Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes: Dogugaeshi de Basil Twist (à partir de dix ans) ,
Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes à Charleville-Mézières
Dogugaeshi de Basil Twist (à partir de dix ans)
Natif de San-Francisco, cet artiste a adopté New-York City. Son grand-père était marionnettiste et, en héritier spirituel, il a continué loin sur cette même voie. C’est sa troisième participation à ce festival mondial et il en assure même le fameux fil rouge. Diplômé de l’Ecole Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette en 1993, il crée la même année à Charleville-Mézières, The Araneidae Show, un spectacle magnifique. Et en 1998 à New-York, Symphonie fantastique, une mise en mouvement et en couleurs de l’œuvre d’Hector Berlioz qui, reprise ici il y a deux ans, reçut un bel accueil… On pourra voir le film tiré de ce ballet aquatique à Charleville-Mézières, les 23 et 24 septembre.
Il y aussi cette année, comme une fenêtre sur son travail, une exposition de photos et trois films dont Arias with a Twist : the Docufantasy, un documentaire sur la collaboration artistique exceptionnelle entre Basil Twist et Joey Arias, un performeur queer new-yorkais. En 1997, l’artiste découvre le spectacle d’une compagnie de marionnettes japonaise. Coup de foudre: il s’intéresse alors à l’art de la marionnette dans ce pays et crée alors Dogugaeshi dont on apprécie toute la finesse de construction. Le dogugaeshi est une pratique nipponne ancestrale avec des changements de décor qui font de la scène, un espace en constante transformation pour représenter des histoires de princesses, samouraïs et bêtes imaginaires. C’est l’art d’utiliser des écrans peints qui, en s’ouvrant et en se fermant, révèlent une rapide succession d’images. Et le public a la sensation de pénétrer dans une véritable galerie des glaces, un espace inaccessible qui, toujours, s’éloigne plus loin de notre regard, selon un jeu de perspectives.
Après quatre mois passés là-bas à rencontrer les derniers gardiens de cet art, Basil Twist a inventé, avec un académisme rigoureux, un spectacle visuel où le décor animé est comme un personnage à part, en retraçant un voyage intime. Un voyage abstrait certes mais spectaculaire au pays du Soleil Levant, entre fantaisie et cauchemar. Ici, tradition et technique contemporaine se soutiennent. Avec des visions successives éblouissantes à n’en plus finir, se réduisant et se miniaturisant au fil des châssis qui apparaissent, s’ouvrent et se ferment en claquant sèchement, au rythme de la musique écrite pour un shamisen traditionnel par le maître Yumiko Tanaka. Le cadre du lointain laisse apparaître, par une ouverture lumineuse minuscule, un ciel bleu, un espace imaginaire de songe, de salut et de respiration symbolique.
C’est une invitation à découvrir un art ancestral dans une réalisation fondée à la fois sur des moyens traditionnels et des techniques contemporaines comme la vidéo. Accompagnent le spectacle des musiques occidentales et de shamisen. Un voyage captivant et dépaysant qui emporte le public dans un rêve…
Véronique Hotte
Spectacle joué à Charleville-Mézières (Ardennes), les 21 et 22 septembre.