Macbeth The Notes d’après William Shakespeare, écriture et mise en scène de Dan Jemmett et David Ayala

Macbeth The Notes, d’après William Shakespeare, écriture et mise en scène de Dan Jemmett et David Ayala

704DAEB2-D7DC-4AE1-B006-8FE5A354C5C6Créée 2014, cet étrange solo est magistralement interprété par le massif David Ayala qui se promène étrangement dans les reliefs de Shakespeare avec une certaine volupté et beaucoup de sueur. C’est une sorte de performance où son auteur veut retracer la fabrication d’une mise en scène. Après l’avant-première, il comprend que sa création n’est pas aboutie. Mais il y a urgence et il reprend ses notes. Doutes et craintes, tensions entre ses acteurs et lui…

« Au commencement, dit-il, il n’y avait pas de texte, seulement des improvisations sur le thème de la création d’un spectacle. Nous souhaitions montrer à tous ce qui n’est pas visible, l’envers du décor et laisser ainsi le public pénétrer les secrets de la création artistique. Cela a donné naissance à un véritable objet théâtral qui ne cesse de nous étonner, de nous dépasser malgré ses cinq années de tournée. Comment peut-on mettre en scène et rendre toute la démesure de ce «récit plein de bruit et de fureur, raconté par un idiot, et puis qu’à un moment, on n’entend plus et qui ne signifie rien. »

Dan Jemmett, coadaptateur et metteur en scène, a une belle complicité avec son comédien: « Dans ce spectacle, l’espace vide de la scène est idéal pour susciter un échange entre acteurs, techniciens, équipe artistique et metteur en scène. Ce dernier est à la fois exaspéré, inspiré, perdu et vulnérable quand  il commente ses propres notes. Habité par les principes avant-gardistes d’un théâtre de la « distorsion », il cite le génie de son créateur vidéo, l’allemand Rainer, tout comme il fustige et encense Jean-Marc, l’acteur principal, issu de téléfilms et autres talk-shows célèbres. »

Ce solo nous plonge dans les souvenirs de nombreuses mises en scène de cette pièce réputée maudite (voir Le Théâtre du Blog) et on ne décroche pas un instant pendant cette curieuse représentation où passent tant de personnages…

Edith Rappoport

Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris (VI ème) jusqu’au 13 octobre. T. : 01 45 44 57 34.


Archive pour 2 septembre, 2019

Huckleberry Finn, d’après le roman de Mark Twain, mise en scène d’Hélène Cohen

Huckleberry Finn, d’après le roman de Mark Twain, adaptation de Didier Bailly et Hélène Cohen, musiques de Didier Bailly, paroles des chansons d’Eric Chantelauze, mise en scène d’Hélène Cohen

 

© Philippe Escalier

© Philippe Escalier

L’un, enfant battu fuyant les coups d’un père ivrogne et le puritanisme de Miss Watson: «Chez Miss Watson, j’étais comme un poisson au bout d’un hameçon » , l’autre, esclave en cavale.  Huck, « enfant sauvage qui n’a jamais connu sa mère, élevé dans le ruisseau par un père débauché » et Jim, en passe d’être revendu par sa maîtresse donc séparé de sa famille. Embarqués sur un même radeau, ils descendent le Mississipi. Au bout du voyage, la liberté… mais ce ne sera pas de tout repos.

Faire entrer le vaste fleuve, ses tempêtes et brouillards, ses maisons flottantes et les multiples personnages de Mark Twain sur une petite scène et transformer ce roman politiquement incorrect surtout pour l’époque (1884) et souvent  édulcoré dans ses adaptations, en une comédie musicale impertinente, cela tenait du défi. Défi relevé avec panache par Hélène Cohen et ses trois comédiens-chanteurs…

 Mark Twain (1835-1910) ancre son œuvre dans le Sud des États-Unis où il a grandi. Il dit avoir emprunté son nom de plume à un vieux terme de navigation fluviale : « marque deux !» (brasses)  quand il était apprenti-pilote sur le Mississipi et  qu’il recueille les éléments de ses fameux récits. Œuvres marquées aussi par la Guerre de Sécession (1861-1865) où il choisit le camp nordiste et devient journaliste. Tom Sawyer (1876) le révèlera au grand public. Moins autobiographique, Les Aventures d’Huckleberry Finn tient du roman d’aventure et du voyage initiatique: en route, Huckleberry va remettre en cause l’esclavage et Jim s’affranchira moralement de sa condition…

Aspect que privilégie cette adaptation simple et dense qui respecte la teneur littéraire de l’original et ses effets de langue, notamment les parlers savoureux des personnages. Les clins d’œil au public, dans le droit fil de l’humour bonimenteur de l’écrivain, n’ont rien de gênant. La scénographie de Sandrine Lamblin fait dans la simplicité: quelques planches assemblées et une perche, de discrètes projections vidéo sur le cadre de scène les lumières élaborés de Laurent Béal et des déplacements des comédiens pour figurer l’espace de cette odyssée fluviale vers les « territoires libres ». «On se cache le jour, on navigue la nuit» : une épopée semée d’embûches que fait surgir un troisième larron, un maître de cérémonie qui endosse tous les rôles et anime de petites figurines subsidiaires joliment façonnées.

La scénographe a aussi utilisé la profondeur du plateau pour figurer un hors-champ dangereux quand les aventuriers quittent leur embarcation. Un voile de tulle devient brouillard dans la fumée d’une cigarette et une grosse araignée, une petite cabane ou encore un serpent maléfique surgissent pour alimenter le récit. Sur la petite scène, Morgane L’Hostis incarne Huckleberry avec grâce et une souplesse acrobatique: impertinente à souhait, elle chante avec conviction et fait la paire avec Jim (Joël O’Cangha). Chanteur lyrique, il a débuté à l’Opéra de la Havane, avant de rejoindre celui de Graz en Autriche, puis de nombreuses productions en France. Il se plie sans afféterie aux différents styles du compositeur Didier Bailly dont les musiques empruntent à différents registres et osent quelques citations : de la soul music à la comédie musicale de Broadway. Excellent comédien, il a une jeu toujours sur la réserve qui contraste avec la présence imposante d’Alain Payen,  maître de cérémonie parfait en bateleur un rien cabotin.

 Cette comédie musicale, modeste mais bien agencée et montée avec intelligence, séduit un nombreux public depuis juin. Elle doit céder la place à une nouvelle production maison: traditionnellement en fin de soirée et après les indéboulonnables La Cantatrice Chauve et La Leçon, (soixante-deuxième année!), ce théâtre présente un spectacle musical. A suivre donc…

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 7 septembre, Théâtre de la Huchette,  23 rue de la Huchette, Paris (Vème). T. : 01 43 26 38 99.

 

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