanides  et Eschyle n’a pas hésité à introduire une autre victime, Io, une jeune fille changée en génisse et poursuivie de continent en continent, par une colère qu’elle n’a rien fait pour mériter. Entre ces deux victimes, il n’y a aucune place pour la justice divine…

Cette célèbre pièce a servi de source aux poètes qui ont voulu chanter la révolte de l’homme maltraité par les dieux. Stavros Tsakiris crée ici un spectacle imposant et, tout en renforçant le rituel et le sacré, il favorise la métonymie et le symbole. L’installation scénique de Kostas Varotsos,  une sorte de «théâtre dans le théâtre» fait écho au caractère grandiose et au mysticisme  des costumes et masques de Yannis Metzikof. Chaque élément, chaque objet ou chaque geste -enseigné par Marcello Magni- contribue à la clarification d’un signe ou d’une idée du texte d’Eschyle.

Comme, par exemple,  les livres que le Chœur secoue renvoyant à la valeur de la Connaissance, à l’ouverture des horizons d’un esprit critique et aux combats pour la liberté de l’Homme dans une société pleine d’interdits. Enchaînée à de longues cordes, Kathryn Hunter incarne Prométhée. Elle donne l’impression de compléter, de prolonger l’espace dont elle dispose. Le corps souffrant et mutilé de Prométhée représente aussi le corps politique régénéré… Tous les comédiens et en particulier, le Narrateur (Nikitas Tsakiroglou) et le Chœur, ont  une présence remarquable. Entre socio-sémiotique et anthropologie culturelle, la version de Tsakiris doit sa force à ce mélange intime de fictionnel et d’authentique, d’historique et d’individuel, de représentation et de performance…

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Spectacle vu au Théâtre Hérode Atticus le 30 août, festival d’Athènes et Epidaure.
Tournée en Grèce jusqu’ à 7 septembre .

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...