Festival EXTRA ! Au Centre Georges Pompidou

 Festival EXTRA ! Au Centre Georges Pompidou

affiche_festival_extra2019-1 Descendre au Forum-1, alors que tout s’agite dans les étages pour le vernissage de l’exposition Francis Bacon, est-ce faire un pas de côté  et tourner le dos à l’un des événements artistiques majeurs de la rentrée ? Bien au contraire : pour Jean-Max Colard, créateur de ce festival, il s’agit d’inscrire la manifestation littéraire qu’il a créée en 2017, dans une forme d’échanges avec l’ensemble des départements du Centre Georges Pompidou et en particulier avec la BPI. Il rappelle au passage le dialogue constant entre  peintres, plasticiens, performeurs, et la littérature sous toutes ses formes.
 
Quand on l’interroge sur la nécessité de présenter un programme sur quatre jours, consacré aux formes littéraires éclatées qui vont du jeu interactif à l’émission de radio, en passant par des propositions purement visuelles ou sonores, Jean-Max Colard s’appuie sur la présence croissante des écrivains et poètes dans la sphère de la performance. Ce qui l’incite à offrir la plus large visibilité à l’ensemble des formes  prises aujourd’hui par cette littérature, qu’il appelle « debout », à rebours de la littérature dite couchée qu’on trouve dans les librairies.

Le discours semble bien rôdé et il s’appuie sur l’apparition de nouveaux « espaces littéraires » tel que Youtube rassemblant dans un même espace auteur/lecteur/critique. Pour autant le suivi de la première journée invite à réfléchir à ces concepts. Elle débute par une mystérieuse et assez magique pièce sonore des Hyper Poems de Stefan Brüggemann, scandée par Iggy Pop mais l’après-midi s’enlise avec Agence de notation… Invités à commenter l’espace du bureau du président du Centre Georges Pompidou, quatre personnes y vont de leurs analyses architecturales, psychologiques, etc. Sans intérêt littéraire, sans créativité langagière ni même conceptuelle, l’exercice fatigue les spectateurs qui partent tranquillement visiter les propositions in situ des alentours.

La belle surprise vient de la Boîte noire de Tanguy Viel. Son diaporama, repris d’une conférence qu’il avait créée pour l’I.M.E.C., emporte le spectateur dans les différents états préalables à l’écriture. En douze minutes et autant d’images, la plupart des vidéogrammes tirés de films très reconnaissables, il tente de situer l’état de l’écrivain dans « la pensée d’avant les livres : une plaine à peine bordée, à peine clôturée, flottant parmi les terres vierges ». Ecrire, ou « s’arracher à la vapeur impalpable de l’imagination »… Comme métaphore de l’écriture qui « vient clore mille possibles », il propose le geste du golfeur, précis et ajusté, car issu d’une myriade de possibilités éliminées.

La proposition de jeu interactif, intitulée Mmmh (pour Musée Maison Michel Houellebecq), invite le visiteur à se munir d’un casque et à choisir entre toutes sortes de propositions alternatives. Un peu étourdi par les décisions à prendre, le marcheur se demande pourquoi avoir évacué la littérature de ce jeu ? L’affaire est ludique certes mais, sans faire offense à ses créateurs, pas tout à fait à la hauteur de cet écrivain. Toutes ces   »pratiques littéraires hétérogènes », revendiquées par Jean-Max Colard, n’excluent apparemment pas le traditionnel plateau d’écrivains de la sacro-sainte rentrée littéraire (en l’occurrence Jean-Philippe Toussaint et Theo Casciani). La direction de la rencontre, exercée par la revue Transfuge, laisse heureusement une large place au dialogue entre les deux hommes qui se connaissent parfaitement. Réunis, entre autres, par la Belgique et leur travail avec des plasticiens, leurs univers respectifs s’élargissent à la vidéo, au théâtre, à l’internet. Toutes façons de « sortir du livre ». Pour autant, on a envie de se jeter sur la table de vente où se trouvent La Clé USB et Rétine)…

La première journée s’écoule ainsi de 16 h à 21h, en autant de moments précieux que de déceptions. Il faut donc avoir eu la patience d’attendre Florence Dupont, invitée de Radio Brouhaha, exercer sa libre parole sur les classiques grecs et latins. Et d’écouter en fin de journée le poète Patrick Bouvet lire/dire des extraits de Direct, qu’il écrivit en hommage aux évènements du 11 septembre. D’autres rendez-vous se déroulent en parallèle dans la Petite salle, que l’on n’a pas pu voir. Avec Textodrome, l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster y fait l’événement avec un programme, en continu, de films-textes, rencontres… En invitant les étudiants des Masters de création littéraire du Havre et de Paris-8, ainsi que des collectifs militants (par exemple RER Q), EXTRA ! ouvre ses micros à de jeunes perforateurs sans crainte de se laisser déborder par les prises de position parfois très provocatrices de ces jeunes gens. Jean-Max Colard laisse ainsi circuler et jouer entre eux (ou pas) toutes ces formes d’écritures contemporaines. 

 

©Hervé Veronese Centre Pompidou-

©Hervé Veronese Centre Pompidou

La journée s’est clôturée par l’annonce des prix littéraires Bernard Heidsieck/Centre Georges Pompidou 2019. Créateur de la poésie-action, l’écrivain, mort il y a quatre ans, a donné son nom à ce prix qui récompense les auteurs de formes multiples de création littéraire (poésie sonore, performance, film-poème, création radiophonique, etc). Cette année, le prix a été attribué à Cia Rinne, poète et documentariste qui vit et travaille à Berlin. Le Prix d’honneur, attribué à un artiste pour l’ensemble de son œuvre, l’a été à Clemente Padin, poète expérimental urugayen. Une mention spéciale de la Fondazione Bonotto, mécène du prix, est allée à Franz Mon, pionnier de la poésie concrète et sonore en Allemagne.

Cette édition 2019 sort des murs du Centre Georges Pompidou pour quelques rendez-vous plus qu’intéressants, organisés avec la Maison de la Poésie, le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, le Centre Wallonie-Bruxelles… La programmation se poursuit donc jusqu’à dimanche 15 septembre. A chacun de faire son parcours, d’éviter s’il le peut les propositions-gadgets et de rester à l’écoute de cette littérature orale, sonore (et parfois très peu littéraire, il faut bien le dire)… Mais la poésie d’une découverte imprévue mérite de flâner dans EXTRA !

 Marie-Agnès Sevestre

Du 11 au 15 septembre, Centre Georges Pompidou, Paris

A ne pas manquer, jusqu’au dimanche 15 septembre :

Text Pieces read by Iggy Pop (tous les jours à 16h) au Forum-1

Boîte noire de Tanguy Viel (en continu tous les jours) au Forum-1

Cristal automatique, concert littéraire de Babx, samedi 14 septembre à 20h, à la Maison de la Poésie, 157 rue Saint-Martin 75003 Paris

Une histoire d’amour et de ténèbres, lecture musicale en hommage à Amos Oz, , dimanche 15 septembre à 17h, à l’auditorium du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, 71 rue du Temple 75003 Paris

A lire :

Direct de Patrick Bouvet, éditions de L’Olivier.

Rétine de Theo Casciani chez P.O.L.

La clé USB de Jean-Philippe Toussaint (éditions de Minuit)

 


Archive pour 12 septembre, 2019

Festival le Temps d’aimer la danse Offprojects chorégraphie d’Amos Ben-Tal

Festival le Temps d’aimer la danse

 
Offprojects chorégraphie d’Amos Ben-Tal
 

©Stéphane Bellocq

©Stéphane Bellocq

Ce festival, que nous suivons depuis plusieurs années,  donne une visibilité à de jeunes chorégraphes et en a ainsi découvert plus d’un désormais célèbre, comme Martin Harriague, programmé cette année, ( voir Le Théâtre du Blog)
 
Né à Haïfa, Amos Ben-Tal,  quarante ans, de nationalité israélo-néerlandaise, est passé par le National Ballet School de Toronto puis a rejoint le Nederlansd Dans Theater jusqu’en 2006. Depuis cette date, il a créé plusieurs pièces pour Korzo Productions, une maison de production à La Haye accueillant des résidences et proposant de nombreux spectacles de danse.
 
A sa chorégraphie, il ajoute ici son propre texte et sa création musicale. Offprojects peut se résumer à un éloge de la lenteur dans les solos ; par contraste, les mouvements de groupe sont d’une remarquable vivacité, avec des interactions entre les cinq danseurs d’une grande beauté. La pièce s’appuie sur d’excellents  interprètes provenant de grandes troupes de danse contemporaine comme le Nederlands Dans Theater et La Batsheva.
 
Malgré quelques longueurs, ce spectacle d’une heure parfaitement réalisé, nous a séduits. «Qu’est-ce que la danse ? dit Thierry Malandain. Du mouvement. Qu’est-ce que le mouvement ? L’expression d’une sensation. Qu’est-ce qu’une sensation ? Le résultat que produit sur le corps humain une impression ou une idée que perçoit l’esprit. » Le large spectre des réalisations programmées par le directeur artistique de ce festival permet donc au grand  public de découvrir toutes les formes de danse.

Jean Couturier
 
Spectacle vu au Théâtre du Casino; 1 avenue Edouard VII, Biarritz ( Pyrénées Atlantiques), le 8 septembre.

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