Les Carnets d’Albert Camus, mise en scène de Stéphane Olivié Bisson et Bruno Putzulu

Les Carnets d’Albert Camus, adaptation de Stéphane Olivié Bisson, mise en scène de  Stéphane Olivié Bisson et Bruno Putzulu

Cette sorte de journal intime a été écrit pendant vingt quatre ans, soit entre mai 1935- il avait seulement vingt et un ans, jusqu’en décembre 1959- l’année de sa mort dans un accident de voiture près de Fontainebleau-le récent prix Nobel avait quarante neuf ans!  Ils furent ensuite publiés d’abord par sa femme puis par sa fille Catherine. C’est un des aspects pourtant passionnants mais assez mal connus de l’œuvre très riche d’Albert Camus.

«Après cette expérience extraordinairement marquante de ces quatre années de tournée, tant en France qu’à l’étranger, de la version primitive (…), celle de 1941 de notre Caligula, créé à Paris à L’Athénée-Louis Jouvet en 2010 (voir Le Théâtre du Blog) que j’ai mis en scène avec Bruno Putzulu dans le rôle-titre), j’ai décidé de poursuivre en solitaire mon chemin avec Albert Camus en visitant ses carnets : vingt-quatre années de la vie d’un écrivain et l’exacte moitié de sa vie d’homme consigné presque innocemment dans neuf cahiers bleus d’écolier. »

On y découvre un Albert Camus, souvent seul, curieux de tout et  qui parle avec émotion et tendresse : Tipasa en Algérie, la mort, sa famille… Il nous fait part aussi de ses angoisses et colères et on sent chez lui un homme qui croit profondément à la force et au pouvoir de l’écriture. Notamment sur le plan social : « Chaque fois que j’entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des année de n’entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s’en accommodent, que la colère du peuple n’ait pas encore brisé les fantoches, j’y vois la preuve que les hommes n’accordent aucune importance à leur gouvernement et qu’ils jouent, vraiment oui, qu’ils jouent avec toute une partie de leur vie et de leurs intérêts soi-disant vitaux.”

 Il y a souvent dans le langage de ces Carnets, une force incroyable du langage mais voilà, même si ce solo est depuis longtemps rodé après quatre ans de tournée, la mise en scène comme la direction d’acteurs ne sont pas tout à fait au rendez-vous. On se demande ce que vient faire ici un beau tapis rectangulaire de gros gravier blanc et fortement éclairé qui encombre le centre du plateau, et côté cour, un écran où sont projetées, de temps à autre et de façon très illustrative, des photos en noir et blanc…

Stéphane Olivié Bisson est en constant déplacement et semble fuir le regard du public, très proche de lui. Malgré un bon début,  sans doute à cause de cette agitation permanente, les choses s’enlisent rapidement et on a du mal à ne pas décrocher pendant ces soixante-dix minutes. Carnets, journaux intimes, correspondances… ont beaucoup servi pour des solos mais avec des bonheurs variés… Ici, visiblement la direction de l’acteur souffre d’un manque évident : dans ce genre difficile, on ne se gère pas bien soi-même… Dommage et sans doute vaut-il mieux relire ces beaux Carnets…  

Philippe du Vignal

Jusqu’au 6 octobre, Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris (VI ème). T. : 01 45 44 57 34.

 


Archive pour 9 septembre, 2019

Les Carnets d’Albert Camus, mise en scène de Stéphane Olivié Bisson et Bruno Putzulu

Les Carnets d’Albert Camus, adaptation de Stéphane Olivié Bisson, mise en scène de  Stéphane Olivié Bisson et Bruno Putzulu

Cette sorte de journal intime a été écrit pendant vingt quatre ans, soit entre mai 1935- il avait seulement vingt et un ans, jusqu’en décembre 1959- l’année de sa mort dans un accident de voiture près de Fontainebleau-le récent prix Nobel avait quarante neuf ans!  Ils furent ensuite publiés d’abord par sa femme puis par sa fille Catherine. C’est un des aspects pourtant passionnants mais assez mal connus de l’œuvre très riche d’Albert Camus.

«Après cette expérience extraordinairement marquante de ces quatre années de tournée, tant en France qu’à l’étranger, de la version primitive (…), celle de 1941 de notre Caligula, créé à Paris à L’Athénée-Louis Jouvet en 2010 (voir Le Théâtre du Blog) que j’ai mis en scène avec Bruno Putzulu dans le rôle-titre), j’ai décidé de poursuivre en solitaire mon chemin avec Albert Camus en visitant ses carnets : vingt-quatre années de la vie d’un écrivain et l’exacte moitié de sa vie d’homme consigné presque innocemment dans neuf cahiers bleus d’écolier. »

On y découvre un Albert Camus, souvent seul, curieux de tout et  qui parle avec émotion et tendresse : Tipasa en Algérie, la mort, sa famille… Il nous fait part aussi de ses angoisses et colères et on sent chez lui un homme qui croit profondément à la force et au pouvoir de l’écriture. Notamment sur le plan social : « Chaque fois que j’entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des année de n’entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s’en accommodent, que la colère du peuple n’ait pas encore brisé les fantoches, j’y vois la preuve que les hommes n’accordent aucune importance à leur gouvernement et qu’ils jouent, vraiment oui, qu’ils jouent avec toute une partie de leur vie et de leurs intérêts soi-disant vitaux.”

 Il y a souvent dans le langage de ces Carnets, une force incroyable du langage mais voilà, même si ce solo est depuis longtemps rodé après quatre ans de tournée, la mise en scène comme la direction d’acteurs ne sont pas tout à fait au rendez-vous. On se demande ce que vient faire ici un beau tapis rectangulaire de gros gravier blanc et fortement éclairé qui encombre le centre du plateau, et côté cour, un écran où sont projetées, de temps à autre et de façon très illustrative, des photos en noir et blanc…

Stéphane Olivié Bisson est en constant déplacement et semble fuir le regard du public, très proche de lui. Malgré un bon début,  sans doute à cause de cette agitation permanente, les choses s’enlisent rapidement et on a du mal à ne pas décrocher pendant ces soixante-dix minutes. Carnets, journaux intimes, correspondances… ont beaucoup servi pour des solos mais avec des bonheurs variés… Ici, visiblement la direction de l’acteur souffre d’un manque évident : dans ce genre difficile, on ne se gère pas bien soi-même… Dommage et sans doute vaut-il mieux relire ces beaux Carnets…  

Philippe du Vignal

Jusqu’au 6 octobre, Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris (VI ème). T. : 01 45 44 57 34.

 

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